«C’est pour aider Alpha Condé à gagner ces élections que Waymark a été recruté», a dit Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, UFDG. Dans une interview qu’il a accordée à notre confrère guinéen, l’hebdomadaire, La Lance paru ce 25 juillet 2012. Le chef de file de l’opposition guinéenne a estimé que «techniquement, la société Waymark n’est pas apte» à faire la révision du fichier électoral que la SAGEM a conçu en 2010 et qui a permis aux Guinéens d’élire Alpha Condé. L’opposant est convaincu: «C’est pour aider Alpha Condé à gagner ces élections que Waymark a été recruté». Cellou Dalein Diallo, s’est également prononcé sur d’autres sujets brûlants de l’actualité politique guinéenne.
Concernant le rapport de la francophonir sur Waymark, Cellou Dalein Diallo dit «qu’il faut d’abord rappeler le mandat donné par le gouvernement et la CENI à l’OIF. Le gouvernement a commencé à dire qu’on dispose d’un équipement. Mais il s’agit d’identifier les faiblesses à corriger pour que nous puissions l’utiliser pour l’opération de révision de la liste électorale. L’OIF a travaillé dans ce cadre. Mais avant de formuler des recommandations, il fallait identifier les insuffisances et les faiblesses. Je crois qu’il y en avait une vingtaine. Le gouvernement souhaite qu’elles soient corrigées afin que l’opération de révision soit menée à son terme. Mais pour nous opposition, il y avait des questions préjudicielles : le choix de Waymark. Pour une opération aussi sensible, on ne peut pas recruter un opérateur privé sans cahier de charges, sans appel d’offres. Il y a des contrats sous-jacents, des intérêts particuliers dans le choix. Si c’était pour réaliser efficacement la révision, on pouvait faire un appel d’offre ou une consultation restreinte. Les Nations Unies disposent de cabinets capables de faire ce genre d’opération. On peut choisir quatre d’entre eux pour demander de faire une proposition financière. Étant entendu que les besoins de la Guinée seront définis dans un cahier de charges qui indique quels sont les critères auxquels doit satisfaire l’opérateur… Mais cela n’a pas été fait dans la transparence. Donc, nous on a très tôt récusé Waymark, car le gouvernement a décidé d’éliminer la SAGEM sans justification. Or, il y avait les équipements de la SAGEM qui sont là. Ils sont propriété de la Guinée, ils contiennent le fichier 2010. La révision, c’est-à-dire rajouter ceux qui n’avaient pas pu être recensés, ceux qui ont atteint l’âge de voter, radier ceux qui sont morts, c’est facile. Le gouvernement n’explique pas pourquoi il ne veut plus de cet équipement, de cet opérateur. Parce qu’on peut utiliser les équipements sans peut-être utiliser l’opérateur. Mais il est allé recruter dans des conditions suspectes l’opérateur Waymark.
La mission de l’OIF est venue confirmer que les équipements n’étaient pas performants, n’étaient pas sécurisés, comme l’avaient déjà noté les experts du PNUD. Pour le choix, on a besoin de la confiance des compétiteurs. Il n’y a eu aucune transparence. Il s’avère que techniquement Waymark n’est pas apte, qu’elle n’a jamais réalisé de telles opérations, pour nous, il faut récuser Waymark. Si on ne peut pas faire appel à la SAGEM, qu’on fasse une consultation restreinte : on prend quatre cabinets, par exemple, au sein des Nations Unies, pour effectuer l’opération, auxquels on demande de faire une offre financière. Cela ne va pas prendre beaucoup de temps, car on ne va pas lancer un appel d’offres, en raison de l’urgence. Le rapport de l’OIF confirme le rapport du PNUD, il est accepté dans la partie technique. Il recommande que Waymark s’ajuste, ajuste ses équipements. Là, nous ne faisons pas confiance à Waymark, compte tenu de la façon qu’il a été choisi. D’ailleurs, nous apprenons que Waymark a été choisi en contrepartie du prêt fait à M. Alpha Condé de 25 millions de dollars auprès de Palladino. Voilà, s’il en était besoin, une raison de plus pour récuser Waymark. D’autant que l’OIF, le PNUD, après enquêtes, ont révélé que Waymark n’a jamais effectué une telle opération».
Cellou Dalein Diallo estime que «la CENI, tout comme ses démembrements sont contrôlés entièrement par le RPG-arc-en-ciel».
L’opposition est-elle manipulée par le Président de la République, Alpha Condé? L’homme politique pense que non, et s’explique: «Le fait que M. Alpha Condé reçoive un leader n’est pas suffisant pour dire que l’opposition est en débandade. L’essentiel est qu’entre nous il y a la transparence et que devant Alpha Condé ou une autre personnalité, on défend toujours notre position, et qu’on rend compte au niveau du Collectif et de l’ADP. Cela a été d’ailleurs le cas avec Mouctar. Je suis certain que Kouyaté ne manquera pas de nous faire le compte-rendu. Je ne doute pas que les uns et les autres ont dû défendre nos positions, de tout le temps, à savoir : la recomposition de la CENI, le changement de son président, la gestion transparente du fichier, le choix transparent de l’opérateur pour la révision, la recomposition des CARLE et des démembrements de la CENI, le vote des Guinéens de l’étranger…Maintenant, quels avantages il peut tirer en recevant Mouctar, Kouyaté, Sidya ou Cellou etc.? Je pense à quelque chose comme quoi, il est un homme de dialogue. Or, tout le monde sait qu’il est un dictateur. Mais il est là, on est obligé de faire avec. Je le réaffirme, l’essentiel est de rester ferme sur nos revendications.»
M. Cellou Dalein Diallo pense que les élections seront organisées cette année mais doute de la volonté d’Alpha Condé d’organiser des élections transparentes. Il explique néanmoins comment il compte stopper la fraude: «il [le Président Alpha Condé, NDLR] sait qu’avec le président de la CENI, on va lui délivré le résultat qu’il souhaite. Mais, cette fois ci, on ne se laissera pas faire. Parce nous avons constaté que les préfets font n’importe quoi pour à l’intérieur du pays pour déstabiliser l’opposition, ils font des abus. Nous avons demandé à la population de ne plus se soumettre aux préfets, lorsqu’ils violent la loi. Ce qu’on doit respecter, ce sont les lois de la république. Si les préfets se livrent à des abus contraire aux dispositions légales, ils n’ont qu’à refuser systématiquement et manifester. Dans le monde entier les peuples sont débout pour dire non et pour exiger le respect de leur liberté et leur droit. Il faut que les Guinéens aussi le fassent et je sens qu’il y a une volonté réelle d’aller dans ce sens. Nous allons mener notre campagne. Ce n’est pas difficile de mener une campagne contre Alpha Condé avec ses incohérences et exclusion de l’arbitraire, qu’il pratique au jour le jour, tout le monde le constate. Il y a des choses qu’li n’est pas décent de dire parce qu’on ne va pas tomber dans le piège du tribalisme primaire qui constitue le fondement de sa politique mais, aujourd’hui les Guinéens sont conscient de ça».
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