Le président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé vendredi qu'il ne chercherait pas "à se venger" du président déchu Laurent Gbagbo et de ses partisans qui avaient refusé de reconnaître sa victoire à la présidentielle de 2010, plongeant la Côte d'Ivoire dans des violences.
"Je ne suis pas homme à chercher à me venger", a déclaré M. Ouattara lors d'une conférence de presse à Dakar, aux côtés de son hôte et homologue sénégalais, Abdoulaye Wade.
Selon lui, "la vie politique est ainsi faite qu'on peut avoir à souffrir de certaines situations et même se sentir humilié et révolté à l'occasion de certaines choses, mais ce n'est pas pour cela qu'il faut vouloir prendre une revanche quelconque".
"Je suis le président de tous les Ivoiriens, les bons comme les mauvais, entre guillemets, et par conséquent mon devoir est de faire en sorte que les Ivoiriens se rassemblent et que nous puissions véritablement construire cette réconciliation", a-t-il ajouté.
Il a reconnu que "ce n'est pas chose facile en raison de ce que nous avons vécu tous". Mais, "je pense, et je ne suis pas le seul, que nous allons y arriver parce qu'il y a une volonté commune de sortir de cette situation et faire en sorte que par l'état de droit, par des institutions fortes, nous ne soyons plus dans cette situation de répéter ces erreurs du passé".
"Plus jamais ça, plus jamais ce que nous avons vécu", a-t-il affirmé.
Le chef de l'Etat ivoirien, qui a prêté serment comme président le 6 mai, a néanmoins estimé que ceux qui se sont rendus coupables de violences, quel que soit leur camp, devront rendre des comptes.
"Le processus judiciaire devra se poursuivre", a-t-il déclaré, ajoutant: "pour le moment des responsables politico-militaires sont en résidence surveillée, mais les enquêtes préliminaires vont commencer et bien entendu, à l'issue de cela, certains se retrouveront devant les juges".
Il a souligné "qu'il y a plusieurs catégories de crimes: certains peuvent certainement faire l'objet d'amnistie, d'autres de condamnations, et certains, notamment les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, seront traités par la Cour pénale internationale (CPI)".
"Les droits des citoyens doivent être préservés et nous ferons tout pour qu'il en soit ainsi. L'Etat de droit sera respecté en Côte d'Ivoire", a affirmé M. Ouattara qui, à propos des violences commises par ses partisans, en particulier dans l'ouest ivoirien, a déclaré: "nul n'est au-dessus de la loi".
Les violences qui ont suivi le 2ème tour de la présidentielle du 28 novembre 2010 entre les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d'Alassane Ouattara ont fait quelque 3.000 morts et environ un million de personnes déplacées et réfugiées.
M. Gbagbo a été arrêté le 11 avril par les forces pro-Ouattara avec le soutien décisif des troupes de l'ONU et de la France.
Sur le sort de l'un des plus fervents partisans de M. Gbagbo, Charles Blé Goudé, leader des Jeunes patriotes, M. Ouattara a affirmé ne pas être "informé" de sa mort, annoncée par le site Slate Afrique, citant des sources diplomatiques et militaires à Abidjan.
"Concernant Charles Blé Goudé, je n'en suis pas informé mais je m'informerai tout à l'heure", a répondu M. Ouattara à la question d'un journaliste.
Le président Abdoulaye Wade a pour sa part affirmé avoir donné trois conseils à M. Ouattara, qu'il a qualifié de "petit frère". "Désarmer, pardonner, penser à la jeunesse", en lui offrant travail et éducation.
Il a proposé d'ouvrir "des pavillons ivoiriens dans les universités sénégalaises".
La visite de M. Ouattara à Dakar, où il a rencontré la communauté ivoirienne en lui promettant une aide de 10 millions de FCFA (15.000 euros), était sa première à l'étranger depuis sa prestation de serment du 6 mai. - AFP