Le Sénégal organise mardi la première commémoration de la traite négrière en Afrique pour "réinstaurer la mémoire" sur le continent, a-t-on appris vendredi auprès des organisateurs, un an après l'adoption par le gouvernement sénégalais d'une loi criminalisant l'esclavage.
"C'est la première fois qu'on commémore en Afrique la traite négrière. L'Afrique a été absente. Elle n'a pas pensé à nommer le crime", a déclaré à la presse, Karfa Diallo, président de la Fondation du mémorial de la traite des Noirs, basée à Bordeaux, un des ports français ayant participé à l'esclavage.
"Nous voulons réinstaurer la mémoire en Afrique. La manifestation du 27 avril s'appelle l'Atlantique noir, le tombeau du crime", a dit M. Diallo, en référence à la traversée de l'Atlantique par les bateaux négriers venus d'Europe et se rendant en Amérique, via l'Afrique, où étaient embarqués les esclaves.
La Fondation du mémorial de la traite vise à "faire de la mémoire" sur l'esclavage "une ressource citoyenne pour l'intégration, l'épanouissement en Afrique et la fraternité" entre les races, a-t-il ajouté.
La manifestation de mardi prévoit, depuis le bateau reliant Dakar à l'île de Gorée, un jet de fleurs dans l'océan en mémoire des victimes de la traite.
Face à Dakar, l'île de Gorée et sa célèbre "Maison des esclaves" sont inscrites depuis 1978 sur la liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Elle constitue un des symboles de la traite des Noirs.
La manifestation est organisée en collaboration avec le gouvernement sénégalais.
Le Sénégal a adopté en mars 2010 une loi criminalisant la traite négrière, faisant de cette ancienne colonie française le premier pays africain à se doter d'une telle législation, inspirée de la loi votée le 10 mai 2001 en France à l'initiative de la députée d'origine guyanaise Christiane Taubira-Delannon. - AFP