Des centaines de Guinéens de la diaspora ont acclamé samedi Sékouba Konaté, le dirigeant par intérim de la Guinée venu leur promettre des élections libres et réitérer son engagement de ne pas se présenter à la présidentielle du 27 juin, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Je me réjouis de constater que les Guinéens sont rassemblés, unis, tous debout comme un seul homme pour ne pas manquer ce nouveau rendez-vous avec notre destin", a lancé le président de la transition guinéenne aux centaines de personnes agglutinées dans la salle de bal d'un grand hôtel parisien.
"Nous voulons des élections acceptables et acceptées par tous. (...) J'invite le vainqueur à avoir le triomphe modeste, le vaincu à accepter la défaite", a-t-il dit, avant d'ajouter: "le véritable enjeu, c'est la cohésion nationale", promettant qu'il n'y aurait "plus de dictature en Guinée".
Le général Konaté, qui bénéficie d'un soutien international appuyé pour créer les conditions d'une stabilité de la Guinée, a répété qu'il ne serait pas candidat et qu'il n'avait "pas de candidat".
"Je réitère mon engagement personnel, irréversible, et celui de tous les acteurs de la transition, de ne pas faire acte de candidature", a-t-il dit, suscitant une ovation du public.
Homme-clé de la prise du pouvoir par l'armée fin 2008 à Conakry, Sékouba Konaté dirige la Guinée depuis la mise à l'écart du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, victime en décembre d'une tentative d'assassinat.
Sékouba Konaté a appelé à "une minute de silence" à la mémoire des "victimes des violences du 28 septembre", sans toutefois s'engager à poursuivre les responsables ou à les livrer, le cas échéant, à la justice internationale.
Ce 28 septembre, au stade de Conakry, des militaires ont tué plus de 150 manifestants réunis à l'appel de l'opposition et violé des dizaines de femmes, selon le bilan de l'ONU qui a qualifié ce massacre de "crime contre l'humanité".
Le général Konaté, qui est aussi ministre de la Défense mais n'était pas présent à Conakry ce jour-là, et n'a pas été directement mis en cause par les Nations unies.
Il a enfin exprimé sa "profonde gratitude envers la France", ancienne puissance coloniale avec laquelle la Guinée "entame une nouvelle relation", et remercié le président Nicolas Sarkozy pour son "accueil chaleureux" et pour "son invitation à participer au prochain sommet France-Afrique", qui se tiendra les 31 mai et 1er juin à Nice (sud).
Globalement "rassurés" par ce discours, les Guinéens présents ont longuement applaudi leur président intérimaire.
"C'est bien qu'il ait dit qu'il ne se présenterait pas. C'est rassurant", a dit à l'AFP N'sira Touré, une Guinéenne de Paris de 52 ans. "Oui, il peut y arriver. Avec le soutien du peuple, on fera barrage aux militaires", a assuré son voisin.
Ibrahima Sow est un des rares à afficher son scepticisme: "Je suis venu de Genève pour l'écouter. Il continue à vouloir faire passer la paix avant la justice. Moi, j'attends toujours plus de justice. On en a assez de pardonner et que rien ne change".
Sékouba Konaté quittera la France le 7 avril, à l'issue d'une semaine de visite présentée comme privée mais où il a rencontré de nombreux responsables français qui lui ont apporté un soutien fort. - AFP