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Silence, on veut incidenter!

Mar 20, 2012

Ambassade de Guinée en Côte d’Ivoire: Un chargé d’affaires en présence de l’Ambassadeur. Tout est parti d’un article sorti dans la presse et intitulé: «Cacophonie dans la diplomatie: l’ambassadeur de Guinée en Côte d’Ivoire interdit d’accès à la chancellerie». Cet article va pousser à la réaction au niveau du département chargé de la diplomatie guinéenne.

En effet, dans cet article, il est notamment écrit que «L’ambassadeur de Guinée en poste à Abidjan, Mme Diaby née Makhissa Camara est interdit d’accès à la chancellerie guinéenne de Côte d’Ivoire» et que «selon certaines sources, cela fait un peu plus de deux semaines que l’ambassadeur n’a pas mis les pieds dans l’immeuble Crosson Duplessis [qui abrite les locaux de la chancellerie guinéenne, situé dans le quartier chic du Plateau à Abidjan, ndlr]».

Guineenews étaye ses affirmations par une interview qui lui aurait été accordée par madame l’ambassadeur qui reconnait: «Effectivement, cela fait près de trois semaines que je suis à la maison. C’est Mme Yansané Maïmouna, chargée d’Affaires à l’ambassade qui m’a notifiée que je ne dois plus mettre les pieds à la chancellerie. Elle a même changé les cadenas de la grille de la chancellerie. Elle dit que la décision est venue de Conakry. Au moment où je vous parle, elle est, au nom de la Guinée, à Yamoussoukro où on procède à l’élection du président de l’Assemblée nationale. Pourtant, je n’ai pas encore fait mes adieux au chef de l’État ivoirien. Actuellement, la Guinée a deux ambassadeurs en Côte d’Ivoire. Les autres ambassadeurs se moquent même de moi. Pour éviter qu’on s’offre en spectacle, je suis pour le moment à la maison. Elle cherche même à me retirer mon véhicule de fonction».

Notre confrère de préciser d’autre part: «Aussitôt la conversation terminée avec Mme Diaby, la rédaction a tenté de joindre Mme Yansané. Malheureusement, elle était hors réseau. Or, quelques jours plutôt, interrogé au sujet de cette affaire lors du séminaire gouvernemental qui s’est tenu à Kondéya [Kindia, ndlr], Dr Edouard Niankoye Lamah, Ministre des Affaires étrangères a répondu à l'envoyé spécial : "Je ne suis pas au courant de cette affaire. On ne peut pas lui interdire d’avoir accès à l’ambassade. Peut-être que c’est elle qui ne veut pas partir au travail"»

Quelques jours plus tard après la parution de cet article, le Ministère des Affaires étrangères va réagir en ces termes: «C’est avec stupéfaction que nous avons lu dans les colonnes de ce quotidien respectable, l’article intitulé Exclusif-cacophonie dans la diplomatie : l’ambassadeur de Guinée en Côte d’Ivoire interdit d’accès à la chancellerie qui relate des propos tenus par Madame Makhissa Camara, ambassadeur de notre pays à Abidjan, rappelée depuis plus d’un an au même titre que d’autres diplomates guinéens qui ont déjà rejoint Conakry. Des propos aux antipodes de toute attitude de retenue de la part d’un vrai diplomate qui plus est, quand ça l’arrange, prétend vouloir agir comme l’indiquent les conventions de Vienne qui régentent la fonction diplomatique.

En fait que se passe-t-il à la mission diplomatique de Guinée en Côte d’Ivoire et au sujet de Madame Makhissa Camara à Abidjan?

Rappelée par décret présidentiel, il a été officiellement notifié à Madame Makhissa Camara que sa mission d’ambassadeur de Guinée est terminée dans ce pays et il lui a été demandé dans un courrier régulier N°037/MAEGE/CAB/DA/SL/2012 du 16 février dernier, de passer service à la deuxième personnalité de cette ambassade qui doit assumer les fonctions de chargé d’affaires, en attendant la nomination d’un nouvel ambassadeur guinéen en Côte d’Ivoire. C’est cela aussi la pratique diplomatique.»

Face à cette regrettable situation qui tend à perdurer, des compatriotes guinéens ont pris leur responsabilité pour fustiger pareil comportement qui n’honore guère notre pays. C’était à la faveur d’une conférence de presse. Voici le compte-rendu de nos confrères du quotidien ivoirien "L’Intelligent d’Abidjan" :

«M. Keita N’Fa Moussa, Conseiller du Directeur de campagne du Président Alpha Condé en Côte d’Ivoire et Président du Mouvement de soutien aux actions de Dadis Camara, n’est pas du tout content des autorités politiques de son pays.

Au cours d’une conférence de presse le samedi 17 mars à Marcory, lui et Sékou Touré, Président des étudiants guinéens en Côte d’Ivoire, ont dénoncé une tentative de déstabilisation de S.E. Mme Makhissa Camara, Ambassadeur de Guinée en Côte d'Ivoire, de la part du Ministre guinéen des Affaires étrangères, le nommé Édouard Niankoye Lama.

«Nous voulons parler de la forfaiture qui est en cours à l’Ambassade de la République de Guinée en Côte D'Ivoire. En effet depuis le lundi 27 février, madame l’ambassadeur ne peut avoir accès à ses bureaux hermétiquement fermés, sous prétexte qu'elle ne serait plus l’Ambassadeur de la Guinée en Côte d'Ivoire sans aucune forme de procédure administrative. Cette mascarade est orchestrée par un groupe d'opportunistes, de parvenus aux intentions obscures avec la complicité de certaines autorités en Guinée qui naviguent à contre courant des idéaux de changements et de justice prônés par le président Alpha Condé», dira d’entrée Keita N’Fa Moussa.

Pour qui, cette situation ternit l’image de la Guinée et bafoue l'honneur des Guinéens. «C'est pourquoi, nous guinéens opérateurs économiques, étudiants, ferrailleurs, vendeurs de kiosques, homme et femmes, dénonçons vigoureusement cette cabale et apportons notre soutien sans faille à S.E. Mme Makhissa Camara qui a un cumul de 15 mois d’arriérés de salaires», martèle le Conseiller du Directeur de campagne du Pr Alpha Condé en Côte d’Ivoire.

M. Keïta et ses camarades pensent, qu’il y a eu vice de procédures et qu’on ne peut pas expédier un billet d’avion à un Ambassadeur à qui l’Etat reste redevable et lui demander de rentrer au pays en pleine année scolaire alors que ses enfants fréquentent dans des établissements ivoiriens.

Ils ont souhaité que le rappel de l’Ambassadeur de Guinée, se fasse dans les règles de l’art. C’est-à-dire, lui payer ses droits (salaire de 15 mois), l’autoriser à faire ses adieux à l’Etat de Côte d’Ivoire et attendre la fin de l’année scolaire.

En poste depuis juillet 2005 à Abidjan, Mme Makhissa Camara selon Keïta N’Fa Moussa, a assisté ses compatriotes dans les moments difficiles que la Côte d’Ivoire a connus. «C’est grâce à elle que la Guinée a pu obtenir un terrain à Abidjan, pour la construction de notre future ambassade. Elle est restée sur place pendant la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, en mettant sur pied une cellule de crise pour pallier toutes éventualités concernant les guinéens. Elle est au service de tous les Guinéens et répond à toutes les sollicitations sans aucune discrimination. Elle mérite respect et considération. Nous demandons au Président Alpha Condé qui s'est battu pendant plus de 40 ans pour l'instauration de la démocratie et de la justice en Guinée, d'accorder une attention particulière à la situation de son S.E. Mme Makhissa Camara qui a servi loyalement et honorablement son pays», a lancé Keïta N’Fa Moussa.

Par rapport à certains arguments avancés dans ce compte-rendu, le Ministère des Affaires avait déjà réagi: «N’ayant cependant pas voulu obtempérer, une note verbale a même été envoyée dans ce sens au ministère ivoirien des Affaires étrangères et qui a précisé que désormais Mme Maïmouna Yansané, Conseiller politique au sein de ladite ambassade est désignée chargée d’affaires de la Guinée.

Dès lors, l’ambassadeur sortant qui a reçu ses billets d’avion pour son voyage-retour à Conakry et ses MCO pour bagages, n’avait plus aucune raison de rester à Abidjan et surtout persister à vouloir continuer à exercer les fonctions diplomatiques pour lesquelles l’État guinéen avait souverainement décidé de l’affecter dans ce pays. Mais Makhissa a prétexté qu’il fallait obligatoirement faire ses adieux aux autorités ivoiriennes, comme le précise la convention de Vienne dit-elle, dans un courrier adressé au chef de la diplomatie guinéenne.»

Par rapport à ce courrier, le Ministère des A.E. accuse: «Ce dernier [le Ministre des A.E., ndlr], de bonne foi et loin de soupçonner les manœuvres dilatoires qui se cachaient derrière cette exigence facultative, a concédé pour ce faire un certain délai incompressible, aujourd’hui largement échu. Et il faut d’ailleurs noter que pendant cette période, Madame Makhissa Camara qui avait fait ses adieux diplomatiques au ministre ivoirien des affaires étrangères, avait été aussi programmée pour ces mêmes adieux au président Ouattara. A la date de cette audience présidentielle, l’ambassadeur sortant s’est déclarée malade pour fait de tension artérielle élevée. Allez-y comprendre quelque chose !»

Par rapport à l’argument d’arriérés de salaire développé par les animateurs de la conférence de presse, le Ministère souligne: «L’autre argument évoqué serait lié aux arriérés de salaires qu’elle réclame et que tous les ambassadeurs rappelés perçoivent déjà à Conakry. Ne voulant donc pas se plier aux décisions des nouvelles autorités guinéennes, Madame Makhissa préfère ainsi squatter la résidence de notre pays à Abidjan dans l’espoir secret de créer un incident et dire, tout de go, que la chancellerie guinéenne lui aurait été interdite. C’est de l’affabulation, tout simplement.»

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