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Le gagnant de la présidentielle ghanéenne héritera d’un dossier ivoirien délicat

Dec 07, 2012
Le gagnant de la présidentielle ghanéenne héritera d’un dossier ivoirien délicat

Le vainqueur de l’élection présidentielle prévue vendredi au Ghana va devoir gérer une relation compliquée avec le voisin ivoirien. Le Ghana est accusé d’accueillir des dissidents et de les laisser comploter contre le régime d’Abidjan sur son territoire.

Durant le conflit sanglant qui a suivi la présidentielle ivoirienne de 2010 et qui aurait fait 3.000 morts, le NDC (Congrès démocratique national) au pouvoir au Ghana était considéré comme proche de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

Dans un rapport publié en octobre dernier par les Nations unies, d’anciens hommes forts de M. Gbagbo sont accusés d’utiliser le Ghana comme base arrière pour mener des actions de déstabilisation contre le régime du président Alassane Ouattara.

Le dossier ivoirien a fait irruption dans la campagne électorale ghanéenne en vue du scrutin qui opposera le président sortant John Dramani Mahama (NDC) au leader de l’opposition, Nana Akufo-Addo, candidat du NPP (Nouveau Parti Patriotique).

M. Mahama ne cesse de répéter qu’il entretient de bonnes relations avec Abidjan. Mais pour M. Akufo-Addo, les prises de position du NDC pendant la crise ivoirienne sont un problème pour les relations futures avec le pays voisin: «Il semble y avoir une sympathie profonde entre certains éléments du gouvernement et Laurent Gbagbo».

M. Mahama dirige le pays depuis la mort subite de son prédécesseur John Atta Mills en juillet dernier, il était le vice-président pendant la crise post-électorale ivoirienne.

Pour M. Akufo-Addo, les révélations des Nations unies sur des postes de commandement rebelles sur le sol ghanéen sont «très préoccupantes» et menacent l’image du Ghana en tant que force stabilisatrice dans la région.

Le gouvernement ghanéen a rejeté les accusations de l’ONU. Devant l’Assemblée Générale des Nations unies en septembre, M. Mahama a affirmé que «le Ghana ne permettrait pas que son territoire soit utilisé pour déstabiliser d’autres nations».

Lors d’un voyage en Côte d’Ivoire en septembre, il a assuré à son homologue ivoirien Alassane Ouattara qu’il «ne permettrait pas que des Ivoiriens en exil planifient des attaques contre leur pays d`origine depuis le Ghana ».
Selon une source proche du président ivoirien, qui a requis l`anonymat, dans les cercles du pouvoir ivoirien, il se dit que les premiers contacts avec M. Mahama ont été positifs.

« A la différence de son prédécesseur, Mahama sera émancipé de l’emprise de Rawlings et sera plus coopératif », confie cette source, faisant référence à Jerry Rawlings, l’ancien président élevé au rang d`icône nationale et considéré comme très proche de Gbagbo.

L’évolution de la relation entre les deux pays dépendra surtout de la façon dont Accra va gérer l`épineuse affaire Justin Koné Katinan, du nom du porte-parole de Gbagbo qui a trouvé refuge au Ghana pendant la crise comme des milliers d`autres partisans de l’ancien président ivoirien.

M. Katinan a été arrêté à Accra en août, sous le coup d’un mandat d’arrêt ivoirien, et l’affaire a connu une série de rebondissements judiciaires ces trois derniers mois.
M. Katinan a été libéré sous caution au Ghana, mais le parquet cherche toujours à l`extrader vers son pays d`origine où il est poursuivi pour crimes économiques commis pendant la crise et pour meurtre. La prochaine audience est prévue le 20 décembre.

Les relations entre les deux pays ont été particulièrement tendues en septembre lorsque la Côte d’Ivoire a décidé de fermer temporairement sa frontière avec le Ghana, à la suite d`une attaque meurtrière dans la ville ivoirienne frontalière de Noé, menée par des hommes en armes qui seraient arrivés par le Ghana.

Si l’opposant Akufo-Addo, qui a perdu de très peu il y a quatre ans, gagne cette élection qui risque de se jouer sur le fil du rasoir, les relations diplomatiques avec la Côte d’Ivoire pourraient prendre une autre dimension, vu les liens historiques entre le NPP et le régime d’Abidjan.

M. Akufo l’a d’ailleurs affirmé à la presse : « Historiquement, il y a des tas d’associations entre les forces qui sont derrière Ouattara et nos forces, ici, au Ghana ».

AfricaLog (avec agence)