«Si quelqu’un se permet de marcher, il trouvera l’Etat en face de lui», avertit le Ministre de l’Administration du Territoire.
Après la marche du jeudi 10 mai, les leaders avaient confié que «la marche était pacifique et a connu un succès franc».
Cependant, à l’heure du journal télévisé, les âmes sensibles ont été choquées de voir un homme en uniforme gisant dans une mare de sang, des gendarmes alités avec des pansements et des voitures qui ont reçu des jets de pierre au siège du RPG Arc-en-ciel qui avait les vitres et les portes endommagées.
Les occupants des lieux témoignent:
- «Ce matin, on était là, parce que c’est nous qui protégeons le siège, avec un détachement de la gendarmerie, on a vu M. Sidya quittant du côté et monter vers Bambéto; quelques instants plus tard, on vu un groupe quittant du côté de Bambéto en direction de Hamdallaye. Soudain, ils ont foncé vers nous avec des jets de pierre comme vous devez le constater sur les murs et la voiture qui est endommagée en face de vous. Ils l’ont dépouillée en prenant par a suite la radio de bord et la batterie. N’eut été l’arrivée du renfort, ils voulaient y mettre le feu. Ils ont pris les motos qui étaient garés dans la cour et les ont emportées avec eux».
- «On n’a jamais vu un pays avec deux Présidents. Le Professeur [Alpha Condé, NDLR] a été patient. Que l’opposition aussi soit patiente. Quand on dit démocratie, ce n’est pas ce que l’on vit ainsi. On est en retard en Guinée. Ils n’ont qu’à arrêter ce genre de comportement rétrograde».
- «Tout le monde sait que le Professeur Alpha Condé a bien éduqué ses militants. On l’écoute par ce qu’on a du respect pour lui et on l’aime. Au moment où il était dans l’opposition, on était victime. Aujourd’hui qu’il est au pouvoir, c’est la cinquième fois que nous faisons l’objet d’attaque de la par de l’opposition. Ils ont même tiré à bout portant sur quelqu’un ici je veux parler de M. Tall».
Ce vendredi, Cellou Dalein Diallo a fait le bilan suivant: «le premier bilan, c’est qu’il y a eu une mobilisation sans précédent de nos militants et sympathisants, nous partis de l’ADP et du Collectif. Ce qu’il faut noter, tout s’était très très bien passé de Sonfonia pratiquement jusqu’à Hamdallaye, au niveau du siège du RPG. Nous avons rencontré des gendarmes et des policiers plutôt sympathiques et on n’a constaté aucune haine; on n’a enregistré aucune violence de leur part. De Sonfonia jusqu’à Hamdallaye. Arrivés à Hamdallaye, nous avons été agressés. Le cortège était là. Les pierres étaient venues du siège du RPG. Et nous avons été pulvérisés systématiquement de gaz lacrymogène».
Selon le Directeur de la clinique Mère et Enfants située à Hamdallaye, il aurait reçu 15 personnes. Des blessés pas par balle, mais suite à des coups de matraque et au niveau du corps.
D’après l’un des médecins militaires, il y aurait eu «17 gendarmes grièvement blessés caractérisés par des fractures ouvertes et des contusions avec 10 admis au service de santé de l’armée situé au camp "Almamy Samory Touré" et les 7 autres au service de santé du camp "Alpha Yaya Diallo"».
Face à l’ampleur des forfaits, le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation est monté au créneau contre tout manifestant qui sera appréhendé sur le terrain pour la deuxième journée consécutive comme annoncé par les leaders de l’opposition. Alhassane Condé a fait cette sortie dans l’édition du journal télévisé: «je crois que manifestation pacifique ne rime pas quand même avec ces images de violences que nous venons de voir. Des gendarmes qui étaient là pour justement préserver l’ordre, ont été grièvement blessés, des citoyens ont été attaqués, blessés, leurs biens détruits. Si c’est ça la marche pacifique, je pense que c’en n’est pas une».
Le Ministre Condé reconnait que la marche a été autorisée: «la marche a été autorisée. La marche a été autorisée. Nous sommes un gouvernement démocratique. Quand ils ont fait la demande, une demande qui n’était même pas dans les normes, mais quand même, nous avons accepté qu’ils marchent parce que c’est la loi qui veut ainsi. Mais quand on marche, il y a des lois à respecter. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Nous, nous avons fait notre devoir, c’est d’autoriser la marche. Les libertés publiques sont garanties en Guinée. Mais nous constatons que les partis politiques qui demandent à manifester, ce n’est pas pour manifester pacifiquement, c’est pour provoquer d’abord l’Etat, provoquer les citoyens, détruire leurs biens, et ça, l’Etat n’acceptera plus jamais ça».
Et le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation de mettre en garde: «Ils prétendent marcher demain [vendredi, 11 mai, NDLR]. Demain, nous demandons à toutes les forces de sécurité de l’Etat, d’être prêtes demain à faire face à quiconque… Quiconque, sans autorisation, se permettra de marcher, il trouvera la loi et l’Etat en face de lui».
Est-ce dire qu’il ‘y a pas de demande pour la marche du vendredi: «ils n’ont pas fait de demande. Nous sommes une République, il y a des lois. Si vous voulez marcher, vous faites la demande. Si la marche est autorisée, il n’y a pas de problème. La loi l’autorise, la Constitution l’autorise. Mais la Constitution ne permet à personne de s’attaquer aux paisibles populations, de casser les biens des gens. Ils ont attaqué le siège du RPG qui n’avait rien à voir avec la marche».
Il va ensuite s’adresser aux responsables locaux: «nous demandons à tous les maires, à tous les chefs de quartier, personne ne doit accepter demain [vendredi, 11 mai, NDLR] que quelqu’un ou un groupe se lève pour aller marcher. Et si quelqu’un se permet de marcher, il trouvera l’Etat en face de lui».
Au moment où nous nous apprêtions à mettre en ligne cet article, la nouvelle d’une déclaration à la nation du Président de la République nous parvenait. Le Professeur Alpha Condé pourrait demander la suspension des activités de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
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