Les femmes de l’opposition réunie au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès, ADP, ont animé une conférence de presse à Conakry ce 3 septembre, a vécu AfricaLog.com sur place.
Dans une déclaration conjointe intitulée «déclaration sur le complot constitutionnel en cours», les conférencières ont affirmé que la présidente du CNT (Conseil national de transition), Hadja Rabiatou Sérah Diallo, a trahi la confiance des Guinéens. Elles rejettent en bloc le projet de loi soumis au vote du CNT, relatif au choix de la semaine dernière du président Alpha Condé pour une sortie de crise en Guinée. Hadja Fatoumata Biya Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG a lu ladite déclaration.
Les femmes déclarent que le texte est «illégal et anticonstitutionnel» et porte «dangereusement atteinte à la séparation des pouvoirs garantie par la Constitution.» Les femmes du Collectif et de l’ADP estiment que «si, selon la Constitution, le Président de la République partage avec le CNT, le pouvoir d’initiative des lois, rien ne l’autorise à interrompre une procédure parlementaire de vote d’une loi pour la substituer une proposition élaborée par une commission ad hoc. Il s’agit d’une immixtion manifeste de l’exécutif dans le fonctionnement du législatif et d’une violation flagrante du principe intangible d’indépendance et de séparation des pouvoirs, fondement essentiel de tout régime démocratique. En se prêtant à cette manœuvre, Hadja Rabiatou Sérah Diallo a non seulement trahi de façon délibérée l’institution qu’elle préside, mais elle contribue à favoriser la dérive autocratique en cours dans notre pays. Dès lors, Hadja Rabiatou Sérah Diallo assumera, conjointement avec le Président Alpha Condé, toutes les conséquences qui résulteront de cet acte anticonstitutionnel.»
Pour Maïmouna Baldé des NFD (Nouvelles Forces Démocratiques), Rabiatou Sérah Diallo a trahi la «confiance des Guinéens, elle a trahi la confiance du peuple de Guinée, j’espère qu’elle dormira tranquille», a-t-elle déclaré et qu’elle regrette que cette femme «qui pourrait sortir la Guinée de l’ornière, fasse des démarches au près du Président Alpha Condé pour des projets de loi».
Mme Ramatoulaye Sow du PEDN (Parti de l’Espoir pour le Développement National), a aligné des interrogations. «Pourquoi Hadja Rabiatou a accepté de se connecter à la Présidence de la République? Pourquoi cette commission a accepté de se substituer au CNT alors que le CNT devait se réunir en session plénière? Pourquoi elle s’est laissé dominée? A-t-elle été corrompue?», s’est interrogée Mme Sow qui dit que le combat va continuer jusqu’à l’instauration d’une véritable démocratie en Guinée.
Mme Fatou Fafa Baldé de (l’Union des Forces du Changement), UFC, a rappelé que l’opposition a dénoncé la CENI (Commission électorale nationale indépendante) non paritaire conformément au paysage politique actuel du pays, avant de dire que si les Guinéens vont aux élections avec une CENI contestée, la solution à la crise n’aura pas été trouvée.
Mme Fatoumata Biya Diallo revient à la charge pour dire à la présidente du CNT qu’il y a une ligne à ne pas franchir. Même qu’elle ne se retrouve pas que Rabiatou Sérah qui a été une icône pour le combat pour la démocratie en Guinée soit aujourd’hui «une personne à la solde d’un pouvoir. Et de poursuivre en ces termes: Rabiatou Sérah Diallo dit partout qu’elle n’a pas peur du Président Alpha Condé mais ça se voit sur son visage, gros comme une montagne, que cette femme est terrifiée aujourd’hui.»
Menaces
Les femmes de l’opposition ont indiqué que la présente conférence vise aussi à attirer l’attention de la présidente du CNT, qu’elles se désolidarisent d’elle en tant que femmes, mères et épouses, mais aussi en tant que femmes politiques. Elles n’excluent pas de lui demander dans les prochains jours, de démissionner de l’institution qui joue le rôle de parlement en Guinée depuis mars 2010. «Ce n’est qu’une démarche de notre réaction. Et nous attendons sa réaction. Si elle ne réagit pas, nous allons demander sa démission, parce que pour nous, au-delà du fait qu’elle soit une femme, aujourd’hui elle met le pays en danger. C’est un combat qui ne fait que commencer avec elle. Ou elle respecte ses engagements ou nous allons lui faire comprendre qu’à ce niveau de gestion du CNT, nous ne sommes pas d’accord et nous allons le faire savoir,» a déclaré Mme Biya Diallo de l’UFDG.
Rabiatou Sérah Diallo contactée n'a pas souhaité faire de commentaires.
Les femmes n’ont pas manqué de critiquer Mme Makalé Traoré, ex-directrice de campagne du RPG-arc-en-ciel qui a porté Alpha Condé au pouvoir en décembre 2010. Elle était membre au nom du Réseau Femmes Anciennes Ministres et Parlementaires à la commission ad hoc qui a permis au CNT, aux acteurs politiques et syndicaux de produire récemment un rapport final de synthèse devant permettre à la Guinée de sortir de son impasse politique, liée notamment à l’organisation d’élections législatives transparentes.
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