Le vice-président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), Bah Oury a fait une sortie fracassante la semaine dernière sur les antennes d’une radio privée de Conakry. Il s’est montré de plus en plus favorable au non dialogue entre le pouvoir et l’opposition politique guinéenne. Il ne voit pas d’un bon œil les multiples rencontres entre les leaders politiques et le Président guinéen, notamment entre Cellou Dalein Diallo, le président de l’UFDG et le président Alpha Condé. Le dernier de leur tête-à-tête date du 25 avril dernier.
Bah Oury estime que la situation politique actuelle du pays évolue en dents de scie au point où l’opposition ne devrait pas jouer le jeu du pouvoir en acceptant de dialoguer avec Alpha Condé, qui a refusé, souligne-il, de dialoguer avec le défunt président guinéen, le Général Lansana Conté.
Accusé d’être l’un des principaux cerveaux de l’attaque du domicile privé d’Alpha Condé le 19 juillet 2011, Bah Oury se sentirait abandonné par le président de l’UFDG depuis qu’il est devenu un exilé en France, il y a quelques mois après un bref séjour aux Etats-Unis d’Amérique.
Toutefois, il exclut toute idée de démission de l’UFDG: «Aujourd’hui, pour rien au monde, je ne quitterai l’UFDG (…) Avec El Hadj Cellou, nous avons vécu des épreuves difficiles et c’est avec notre accord qu’il a pris les rênes du parti en 2008. Je me bats pour que l’UFDG soit un parti démocratique qui ne soit pas à la solde de qui que ce soit.» Pour être un peu plus clair sur ses relations avec le président de l’UFDG, Bah Oury a soutenu: «Nos relations personnelles sont très bonnes. Ce n’est pas la même chose avec Dr Saliou Bella. Nous avons des objectifs communs. On peut avoir des divergences mais pour l’intérêt du parti, on va discuter pour trouver des consensus puisque l’UFDG est un parti démocratique». Pour donc, l’intérêt du parti, les deux principaux responsables de l’UFDG vont continuer à cohabiter ensemble. Mais Cellou Dalein déclare dans une interview accordée à un hebdomadaire guinéen paru ce lundi 7 mai, que «nous faisons le mieux» pour un retour sécurisé de Bah Oury en Guinée mais qu’il ne veut pas le livrer à la gueule du loup, sans pour autant exclure aussi qu’il y a quelquefois de malentendus entre eux.
Reproché pour n’avoir pas soutenu Bah Oury?
Cellou Dalein Diallo a sa réponse: «Nous avons dénoncé tout ce que le pouvoir a pris comme décision visant à soutenir une accusation relative à sa (Bah Oury Ndlr) participation à cette attaque. Nous n’avons vu aucun élément de preuve. Bien entendu on n’est pas dans le secret de l’instruction, mais jusqu’à présent on n’a pas de preuve. Plutôt un Président de la République acharné sur les individus proches de l’UFDG. Comme c’est le cas de Diallo Sadakadji et de Bah Oury, vice-président du parti. Tout cela procède un peu de la volonté du Président à déstabiliser l’opposition…»
Et si Bah Oury était condamné par contumace?
Cellou Dalein Diallo pense que cela pourrait illustrer que le dossier de l’attaque du domicile d’Alpha Condé est politique. Il ne parle pas de sa stratégie, mais a disserté: «S’il y a un procès public, je suis sûr que nous ne manquerons pas de déceler les faiblesses du dossier. Cela peut fonder encore une position plus ferme et visant à démontrer que c’est une affaire politique. Aujourd’hui, nous ne disposons pas d’éléments. Nous avons l’intime conviction que ce n’est qu’une initiative du pouvoir de déstabiliser l’UFDG. Mais si demain nous avons les éléments du dossier, je pense que nous ne manquerons pas d’identifier les faiblesses qui vont mettre en évidence le caractère politique de ce procès…»
Après donc la sortie amère du vice-président de l’UFDG, bien des observateurs ont estimé que les relations entre lui et le président du parti ne sont plus au beau fixe. Mais Cellou Dalein déclare qu’il n’en a rien été: «C’est vrai qu’il y a parfois des malentendus. On ne peut pas dire qu’on a toujours la même lecture des choses. Il est en exil. Il peut sous-estimer nos efforts pour le défendre. Mais nous savons, âme et conscience, que nous faisons le mieux. Tout ne peut pas être dit, surtout ce que nous faisons pour attirer l’attention des partenaires de la Guinée sur le caractère politique de ce dossier, notamment l’aspect qui touche le vice-président d’un parti. Alors, nous demandons qu’il y ait un procès transparent et public, pour que tout le monde puisse constater que ces gens ne disposent d’aucune preuve impliquant le vice-président de mon parti, dans cette affaire d’attaque de la résidence du Président de la République…» Et d’enchaîner: «Il faut que tout le monde soit rassuré: l’UFDG est solidaire de Bah Oury et qu’il reste le vice-président du parti, malgré son éloignement. Il est en sécurité en France pour l’instant. Certains disent de négocier son retour sécurisé, mais nous ne faisons pas confiance à la justice guinéenne et au gouvernement. Il a la chance d’être à l’abri pour le moment, nous attendons de disposer d’éléments suffisants pour réfuter cette accusation et établir son innocence. Et c’est en ce moment seulement que nous pourrons nous battre pour son retour normal. Mais aujourd’hui, on ne peut le pousser dans la gueule du loup, étant donné que nous n’avons pas confiance ni au gouvernement ni à la justice… »
Rappelons que le mardi 1er mai dernier, selon l’UFDG, Chris Canavan de la Fondation du puissant homme d’affaire et ami d’Alpha Condé, George Soros et Bernard Kouchner, appelé aussi le jumeau d’Alpha Condé et ex-ministre français des Affaires Etrangères ont rencontré l’opposant Cellou Dalein Diallo, dans le quartier général de l’UFDG, situé à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma, banlieue nord-est de Conakry. Les émissaires du président Alpha Condé auraient rencontré le président de l’UFDG en vue de voir comment décrisper la tension qui existe en Guinée dans une transition qui ne veut pas finir.
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