Les Libériens ont voté mardi en masse et dans le calme aux élections présidentielle et parlementaires, signe de leur volonté de consolider la paix dans un pays sorti en 2003 de la guerre civile, 4 jours après l'attribution du Nobel de la paix à la présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf.
Pendant toute la journée, de longues files d'attente se sont formées dans Monrovia et dans les grandes villes du pays, en dépit de la pluie.
Les bureaux de vote, ouverts à 08H00 (GMT et locales), ont presque tous fermé comme prévu à 18H00, seuls quelques-uns restant ouverts au-delà du temps réglementaire pour permettre aux électeurs attendant encore de pouvoir voter.
Les observateurs internationaux et la Mission de l'ONU au Liberia (Minul) ont salué la mobilisation des électeurs et le caractère pacifique du scrutin.
"Quand je vois le nombre de gens qui font la queue (pour voter), jeunes, vieux et très vieux, femmes enceintes, jeunes femmes portant leur bébé, c'est vraiment phénoménal", a déclaré Mme Speciosa Wangira-Kazibwe, ancienne vice-présidente ougandaise qui dirige la mission des observateurs de l'Union africaine (UA).
"Il n'y a pas eu d'incident majeur", a déclaré à l'AFP Yasmina Bouziane, porte-parole de la Minul.
Seize candidats briguaient la présidence pour un mandat de six ans, avec deux favoris: Mme Sirleaf, 72 ans, tout juste auréolée du prix Nobel de la paix attribué le 7 octobre, et l'opposant Winston Tubman, 70 ans, soutenu par le très populaire George Weah, ex-star du football international.
En votant dans son village de Fee Fee Town (nord), Mme Sirleaf s'est dite "très satisfaite de voir la manière avec laquelle les Libériens ont voté: ils sont venus nombreux, ils sont très disciplinés, très patients, en file d'attente, sans confusion, ils exercent leur droit de choisir".
M. Tubman a, lui, affirmé être "sûr de gagner au premier tour", mais, en cas de défaite, prêt à travailler "avec le vainqueur pour donner la priorité à la réconciliation".
Il y a quatre jours, il avait sévèrement critiqué le Nobel attribué à Mme Sirleaf, le qualifiant "d'inacceptable" et jugeant "provocateur" qu'il lui ait été donné juste avant les élections.
Bobby Livingstone, porte-parole de la Commission électorale nationale (NEC), a prévu un taux de participation "impressionnant".
Les résultats définitifs ne doivent être publiés que le 26 octobre, la collecte étant rendue compliquée par la saison des pluies, dans un pays où les routes goudronnées n'existent pas hors de Monrovia.
Les Libériens interrogés par l'AFP se sont déclarés "heureux" d'avoir participé à ces élections pour choisir leur président, leurs députés et sénateurs.
"Elles sont très importantes pour la stabilité économique et la prospérité du Liberia et c'est pourquoi je suis venu le plus tôt possible", a déclaré John Sylvester Ellis, 37 ans, électeur dans la banlieue de Logantown.
Un autre, John Plato, 60 ans, votant dans une école de Monrovia, a estimé que ces élections présidentielle, législatives et sénatoriales "sont cruciales aux yeux des Libériens et de la communauté internationale".
Les guerres civiles libériennes ont, de 1989 à 2003, fait quelque 250.000 morts et des centaines de milliers de blessés, détruit les infrastructures et l'économie du pays. Le chômage atteint encore aujourd'hui 80% de la population active et la majorité des Libériens vivent dans l'extrême pauvreté.
Appréciée par la communauté internationale qui l'a beaucoup aidée depuis 2006, Mme Sirleaf, qui devenait la première présidente élue d'Afrique, est en revanche critiquée chez elle.
Ses opposants lui reprochent d'avoir échoué à réconcilier le pays et d'avoir été partie prenante à la guerre civile en ayant soutenu l'ex-chef de guerre Charles Taylor à ses débuts.
La police libérienne et les forces de la Minul ont été déployées à travers le pays par crainte de violences au cours du scrutin, qui a été supervisé par près de 4.400 observateurs locaux et plus de 800 internationaux.
L'ONU a dit craindre des dérapages pendant et après le scrutin, s'inquiétant des intentions d'ex-mercenaires libériens et ivoiriens ayant récemment combattu en Côte d'Ivoire, rentrés au Liberia avec leurs armes. – AfricaLog avec AFP