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Aboubacar Somparé : « Sidya Touré était effectivement du PUP, Cellou Dalein Diallo était membre du Comité Central du PUP »

May 26, 2010

C’est un Aboubacar Somparé très décontracté, entouré des barrons du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) en train de peaufiner des stratégies de reconquête du pouvoir, que AfricaLog.com a trouvé au siège de l’ex-parti présidentiel sous le régime Conté. L’interview avait été négociée la veille alors qu’il se rendait à la cérémonie d’inauguration de la stèle en la mémoire de l’ancien président feu Général Lansana Conté. Le candidat du PUP était passé, 72 heures auparavant devant le collège médical constitué par la Cour suprême dans le cadre de la présidentielle du 27 juin 2010.
Après les salamalecs d’usage, le reporter est invité à patienter pour une dizaine de minutes avant qu’il ne lui soit fait appel pour une trentaine de minutes de questions-réponses. Aucun tabou. Les circonstances de la création du PUP, son regard sur les autres candidats, les chances du candidat de son parti, son opinion sur la promulgation de la nouvelle Constitution par décret présidentiel, ses relations avec le vieux Biro ex-président de l’Assemblée nationale, ses rapports avec l’ancien Président Lansana Conté ou encore le fait qu’il n’ait pu succéder à ce dernier dans la nuit du 22 au 23 décembre 2008. Bref, un entretien à bâtons rompus qui permet de découvrir "une autre facette" de Aboubacar Somparé. Interview:

AfricaLog.com: Peut-on connaître qui est Aboubacar Somparé?

Aboubacar Somparé: Ah, vous savez, c’est difficile de parler de soi-même ! Je suis un citoyen qui essaie de faire ce qu’il peut pour son pays. Je m’engage à des élections précisément, parce que je pense que j’ai encore quelque chose à apporter au pays.

AfricaLog.com: Comment êtes-vous venu à la politique?

Aboubacar Somparé: Eh bien, j’étais enseignant, directeur de l’enseignement quand j’étais au Foutah. Bon, à l’époque de la révolution, le parti unique [ndlr : P.D.G, Parti Démocratique de Guinée], c’était presque automatique. Comme tout fonctionnaire à l’époque, j’ai commencé à militer, et j’ai été élu sans difficulté par les organismes du parti. C’est ce qui m’a amené dans la politique.

AfricaLog.com: Alors, aujourd’hui vous êtes candidat du (PUP), mais originellement, Aboubacar Somparé n’était pas du PUP. Qu’est-ce qui s’est passé?

Aboubacar Somparé: Si, le PUP, c’est nous qui l’avons créé. A l’origine, chacun de nous avait un petit parti. C’étaient des cercles de réflexion. Après, sept (7) se sont retrouvés, ils ont fusionné pour créer le PUP.

AfricaLog.com: Et le vôtre c’était?

Aboubacar Somparé: Le RDP, Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès.

AfricaLog.com: Vous êtes désigné par le PUP pour la présidentielle du 27 juin 2010. Alors, quelle est la chance du candidat du PUP?

Aboubacar Somparé: Les meilleures chances, étant entendu que le PUP est le parti le mieux implanté sur le territoire national. Il y a eu une période d’hibernation, qui a fait croire aux gens que le parti est mort. Mais, depuis quelques temps, nous sommes sur le terrain. Nous essayons de réveiller nos structures et je suis convaincu que, compte tenu de la configuration actuelle du terrain où il y a une prolifération de partis et de candidats, le PUP a plus de chance.

AfricaLog.com: Le PUP est un parti national comme vous le dites. Mais qui de Somparé ou du PUP constitue un atout pour l’autre?

Aboubacar Somparé: Ah, le PUP constitue un atout pour moi.

AfricaLog.com: Le parti a-t-il pensé à des alliances avant le premier tour?

Aboubacar Somparé: Oui, nous avons des partis alliés avec lesquels nous travaillons. Et dans les circonstances actuelles, les alliances sont presque obligatoires étant entendu que personne n’est sûr de passer dès le premier tour. Par conséquent, on est obligé de s’allier à d’autres partis.

AfricaLog.com: M. Somparé, un peu d’histoire. Le 23 décembre 2008, le pouvoir en place était renversé par le CNDD - Conseil National pour la Démocratie et le Développement - suite au décès du Président général Lansana Conté. Pourquoi le dauphin constitutionnel que vous étiez, n’a pas voulu croiser le fer avec les nouvelles autorités surtout que l’opinion estimait que la légitimité était de votre côté?

Aboubacar Somparé: Il est impossible de croiser le fer avec l’armée. En tant que citoyen seul, je ne pouvais rien faire contre l’armée. Surtout, quand j’ai constaté qu’il y a une allégeance totale de la classe politique vis-à-vis de l’armée, ça, ça m’a complètement décontenancé parce que je me suis rendu compte que les gens ne se battent pas pour un idéal; ils ont personnalisé le problème de la succession du pouvoir. Ils en on fait un problème de Somparé. Alors, dans ces conditions, je n’avais aucun moyen de résister.

AfricaLog.com: Vous êtes entre temps resté à l’écart de toute activité politique dans le pays avant de vous "réveiller". Vous avez même fait le reproche au PUP le fait qu’il n’eut pas réagi par rapport à la prise du pouvoir par l’armée?

Aboubacar Somparé: Je ne voulais pas vous dire ça, mais comme c’est vous qui le soulever … bon, effectivement, mon parti aurait même par communiqué, fait une protestation. Parce que c’est au PUP qu’on a enlevé le pouvoir, ce n’est pas à Somparé. Hélas, personne n’a fait cette protestation si bien que le PUP a été assimilé aux autres partis qui ont tous soutenu le putsch.

AfricaLog.com: De façon générale, quel regard portez-vous sur les autres candidats?

Aboubacar Somparé: Je pense qu’ils sont tous des patriotes, hein. Je pense que ce sont des patriotes, bon, avec des fortunes différentes. Je sais que le meilleur gagnera.

AfricaLog.com: On remarque cependant que beaucoup d’entre eux sont issus du pouvoir du PUP. On peut notamment citer les anciens premiers ministres et d’autres hauts fonctionnaires qui sont aujourd’hui leaders de partis et candidats au même titre que vous, du PUP, à l’élection présidentielle du 27 juin.

Aboubacar Somparé: Oui, c’est ça le paradoxe. Ces gens-là ont été couvés par le PUP. Ils sont donc comptables de toute la gestion des différents gouvernements du Président Lansana Conté. Aucun d’eux ne peut tenir un discours différent. Ce n’est pas possible. Ce qui veut dire que pour nous - au PUP - il est beaucoup plus facile actuellement de faire la critique que pour eux. Parce que nous, nous assumons tout ce qui s’est passé en passif comme en actif. Eux, par contre, ils ne revendiquent que l’actif. Quand c’est mauvais, ils s’en déchargent. Ce qui n’est pas sérieux.

AfricaLog.com: Justement, vous n’auriez pas apprécié le fait que, un de vos poulains, en l’occurrence Sidya Touré, ait choisi un autre parti que d’être dans le PUP, au lendemain de son départ de la primature.

Aboubacar Somparé: Toute la chance de M. Sidya Touré, c’était de rester dans le PUP. Il ne l’a pas compris. Il a préféré s’en éloigné alors qu’au départ, il était effectivement du PUP. Même s’il n’était pas un militant actif ; mais dans la mesure où il était attaché au président Lansana Conté, il voulait appliquer son programme politique, c’était un élément du PUP. Il s’en est éloigné malheureusement. Et, je ne pense pas que cela puisse lui apporter un bonheur.

Africalog.com: Et Cellou Dalein Diallo?

Aboubacar Somparé: C’est la même chose. Cellou est de la même chose. Lui aussi, il était du PUP. Il était même membre actif. Il était membre du Comité Central du PUP. Bon, tous ces gens-là, évidemment, ils n’auraient pas dû quitter le parti. S’ils étaient ici, ils se seraient mieux affirmer. Maintenant qu’ils se sont écartés, évidemment, ils sont devenus des adversaires du PUP.

AfricaLog.com: Mamadou Sylla?

Aboubacar Somparé: La même chose. M. Sylla, je vous dis, c’est la même chose pour tous hein.

AfricaLog.com: Sur un chapitre, que pensez-vous de la promulgation de la Constitution par décret présidentiel? Est-ce la forme qu’il fallait?

Aboubacar Somparé: Bon, écoutez, puisque nous sommes dans un régime d’exception, tout cela peut être autorisé sinon, une Constitution est au-dessus d’un décret. C’est la loi suprême. Elle ne peut pas faire l’objet de diffusion par un décret. Il fallait un referendum pour l’adopter. Bon, mais comme nous sommes dans une transition exceptionnelle, je crois que ce que nous pouvons faire, c’est de prévoir une disposition transitoire qui prévoit que dès que le pouvoir constitutionnel se met en place, il faut procéder à un referendum pour l’approbation de la Constitution.

AfricaLog.com: Comme quoi, si Aboubacar Somparé est élu, la première des choses sera de donner l’onction populaire à la Constitution?

Aboubacar Somparé: C’est ce qui serait normal.

AfricaLog.com: C’est ce qui serait normal ou bien c’est ce que vous allez faire?

Aboubacar Somparé: Ah, si je suis élu, oui, j’envisagerais selon les circonstances, ce qu’il faut faire. Mais en tout cas, l’idéal serait que le peuple approuve la Constitution. Ça concerne tout le monde. C’est la loi suprême. Il n’y a pas une loi au-dessus de celle-là.

AfricaLog.com: Quel bilan faites-vous de votre passage à la tête de l’Assemblée nationale?

Aboubacar Somparé: Un bilan très positif. Nous avons eu à ratifier beaucoup d’accords et de conventions, à voter des lois et à approuver le budget de l’Etat avec des observations pertinentes qui ont fait parfois augmenter la valeur des recettes jusqu’à plus de cinquante milliards (50 000 000 000) de francs guinéens.

AfricaLog.com: C’est cette façon de diriger les hommes que vous allez transposer à la tête du pays, une fois élu?

Aboubacar Somparé: C’est différent.

AfricaLog.com: En quoi?

Aboubacar Somparé: L’Assemblée est un organe législatif. La tête du pays, c’est déjà l’exécutif. C’est un peu différent. Je crois qu’il y a des ressorts et des réalités qui font que nous sommes obligés de prendre des décisions plus appropriées.

AfricaLog.com: Parler de la vie de Somparé à l’Assemblée nationale sans évoquer le clash avec le vieux Biro [ndlr : Boubacar Biro Diallo, ancien Président de l’Assemblée], je pense que l’entretien serait peut-être incomplet. Le clash était-il dû à un problème de leadership entre les deux hommes?

Aboubacar Somparé: Il n’y a pas eu de clash entre le vieux Biro et moi à l’Assemblée nationale.

AfricaLog.com: Que s’est-il alors passé?

Aboubacar Somparé: Le clash, c’est au niveau du parti. Nous avons désapprouvé les propos et les attitudes du vieux Biro en tant que Président de l’Assemblée nationale, élu par le PUP et qui était en désaccord avec la philosophie et le discours du PUP. Les remarques lui ont été faites plusieurs fois. Comme il ne voulait pas changer, alors il a été suspendu du parti. C’est ça. Mais ce n’est pas dans l’Assemblée, hein. A l’Assemblée, il n’y a pas eu de clash.

AfricaLog.com: Le siège du PUP tarde toujours à voir le jour. N’est-ce pas la preuve que les finances du PUP se confondaient avec la tirelire publique?

Aboubacar Somparé: Bon, écoutez, non, ce n’est pas tellement ça. C’est parce que nous avons observé une année de deuil pratiquement après la disparition de notre père fondateur. Et c’est ainsi que, ce n’est qu’au mois de mars 2010 que nous avons pu faire notre congrès. Et c’est à partir du congrès que les différents candidats ont été désignés. Evidemment nos challengers étaient sur le terrain depuis toujours. Donc, c’est ce qui justifie un tout petit peu, notre retard. Sinon, le mode de financement du parti n’a pas beaucoup changé, hein. C’est encore les cotisations des militants, les dons et legs faits par des personnes tierces.

AfricaLog.com: Justement, parlant du père fondateur du PUP, un monument a été érigé en sa mémoire, hier jeudi, 20 mai 2010 à Bouramaya, dans la préfecture de Dubréka. Que pensez-vous du lieu d’emplacement?

Aboubacar Somparé: J’aurais voulu voir cette stèle-là à Conakry ville, pas en brousse là-bas. Mais puisque l’initiateur, c’est là-bas qu’il a voulu le mettre, je trouve que c’est normal que l’on reconnaisse au feu président Lansana Conté son mérite; d’abord, d’un grand citoyen, d’un grand soldat, d’un grand patriote et d’un bon chef.

AfricaLog.com: L’initiateur, c’est un particulier. Autrement dit, l’initiative n’est venue ni du gouvernement, ni du PUP.

Aboubacar Somparé: C’est un particulier qui a eu l’initiative de le faire. C’est hier [ndlr : jeudi, 20 mai 2010] que je l’ai su là-bas. Moi, je pensais que c’était une œuvre du gouvernement. C’est hier que j’ai su à l’inauguration que c’est un particulier, un homme d’affaires de la place qui a eu l’initiative. Bon, que ce soit lui ou quelqu’un d’autre, si ça été approuvé par le gouvernement, puisque c’est le premier ministre qui a dirigé la cérémonie à la place du chef de l’Etat, je trouve par conséquent que l’Etat est d’accord avec l’initiative. Donc, je pense qu’à partir du moment où il y a eu cette approbation du gouvernement en place, ça devient un monument officiel. En tant que tel, il devrait se retrouver à Conakry.

AfricaLog.com : Alors, à quelques heures de la publication de la liste définitive par la cour suprême, est-ce qu’il n’y a aucune inquiétude pour le candidat Somparé suite à la visite médicale?

Aboubacar Somparé: Je n’ai aucune inquiétude parce que ce dont je souffre fait partie des maladies du siècle. Ça ne m’inquiète pas, c’est maîtrisé. Mon diabète est maîtrisé, la tension est maîtrisée. J’espère que ce n’est pas ce qui va me handicaper pour m’empêcher à fonctionner. Ce n’est pas vrai.

AfricaLog.com: Beaucoup s’attendent à retrouver le candidat du PUP au second tour de la présidentielle. Alors, si le candidat Aboubacar Somparé ne franchissait pas le cap du premier tour, est-ce que ce sera la fin d’une certaine carrière politique active?

Aboubacar Somparé: Beuh, écoutez, je pense que je vais me retirer et me mettre toujours à la disposition de mon pays en cas de besoin. Si on a besoin de moi, je viens mais le militantisme systématique, je vais l’abandonner.

AfricaLog.com: Le 23 décembre 2008, il ya eu violation de la Constitution avec la prise du pouvoir par l’armée suite à la mort du Président Conté. Cependant, certains observateurs affirment que vous auriez été le premier, alors à la tête de l’Assemblée nationale, à violer la loi fondamentale, en refusant d’observer le mandat d’un an renouvelable. Qu’avez-vous aujourd’hui, comme argument de défense?

Aboubacar Somparé: Cela n’a été que dans les rumeurs. Ça n’a jamais été un acte officiel. C’étaient des intentions.

AfricaLog.com: De qui?

Aboubacar Somparé: Eh bien, d’un certain nombre de responsables qui tournaient autour du Président de la République. Ça ne s’est jamais concrétisé sous forme d’un acte quelconque.

AfricaLog.com: Vous voulez dire par là que la loi fondamentale soumise à referendum n’avait pas été adoptée?

Aboubacar Somparé: Non, la Constitution a toujours prévu que le mandat du Président de l’Assemblée est de cinq ans. Maintenant, autour du Président Conté, il y en a qui ont suggéré que ce mandat soit ramené à un an. Mais c’est resté au stade des vœux, ça n’a jamais été appliqué.

AfricaLog.com: Si je comprends et comme vous le dites, vous y voyiez votre mise à l’écart par certains proches du pouvoir d’alors?

Aboubacar Somparé: Non, beuh écoutez, ce serait injuste que le Président de la République soit élu pour cinq ans, et que celui de l’Assemblée, pas.

AfricaLog.com: Je crois que ce que vous dites aujourd’hui, je l’ai lu quelque part à l’époque.

Aboubacar Somparé: Ah, je ne sais pas, mais en tout cas, ce serait injuste. Et à ce propos, je ne me suis jamais exprimé officiellement.

AfricaLog.com: N’avez-vous pas regretté d’avoir été l’un des ardents défenseurs du referendum de 2001 qui a permis à Lansana Conté d’être réélu en 2003 ; surtout que par après on vous a vu perdre toute chance d’accéder à la magistrature suprême, en tant que dauphin constitutionnel, au décès du Président de la République?

Aboubacar Somparé: Je ne regrette pas d’avoir soutenu. Maintenant que je n’aie pas accédé à la magistrature suprême, ça été un cas d’accident de l’histoire. Pareil cas arrive tout le temps.

AfricaLog.com: 3 ou 4 ans avant sa mort, le Président Conté aurait voulu passer la main. Il aurait voulu savoir le nombre d’années qui lui restaient officiellement. Vous auriez fait partie de ceux-là qui lui auraient fait comprendre qu’il restait encore quelques années du mandat à lui confié par le peuple. Pouvez-vous rétablir la vérité historique de cette anecdote ?

Aboubacar Somparé: Non, je crois que je ne faisais pas partie de cette équipe-là.

AfricaLog.com: Donc ce n’est pas vrai comme information?

Aboubacar Somparé: Moi, je ne faisais pas partie. Je n’y étais pas présent.

AfricaLog.com: Vous n’en avez jamais entendu parler?

Aboubacar Somparé: Vraiment pas. C’est vrai, je n’en ai pas entendu parler.

AfricaLog.com: En faisant une introspection et en regardant dans le rétroviseur, ne vous arrive-t-il pas de regretter aujourd’hui le fait qu’en tant que Président de l’Assemblée nationale, vous n’ayez pas fait constater l’impotence de Conté à diriger le pays? Ce qui vous aurait permis d’accéder au pouvoir !

Aboubacar Somparé: Non, pas du tout.

AfricaLog.com: Pourquoi ?

Aboubacar Somparé: Parce que l’article 34 de la Constitution a été bien rédigé par le législateur. Il écrit qu’« en cas d’empêchement définitif… » Qu’est-ce que c’est qu’un empêchement définitif ? Il faut d’abord le définir ; « le Président de la Cour suprême constate la vacance du pouvoir. Et c’est lui qui proclame la vacance du pouvoir et qui demande au Président de l’Assemblée nationale d’assurer l’intérim. C’est-à-dire, ça été fait de manière qu’il n’y ait pas un coup d’Etat civil. Ni le Président de l’Assemblée, ni le Président de la Cour suprême, aucun des deux ne peut faire un coup d’Etat civil. Ensuite, « l’empêchement définitif ». Cette notion n’a jamais été clarifiée. Le Président de la République, il était malade certes ; mais il recevait les Chefs d’Etat, les visiteurs étrangers, il travaillait avec le gouvernement, il recevait les partis politiques, les syndicats, tout le monde. Donc, si c’était un empêchement définitif, il n’aurait pas pu faire tout ça. Au nom de quel principe, moi je vais aller alors, proclamer la vacance du pouvoir ? Avec qui ? Ce n’était pas faisable.

AfricaLog.com: Qu’est-ce qui a fait échouer votre avènement au pouvoir dans la nuit du 22 au 23 décembre 2008 suite au décès du Président de la République?

Aboubacar Somparé: Le Président de la Cour suprême [ndlr : Maître Lamine Sidimé] a estimé qu’il fallait attendre le matin pour prêter le serment.

AfricaLog.com: Avait-il hésité?

Aboubacar Somparé: Non, il n’a pas hésité. Peut-être qu’il avait ses raisons à lui. Il a estimé que ça doit être une cérémonie et qu’il fallait attendre le lendemain. Après ça, les militaires ont fait le coup d’Etat. Donc, c’est que quelque part, c’était prévu par la volonté de Divine.

AfricaLog.com: Aboubacar Somparé, le mal-aimé du régime Conté du 3 avril 1984 au 22 décembre 2008. Est-ce que l’on peut conclure cet entretien par cette affirmation?

Aboubacar Somparé: Non.

AfricaLog.com: Pourquoi?

Aboubacar Somparé: Parce que le Président même avait beaucoup confiance en moi. Ce sont les cadres qui le paniquaient tout le temps à mon propos. Ce sont les gens qui le paniquaient, hein. Sinon Lansana Conté et moi, nous avions des relations fraternelles depuis 1960. Tenez-vous tranquille, hein.

AfricaLog.com: A quelle occasion vous êtes-vous connus?

Aboubacar Somparé: La concession dans laquelle il descendait à Conakry était à côté de celle d’une de mes marâtres. C’est là que je passais mes dimanches. Quand il devait aller au Congo en 1960, c’est à cette occasion que j’ai fait sa connaissance. On a bavardé, on l’a accompagné jusqu’au port. Il s’est embarqué devant moi là-bas.

AfricaLog.com: Monsieur le Président Somparé vous êtes le candidat du PUP pour la présidentielle du 27 juin 2010. A quelques semaines du scrutin, quel message avez-vous à livrer et à vos militants, et à vos alliés, et au reste du peuple de Guinée?

Aboubacar Somparé: La sérénité, le calme, que le patriotisme domine mais la tolérance. Au lendemain des élections, nous devons nous regarder en frères sans que l’on en veuille les uns aux autres. Donc, je recommande vraiment, la tolérance, c’est-à-dire, il ne faut pas faire de bagarre du tout ni proférer d’insanités de quelque nature que ce soit.

AfricaLog.com: Merci bien.

Aboubacar Somparé: Merci à vous aussi.

Entretien réalisé par Ibrahima Sylla

 

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