Le président malien Dioncounda Traoré a proposé vendredi soir "le dialogue" et "la négociation" aux groupes armés islamistes qui occupent tout le Nord du Mali, tout en appelant les Maliens à "l'union sacrée" autour de leur armée" pour faire la guerre s'il n'y avait "plus d'autre choix".
"Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s'il ne nous reste plus d'autre choix (...) Mais nous réaffirmons ici que notre premier choix reste le dialogue et la négociation. Notre deuxième choix reste le dialogue et la négociation. Notre troisième choix demeure le dialogue et la négociation", a insisté M. Traoré, dans un "message à la Nation" diffusé à la télévision.
A la veille du 52è anniversaire de l'indépendance du pays, le président intérimaire a longuement décrit "la tragédie" vécue par le Mali, dont "l'existence même est en jeu", avec "13 cercles aux mains de forces hostiles, constituant les deux tiers du territoire".
Dans la foulée du coup d'Etat militaire du 22 mars qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré, tout le Nord du Mali était finalement passé sous le contrôle des islamistes armés de la branche maghrébine d'Al-Qaïda et des groupes Ansar Dine et Mujao.
Auparavant, "l'expression de l'irrédentisme" des Touareg avait fait "la jonction avec le terrorisme transfrontalier et international", sur "fond de narcotrafic florissant", a résumé le chef de l'Etat.
Ancien président de l’Assemblée nationale, investi en avril "président par intérim", M. Traoré a centré tout son discours sur la nécessaire "libération des régions occupées, par la négociation ou par la force".
"J'en appelle aux groupes armés qui opèrent dans le Nord de notre pays d'accepter de s'engager résolument dans la voie du dialogue et de la négociation", a-t-il dit, sans faire de distinguo entre les mouvements.
Disant avoir "conscience d'être le président d'un pays en guerre", il a appelé la Nation à "la nécessaire union sacrée" autour de l'armée".
Il a par ailleurs souhaité l'organisation prochaine d'un scrutin présidentiel, pour qu'un chef de l'Etat soit élu d'ici à un an.
Son intervention était très attendue, pour éclaircir la position du Mali qui avait formellement requis, début septembre, l'appui de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest pour l'aider à reconquérir ses territoires du Nord.
Mais le président n'a que très brièvement évoqué la demande formelle d'"appui" qu'il avait adressée à la Cédéao pour le déploiement d'une force africaine.
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit prêt, vendredi, à examiner "une proposition réaliste" pour le déploiement d'une force panafricaine au Mali. Mais le Conseil de sécurité a demandé à la Cédéao d'éclaircir les choses avec Bamako, pour présenter un plan militaire "faisable", qui détaillerait "les objectifs, moyens et modalités" du déploiement d'une telle force régionale au Mali.
Bamako et la Cédéao ne se sont en effet pas encore mis d'accord sur une proposition précise à présenter à l'ONU. La Cédéao a demandé à Bamako de revoir sa copie car deux des trois points évoqués par Bamako posent problème et ne permettent pas un "accomplissement efficace" d'une éventuelle intervention, a expliqué une source diplomatique ouest-africaine.
Pour la Cédéao, si une force africaine était envoyée au Mali, Bamako devrait ainsi "accepter le déploiement à Bamako d'un minimum d'éléments". Mais le président Traoré a réaffirmé vendredi soir que le Mali demandait, pour assurer "la sécurité des institutions de la transition (à Bamako), des équipements et des moyens formulés par l'armée malienne" et refusait "le déploiement de forces de polices constituées et d'unités combattantes de l'armée", "sans objet" selon lui.
Par ailleurs, alors que le nombre de partenaires du Mali s'inquiètent de différences et contradictions dans les positions maliennes, M. Traoré a réaffirmé que la requête adressée à la Cédéao avait été faite "en parfait accord avec la hiérarchie militaire", "la Défense" et "le Premier ministre" Cheikh Modibo Diarra.
De son côté, le Conseil de sécurité avait pressé les anciens putschistes maliens, dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, de "cesser immédiatement toute ingérence dans le travail" des autorités de transition, sous peine de sanctions. – AfricaLog avec agence