La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) déposera "prochainement" une nouvelle demande de résolution auprès du Conseil de sécurité de l'Onu pour une intervention militaire au Mali, annonce son président Alassane Ouattara dans un entretien au Journal du dimanche.
Une intervention militaire africaine est "inévitable" si la situation n'évolue pas favorablement, estime celui qui est aussi président de la Côte d'Ivoire.
Le Conseil de sécurité de l'Onu avait adopté le 5 juillet à l'unanimité une résolution qui soutenait les efforts de la Cédéao pour mettre fin à la crise dans le nord du Mali, contrôlé en grande partie par les islamistes, et laissait la porte ouverte à une intervention militaire.
"Une nouvelle demande de résolution auprès du Conseil de sécurité des Nations unies sera prochainement déposée au nom de la Cédéao que je préside actuellement", dit Alassane Ouattara dans le Journal du dimanche.
"Si la situation n'évolue pas favorablement, oui, il y aura une intervention militaire au Mali. Cela me paraît inévitable", ajoute-t-il.
"Le fait que la France assure en août la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'Onu est une très bonne nouvelle puisque nous sommes totalement en phase avec les autorités françaises. "Je pense que nous pouvons parler en semaines et non en mois. Il y a urgence."
Les islamistes se sont emparés du nord du Mali avec l'aide des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) en profitant de la confusion qui a suivi un coup d'Etat militaire le 22 mars.
Ansar Dine, rejoint par d'autres groupes islamistes comme Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a ensuite évincé les insurgés touaregs et pris le contrôle de la moitié du territoire avec notamment Gao, Kidal et Tombouctou.
Les islamistes ont détruit de nombreux mausolées et tombeaux de saints musulmans à Tombouctou, suscitant de nombreuses protestations. Alassane Ouattara précise qu'en cas d'intervention, qui se traduirait par un déploiement de gendarmes et de policiers dans un premier temps, puis de militaires, les forces africaines demanderont un appui logistique notamment à la France et aux Etats-Unis.
"Je parle d'un appui logistique, matériel, je parle également de conseillers. Nous ne disposons pas non plus d'une aviation de combat et nous en aurons besoin. À l'inverse, je n'envisage pas la présence de troupes au sol qui ne soient pas africaines", dit-il.
La Cédéao envisage de constituer une force composée à 50% de soldats maliens, et pour l'autre moitié de soldats du Niger, du Nigeria, du Tchad et d'autres pays, précise le président ivoirien.
Dans l'espoir de faciliter une solution au Mali, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius est en Afrique depuis jeudi. Il doit se rendre dans quatre pays (Niger, Burkina Faso, Sénégal et Tchad).
Jeudi soir, François Hollande avait réaffirmé lors d'un point de presse commun avec Alassane Ouattara que la France soutiendrait une éventuelle intervention africaine au Mali. "Nous appuierons ce que les Africains auront eux-mêmes décidé", a-t-il déclaré.
Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, qui était soigné en France depuis deux mois après avoir été violemment battu par des manifestants qui avaient pris d'assaut le palais présidentiel, est finalement rentré vendredi dans son pays, où il devra former un nouveau gouvernement.
La Cédéao a donné jusqu'à la fin du mois aux responsables politiques maliens pour former un nouveau gouvernement, afin de remplacer le cabinet intérimaire qui n'est pas parvenu à stabiliser un pays auparavant considéré comme un modèle de démocratie dans la région. - AfricaLog avec agence