Hadja Saran Daraba Kaba. Elle est la seule candidate parmi les 24 retenus pour le scrutin présidentiel du 27 juin 2010. Elle croit en son étoile; estimant qu'elle est bien placée, sinon mieux, pour remporter la bataille électorale qui se joue. Nous sommes allés à la rencontre de la fille de Kirina pour mieux connaître sa vision de la chose politique. Eh bien, elle a tout simplement conscience des enjeux. Elle semble préparée. Ce lundi, Hadja Saran Daraba s'apprêtait pour l'enregistrement de son temps d'antenne à la RTG de Koloma. Malgré l'impatience de son gentleman de directeur de campagne, elle nous accordera le temps nécessaire pour satisfaire nos curiosités. Elle a répondu à toutes nos questions. Sans langue de bois, sans fioriture aucune. Elle est toujours demeurée la même. La maternelle qui a toujours eu du respect pour les journalistes. Saran Daraba est l'une des rares personnes convaincues que sans les médias, toute activité fut-elle d'intérêt, ne peut que rester dans l'épaisseur du silence. L'entretien avec AfricaLog a eu lieu au siège de son REFMAP, Réseau des Femmes du Fleuve de la Mano.
AfricaLog.com: Hadja, pourquoi vous lancez-vous aujourd'hui à la conquête du fauteuil présidentiel ?
Hadja Saran Daraba Kaba (HSDK): Je me lance aujourd'hui à la conquête du fauteuil présidentiel parce que je me sens prête à assumer les fonctions de présidente de la République de Guinée. J'ai commencé la politique il ya un peu plus de 40 ans. Cela ne me rajeuni pas. J'ai été responsable au niveau des différentes écoles que j'ai fréquentées jusqu'à l'université, ensuite dans ma vie professionnelle, j'ai exercé de multiples fonctions qui m'ont amenée à exercer en zones rurales comme en zones urbaines, au niveau de la base, de la chaîne de commandement jusqu'au poste de ministre. Mais ça fait 10 ans également, que je travaille beaucoup, je dirais même 15 ans, je travaille beaucoup avec les institutions internationales dans le cadre de la coopération multilatérale et bilatérale.
Je pense donc qu'aujourd'hui, la transition actuelle donne une opportunité historique aux femmes de Guinée de prouver qu'elles sont en mesure d'exercer la plus haute fonction au sommet de l'Etat. Et j'en profite.
AfricaLog.com : Hadja, de quel poids la venue d’Ellen Johnson-Sirleaf à la présidence du Libéria a-t-elle pesé sur vous pour que vous vous décidiez à vous porter candidate au fauteuil présidentiel ?
HSDK : Ecoutez, je connais Mme Ellen Johnson-Sirleaf depuis un peu plus de 15 ans. Je l'ai connue quand elle était administrateur à la banque mondiale. Mais c'est surtout quand elle devenue la directrice du département Afrique du PNUD à New York, que j'ai eu le privilège de travailler avec elle. Et grâce à l'appui politique et financier, matériel qu'elle m'avait donné à l'époque, elle m'avait permis de rehausser le niveau et la qualité du travail du ministère des affaires sociales. Elle a également donné l'opportunité au ministère de sortir de la rhétorique de la revendication pour la promotion féminine pour être plutôt dans la rubrique de l'initiative. A partir de ce moment-là, tout ce que j'ai entrepris à mon niveau personnel, mais également au niveau des institutions que j'ai dirigées, j'ai toujours eu cette possibilité de prendre des initiatives d'exercer ma créativité et de faire autrement les choses. Et c'est pourquoi, je pense que Mme Ellen a beaucoup aidé. Et quand elle se présentait pour la seconde fois pour la présidence de la République du Libéria - je précise qu'en 1997 déjà, elle voulait être présidente, elle n'a pas passé - donc, la seconde fois quand elle est arrivée pour se présenter, nous avons mobilisé non seulement les femmes au niveau du Libéria, mais à l'extérieur du Libéria pour la soutenir. Et par la grâce de Dieu, elle a réussi.
AfricaLog.com: Est-ce qu'elle vous l'a retourné?
HSDK: Elle nous l'a retourné. Elle nous retourne tous les jours. Parce que Ellen, c'est une femme généreuse, c'est une femme heu... c'est une responsable.
AfricaLog.com: Vous a-t-elle aidée dans le paiement de votre caution pour la présidentielle?
HSDK : Non, non, non. Elle n'est pas intervenue dans le paiement de la caution. Ce qui est important chez Ellen, Ellen donne des directives. Ellen inspire. Ça c'est plus important que l'argent. Elle échange avec vous. Elle vous enrichit par une multitude de choses; et ça c'est plus important. Et elle vous gratifie de son amitié. Quand vous êtes dans son entourage, vous apprenez énormément. Avec elle, on apprend à être responsable. Et c'est ça qui est le plus important.
AfricaLog.com : Alors, vous avez anticipé les choses, Hadja. En tant qu'ancienne ministre des affaires sociales, de la promotion féminine et de l'enfance, quelle empreinte avez-vous laissée au ministère; empreinte dont vous êtes fière aujourd'hui ? Autrement quel est le bilan pouvez-vous brandir comme un trophée de guerre, par exemple?
HSDK : Je pense que la première chose que j'ai laissée aux affaires sociales, c'est d'abord de permettre aux cadres, aux fonctionnaires de ce département, de se prendre au sérieux. Parce que quand je suis venue dans ce département, c'était un département - et mon prédécesseur d'ailleurs m'avait prévenue- il m'a dit : "Saran tu es rigoureuse, tu es travailleuse, mais je te préviens les affaires sociales sont considérées comme un département où on demande la mobilisation des femmes, on a les problèmes des ménages à régler, on a le problème des handicapés," ainsi de suite. Elle dit : "avec ta rigueur, j'espère que tu vas créer une nouvelle dynamique." Et c'est ce que j'ai fait. Et c'est la première fois que des politiques très clairement définies ont été élaborées. Nous avons tiré de ces politiques des programmes, nous avons mobilisé des ressources importantes pour ce ministère. Nous avons équipé le ministère. Depuis notre départ de ce ministère, je ne pense pas qu'il y ait eu d'équipements complémentaires visibles au ministère des affaires sociales.
Ensuite, il y a chose, également, que nous avons pu inculquer dans l'esprit des cadres de ce département. C'est de ne pas croire qu'être ministre de la promotion de la femme, ministre de la promotion et de la protection de l'enfance, ministre de l'action sociale, qu'on est les responsables de ce secteur. Les trois thématiques qui sont réunies au niveau du ministère des affaires sociales sont des thématiques transversales. L’action sociale se trouve au niveau de tous les autres départements, mais également de toutes les autres institutions non étatiques. La promotion de la femme, c’est également la même chose. Au niveau de l’enfance, le ministère de l’éducation s’occupe de l’enfance, le ministère de la santé s’occupe de l’enfance, le ministère du travail s’occupe de l’enfance. Bref, il y a tous les départements qui s’occupent des cibles du ministère des affaires sociales.
L’une des choses que j’ai réussi à inculquer, c’est que le ministère doit se considérer comme un ministère coordonnateur. Coordinateur des initiatives en faveur de ces groupes-cibles d’une part. D’autre part, le ministère doit assurer le suivi de ce qui se passe, parce qu’il y a une vision qui est traduite dans une politique. Pour la mise en œuvre de cette politique, il y a plusieurs départements.
AfricaLog : Quelle action concrète avez-vous entreprise dans le sens de la qualification des femmes ou de l’amélioration de leurs revenus par exemple.
HSDK: Je vous donne un exemple concret : quand nous avons décidé que les femmes qui sont dans la production et la transformation du lait apprennent à améliorer leurs méthodes de travail, nous avons travaillé avec le ministère de la pêche et de l’élevage. Nous avons choisi une trentaine de femmes qui sont allées au Burkina Faso, qui ont fait des stages en familles chez des éleveurs burkinabés pendant 45 jours. Et quand elles sont revenues, rien n’était plus comme avant.
AfricaLog : Etait-ce tout?
HSDK : Non, nous avons également remis à l’honneur le "kèndili" [ndlr : bougie] de Kindia ; nous avons remis à l’honneur le pagne indigo. Nous sommes le seul pays aujourd’hui qui fait de l’indigo vraiment à grande échelle. Ça fait partie de notre culture. Mais le guinéen boude le pagne indigo. Le guinéen ne se dit pas qu’il est le premier client de la vendeuse ou de la productrice de page indigo. Donc nous avons réussi à sensibiliser les gens pour avoir une autre vue sur le pagne indigo.
Aujourd’hui, d’autres villes que Kindia produisent du kèndili parce qu’il y a une demande telle que Kindia seule n’arrive plus à satisfaire. Nous avons relancé le tissage traditionnel. Vous voyez maintenant que les pagnes tissés en Guinée ne sont plus que le "lépi" teint en bleu et blanc. Aujourd’hui, vous avez des pagnes tissés guinéens qui ont d’autres motifs, même si c’est toujours en rayure, mais c’est une évolution notable par rapport au passé.
Ensuite nous avons, avec très peu d’argent, vulgarisé une technique qui existait au niveau de l’APEK de Kindia. Il y avait pendant 10 ans une expertise qui avait été créée au niveau de l’APEK-Kindia par rapport à la conservation et à la transformation des produits agricoles. Nous avons fait des séminaires avec les formateurs de l’APEK de Kindia. Nous en avons fait à Boké, on a fait à Mamou, on a fait à Kankan, Kissidougou, Faranah et même à Nzérékoré et Lola. Aujourd’hui, sur l’ensemble du territoire national, quand la période des fruits arrive, vous voyez que les femmes sont capables de produire des confitures. Ça vient de là.
AfricaLog : Quelle place l’éducation préscolaire a-t-elle occupée dans cette entreprise que nous trouvons vaste?
HSDK: Nous avons également pu mettre l’éducation préscolaire dans l’éducation de base. Nous étions le seul pays en Afrique de l’ouest qui ne considérait pas l’éducation préscolaire comme faisant partie de l’éducation de base. La Guinée considérait l’éducation à partir du moment où l’enfant arrive à l’âge scolaire. Or quand il arrive à l’âge scolaire, le quotient intellectuel est déjà mis en place. Certains réflexes sont déjà mis en place. Et donc, intégrer l’éducation préscolaire dans l’éducation de base, c’est une chose dont je suis très fière parce qu’un enfant qui réussi au jardin d’enfant, à l’école maternelle, vous êtes sûr qu’il réussit à l’école primaire et à l’école secondaire.
AfricaLog: On est vraiment séduit par tous ces acquis que vous énumérez à votre actif pendant votre passage au gouvernement. Pourquoi ne chercheriez-vous pas plutôt à être une égérie pour le futur Chef de l’Etat, par exemple.
HSDK: Ecoutez, quand j’étais ministre, j’étais conseillère d’un Président et d’un Premier ministre.
AfricaLog: Est-ce dire par là que vous en avez assez maintenant?
HSDK: Ce n’est pas que j’en ai assez. Je pense que je me sens en mesure maintenant de diriger un Etat. Je me sens en mesure de diriger un Etat par mon expérience, par ma formation, par la maturité dont l’âge que j’ai... Je pense qu’aujourd’hui, j’ai la possibilité, avec les différentes fonctions que j’ai exercées, à l’intérieur de la Guinée comme à l’extérieur de la Guinée, aujourd’hui je suis en mesure de dire : j’ai ne vision pour la Guinée. Et cette vision, je ne peux la traduire en acte concret que si je suis au sommet de l’Etat. Je veux imprimer une nouvelle dynamique, je veux montrer un nouvel exemple de leadership dans le pays.
AfricaLog: Vous passez pour être une grande médiatrice. Alors de toutes les médiations que vous avez menées ou auxquelles vous avez participé, quelle est celle dont vous gardez un grand souvenir au regard de la délicatesse des tractations?
HSDK: Ecoutez, moi je pense que la médiation dont je suis très fière, d’abord elle a sauvé des milliers de vies, ensuite par son caractère singulier, c’est celle qui a consisté à mettre le Président Conté, le Président Teejan Kabbah et le Président Taylor autour d’une même table. Ça, ç’a été important. Parce que ça s’est passé dans des conditions extrêmement difficiles.
AfricaLog: Quelles ont été les démarches que vous avez menées pour parvenir à cet exploit, si je puis dire, de faire asseoir, à l’époque Conté et Taylor autour d’une même table?
HSDK: Je vous passe les détails. Effectivement, comme vous le dites si bien, ce n’était pas du tout gagné d’avance. Car au moment où nous avons décidé de nous investir, à mettre le pied dans le plat, je dirais, la situation était très pénible. Il y avait 17 délégations qui s’étaient succédé en Guinée pour essayer de convaincre le Président Conté que la guerre du Libéria, la guerre de Sierra-Léone ne pourraient prendre fin que s’il ya négociations entre les trois gouvernements. Madeleine Albright était passée, Jacques Chirac est venu, le Président Wade, le Président Konaré alors qu’il assurait la présidence de la CEDEAO, il y a eu le Président Olusegun Obasanbjo, le Secrétaire général adjoint des Nations-Unies, le Pr. Ibrahima Fall, l’ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal et d’autres encore : les Présidents de la Gambie, de Guinée Bissao. Beaucoup de personnes donc, s’étaient succédé pour essayer de convaincre le Président Conté de la nécessité de cette médiation. Mais quand nous, nous avons pris le problème, nous avons utilisé, disons, l’expertise féminine dans un problème complexe. Voir le nœud qui peut faire en sorte que le problème soit clarifié et que l’on sache exactement quels sont les acteurs les plus importants et quelles sont les demandes des différentes parties et cela, nous avons pu le faire.
AfricaLog : Quel atout possédiez-vous à l’époque?
HSDK: Nous avions eu une formation à l’université du Cap en Afrique du sud qui avait précédé cette médiation. Donc, ça nous a donné beaucoup d’outils qui nous ont permis vraiment, d’identifier les vrais problèmes et d’identifier les vrais acteurs. Au niveau du Président Charles Taylor, une étude psychologique de ce président nous a permis de savoir par quel côté il fallait le prendre. Tout comme le Président Conté. Et les termes que nous avons utilisés ont été les termes qui les ont touchés. Et par la grâce de Dieu, nous avons réussi à les convaincre qu’il n’y avait pas d’autre choix.
AfricaLog : Quel argument aviez-vous pour aborder et réussir à convaincre le Général Lansana Conté qui nourrissait, tout le monde le sait, une haine viscérale vis-à-vis de Charles Taylor?
HSDK: Au Président Conté, par exemple, nous avons dit vous êtes un soldat de carrière, vous êtes un soldat de profession. Vous, vous savez le coût de la vie. Vous savez ce qu’est la paix. Vous savez ce qu’est la guerre. Ouvrez la porte pour la paix. Ouvrez la porte pour la paix, parce que c’est ce qui est digne du soldat que vous êtes. Vous êtes chef de l’Etat depuis plus de vingt ans. Vous savez ce que le pouvoir a comme contraintes. Vous savez quelles sont les difficultés qu’il y a dans l’exercice du pouvoir. Vous êtes aujourd’hui plus expérimenté par rapport à l’exercice de ce pouvoir que le Président Charles Taylor qui est venu d’une rébellion. Vous, vous avez gravi les échelons de l’armée guinéenne. Vous avez gravi tous les échelons de l’armée guinéenne en étant au service d’un pouvoir politique. Même si vous n’étiez pas dans le système politique, mais vous étiez proche du système politique. Donc, vous avez observé. J’ai continué en ces termes : Le Président Taylor était un rebelle, il ne faut pas l’oublier, M. le Président. Et il a accédé au pouvoir parce qu'il a pris les armes. Vous ne pouvez pas avoir la même conception du pouvoir que lui, d'une part. D'autre part, vous êtes beaucoup plus âgé que lui. Troisièmement, c'est votre voisin, vous n'avez pas d'autre choix que de négocier. On dit chez nous que quand on accouche du serpent, on l'attache à sa taille. Il ne s'agit pas de serpent, il s'agit de la mauvaise personne. Que ce soit votre enfant, que ce soit votre voisin, que ce soit votre ami, c'est important de savoir négocier dont, de toutes façons, vous ne pouvez pas vous défaire. Nous avons dit au Président Conté, "vous n'avez pas choisi que la Guinée et le Libéria soient voisins, vous n'avez pas choisi que le Président Taylor arrive au pouvoir, vous même, semble-t-il - il a sourit quand on lui a dit ça - vous n'avez pas décidé de devenir Président. Ce sont vos collègues qui vous ont choisi pour diriger le CMRN [ndlr : Comité militaire de Redressement National qui a pris le pouvoir le 3 avril 1984 à la mort du Président Ahmed Sékou Touré] et donc, de devenir un chef de l'Etat. Alors, aujourd'hui, si vous ouvrez d'ouvrir la porte de la paix, l'histoire retiendra que vous avez refusé la paix au peuple frère du Libéria. L'histoire retiendra que vous avez refusé la paix au peuple sierra-léonais. Nous, en tant que femmes, nous n'avons plus de larmes. Nous avons tellement pleuré que nos larmes ont tari. Nous avons été violées, nous avons été charcutées, nous avons été tuées, nous avons été mutilées... Vous pensez que vous avez le droit de continuer à refuser de parler à celui qui est à la base de cela ? Vous avez plutôt le devoir de lui parler M. le président, parce que vous êtes un chef, vous êtes un homme. Vous avez une mère, vous avez des filles, vous avez des sœurs, vous n'avez pas le droit de continuer à nous faire pleurer.
AfricaLog: Comment était-il en vous écoutant parler ainsi Mme la présidente de la CDP et quelle réponse a-t-il dû avoir, certes difficilement, pour vous?
HSDK: Ça l'a ramollit complètement, ça l'a ramollit. Il nous a demandé tout de go : "mais qu'est-ce que vous voulez alors que l'on fasse ?" On lui a dit M. le Président, prenez le téléphone, appelez votre frère. Il est un mauvais frère, mais il est un frère. Vous avez le devoir de lui parler. Il dit "très bien".
AfricaLog: Alors?
HSDK : Alors, il a donné des instructions sur place au ministre des affaires étrangères pour pouvoir aller au Libéria. Parce que le Président Taylor nous avait dit quelques semaines auparavant, que même quand il téléphone au Président Conté, il ne prend pas le téléphone. Donc, c'est comme ça que ça c'est dénué.
AfricaLog: Justement, avec des propos laudateurs que vous avez tenus au Président Conté, comment comptiez-vous aborder le Président Charles Taylor en face?
HSDK : Très bien. Ce que je ne vous ai pas dit, c’est qu’auparavant, nous étions parties voir le Président Taylor qui nous a dit "qu'est-ce que vous êtes venues chercher au Libéria ?" On a dit mais, c'est chez nous. Le Libéria, c’est chez nous. Nous sommes membres de la CEDEAO et n'oubliez pas que 40% de la population libérienne est d'origine guinéenne. Nous avons 9 ethnies en commun entre le Libéria, la Sierra-Léone et la Guinée. Nous avons 9 ethnies en commun. Donc, en territoire libérien, nous sommes les citoyens du fleuve Mano. Nous sommes venues faire une formation, c'est pourquoi nous sommes là, M. le président. Il demande "bon, qu’est-ce que vous voulez ?". Ce jour-là, j’ai décidé de lui parler en anglais pour être sûre qu’il allait comprendre ce que j’allais dire.
C’est là que je vais donner la réponse à votre question. Je lui ai dit M. le Président, vous êtes chef de l’Etat du Libéria, donc d’un Etat africain. Ce que nous sommes venus vous dire, nous voulons être fiers du chef africain que vous êtes. Parce que dans la tradition africaine, le chef incarne les vertus de la communauté. Nous voulons que vous reflétiez les vertus de la communauté africaine. Mais nous sommes inquiètes, nous avons peur parce qu’il y a une chose que nous avons découverte : vous ne respectez pas vos engagements. Vous avez pris des engagements en face de vos frères à la CEDEAO. Vous leur avez dit que vous alliez ramener les deux ambassadeurs guinéen et sierra-léonais que vous aviez renvoyés. Ça fait plus de 2 mois que cette promesse a été faite, vous n’avez pas respecté. Tous les engagements que vous avez pris devant vos pairs, vous ne les avez pas tenus.
AfricaLog : Vous avez eu le courage de dire tout ça ce jour?
HSDK : Nous avons dit ce jour devant le président Taylor. Nous avons dit, nous sommes inquiètes. Nous sommes inquiètes, permettez-nous d’être fières de vous. Ramenez les deux ambassadeurs de Guinéen et de Sierra-Léone chez vous. Parce que si vous renvoyez les ambassadeurs, ça veut dire que vous coupez le dialogue. En matière de convention internationale, si vous renvoyez le représentant d’un gouvernement de votre sol, vous rompez les relations diplomatiques. Donc, c’est assimilé à cela.
AfricaLog: Alors, le dénouement maintenant, c’était quand et où?
HSDK: Le dénouement, c’est que le Président Conté a envoyé son ministre des affaires étrangères qui a fait Monrovia, qui a fait Freetown. Parce que le Président Teejan Kabbah était quelque peu embarrassé. Il avait de bonnes relations avec le Président Conté, et le Président Taylor le respectait. A défaut de l’écouter, mais en tout cas il le respectait. Donc le Président Teejan Kabbah était dans une situation extrêmement difficile. Et quand nous avons réussi à convaincre le Président Conté qu’il fallait relancer le dialogue, la ministre des affaires étrangères [ndlr : de Guinée, Mahawa Bangoura] a été et c’est ce qui a déclenché le nouveau processus de négociations qui a conduit au sommet de Rabat [ndlr : Maroc] en février 2002 et qui a clos réellement le différend entre les différents chefs de la sous-région et qui a ouvert la porte à la cessation des hostilités en Sierra-Léone en 2002 et qui a lancé le processus de négociations inter-libériennes. Ces négociations se sont passées à Accra [ndlr : Ghana] en juin 2003. Ç’a duré 2 ou 3 mois - d’avril à juin - et le Réseau de la Mano [ndlr : Réseau des Femmes de la Mano river pour la Paix] a été interpellé pour être signataire de l’accord de paix inter-libérien. C’est donc, vraiment, ma plus grande fierté en matière de négociation.
AfricaLog : Alors, est-ce parce que Hadja Saran Daraba confond les rôles (société civile, expérience gouvernementale, médiations et occupation du fauteuil présidentiel), qu’elle se lance aujourd’hui dans la conquête du palais présidentiel "Sèkhoutouréya"?
HSDK : Non, je pense qu’il n’y a pas de confusion. Moi, j’ai fait différents parcours. J’ai été fonctionnaire de l’Etat, j’ai travaillé dans les villages, j’ai travaillé au niveau des villes, j’ai travaillé à Conakry dans l’administration centrale dont j’ai gravi tous les échelons. Quand j’ai quitté, je suis allée dans le secteur privé où je suis restée 10 ans durant. Ensuite, je me suis lancée dans la société civile parce que ça correspondait un peu à mon caractère de vouloir s’occuper des autres. Et c’est pour cela que je suis entrée dans la société civile. Il s’est trouvé que mon expérience m’a permis de faire en sorte que j’aie un rôle plus politique au sein de la société civile. J’ai été interpellée auparavant pour faire de la politique mais je pensais que dans la société civile, j’avais un rendement beaucoup plus important pour le pays en ce moment. Surtout que je travaillais sur la thématique de la paix. Et la Guinée avait besoin de paix, de stabilité ; la sous-région avait besoin de paix et de stabilité. C’est pour cela que je me suis déployée. Mais après 20 ans dans la société civile, vous êtes d’accord avec moi que je n’ai plus rien à prouver. Il me faut aller en politique et je commence par là où je pense que je dois commencer.
AfricaLog : Ça c’est en considérant que le bilan - le vôtre - a été positif !
HSDK : Beuh, tout à fait. Au cours de la campagne, nous donnerons la parole à nos collègues, nous donnerons la parole à nos partenaires pour dire ce qui s’est passé. Parce qu’on dit chez moi, que "le couteau ne peut pas gratter son propre manche".
AfricaLog : Alors Hadja, au soir du 27 juin, lorsque vous serez déclarée Présidente de la République de Guinée, quelle sera la priorité de vos actions ?
HSDK : La priorité absolue, c’est de ressembler les guinéens pour s’entendre. La Guinée est l’un des pays de la sous-région les mieux dotés en ressources humaines. J’insisterai beaucoup sur cela. Nous n’avons aucun mérite par rapport aux potentiels naturels dont Dieu a doté notre pays. Nous n’avons pas payé Dieu pour qu’Il nous donne la bauxite, nous n’avons pas payé Dieu pour qu’Il nous donne l’or, le diamant, l’uranium, le pétrole. Nous n’avons aucun mérite dedans. Par contre, nous avons le mérite, après 52 ans d’indépendance, d’avoir eu des ressources humaines de grande qualité. Ces ressources humaines doivent collaborer pour sortir la Guinée de l’état de pauvreté dans lequel elle se trouve. La première priorité donc pour moi, si le 27 juin, je suis élue Présidente de la République, c’est de dire aux Guinéens, toutes catégories confondues, de l’intérieur comme de l’extérieur, jeunes, vieux, femmes, hommes, guinéens résidant en Guinée ou à l’extérieur, qu’aucune personne n’a une solution panacée aux différents maux dont la Guinée souffre. Il nous faudra constituer une équipe avec compétence, avec esprit de solidarité, esprit d’équipe mais surtout, beaucoup de volontarisme pour sortir le pays de l’état dans lequel il se trouve.
AfricaLog : Hadja, on voit que vous avez une croyance en Dieu. Alors, si vous n’arrivez pas à franchir le cap du 1er tour, est-ce que vous allez faire campagne pour un autre même si vous ne partagez pas son opinion ou son programme de société ?
HSDK : Vous savez, M. Sylla, j’ai dit à d’autres que vous, que ce que nous allons montrer en politique, c’est traduire dans la politique, les qualités spécifiques à la femme. La femme est négociatrice, la femme est médiatrice. Nous pensons que tous les candidats qui ont été acceptés, validés par la Cour suprême, ont le droit de vouloir être le Président de la République dans ce pays. Ils ont certainement beaucoup de mérites, mais Dieu ne choisira qu’un seul ou une seule, le 27 juin. Peut-être, dans un deuxième tour. Parce que l’éclatement, l’émiettement de l’électorat fera peut-être qu’on ne s’arrêtera pas à un seul tour. Donc, si au sortir de ce processus-là, nous ne sommes pas élue, nous serons fidèle à nos engagements. Le premier engagement que nous avons, nous aimons la Guinée, nous aimons la Guinée, nous aimons les Guinéens. Nous voulons les servir et non nous servir d’eux. Nous voulons que la Guinée réussisse. Que la Guinée devienne un pays qui revienne dans le concert des nations avec une contribution de qualité. Nous voulons que les guinéens soient fiers de la Guinée. Cela nécessite que nous nous donnions la main, que nous constituions une équipe sur la base du mérite, sur la base du patriotisme, sur la base de la compétence, sur la base de la fidélité aux idéaux qui ont inspiré les fondateurs de ce pays, les fondateurs de cette République. Je pense que c’est important que nous restions fidèles à nous-mêmes. Notre hymne est assez invocateur dans ce sens-là [ndlr : elle entonne les strophes de l’hymne national guinéen]
AfricaLog: Est-ce que c’est en se basant sur ces idéaux que vous avez choisi les couleurs du panafricanisme à travers un parti à appellation et à connotation panafricaines : la Convention Démocratique Africaine?
HSDK: Tout à fait. Absolument, parce que nous sommes un pays qui a des singularités. Nous avons 6 voisins : la Guinée-Bissau, le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Libéria et la Sierra-Leone. Si ça ne va pas en Guinée, nous allons affecter les 6 autres pays. Mais si ça va en Guinée, nous pouvons tirer les autres. Aujourd’hui, le fait que nous soyons instables, affecte l’ensemble de nos voisins. Je pense que ce choix politique que nous avons fait dès la fondation de notre Etat, était un choix qui devait faire comprendre aux guinéens qu’il y a des problèmes que nous pourrons régler au niveau national ; mais il y a des problèmes auxquels nous ne trouverons de solution qu’aux niveaux sous-régional et africain.
AfricaLog: Hadja, sur un autre plan, êtes-vous satisfaite de la Constitution actuelle, notamment de la façon dont elle a été adoptée par le CNT et de sa promulgation par décret du Président de la transition?
HSDK : Je ne suis pas satisfaite de la façon dont la Constitution a été rédigée et promulguée. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre.
AfricaLog: Le moindre c’est quoi?
HSDK: Le moindre aujourd’hui, c’est qu’on revienne à une vie constitutionnelle normale. Le moindre, c’est qu’on aille aux élections pour savoir le poids politique de chaque formation. Parce que jusqu’à présent, et depuis que nous avons opté pour le libéralisme politique et économique, on ne connaît pas le vrai poids politique des formations en présence. Parce que les élections que nous avons eues étaient émaillées de beaucoup de non-transparences, je pourrais dire. Donc, aujourd’hui, l’opportunité est donnée qu’on sache exactement qui pèse quoi. C’est vrai, nous avons beaucoup d’imperfections dans les préparatifs, nous avons une Constitution qui est méconnue de 99%, je dirais 99,9% des guinéens, c’est vrai. Mais, elle existe, cette constitution. On a un code électoral qui est méconnu dans ses grandes lignes. Mais, nous allons utiliser, même avec ces imperfections, ces outils, cet arsenal juridique pour aller aux élections. Et que, une fois qu’un gouvernement est mis en place, qu’une priorité soit donnée à faire une base légitime au pouvoir. Base légitime au pouvoir qui permette vraiment que chacun se reconnaisse dans ce texte-là, que chacun se l’approprie, que chacun en fasse une sorte de code de conduite, de mode de vie. C’est ça qui est important. Parce que si nous attendons que tout soit parfait, combien de temps ça va prendre ? Je suis de ceux qui ont vraiment milité pour un référendum au moins. Mais, on aurait pris deux ou trois mois, d’abord pour expliquer la Constitution, ensuite, un mois, deux mois encore pour faire ce que nous sommes en train de faire maintenant et on aurait pas pu avoir une constitution qui satisfasse tout le monde avant la fin de l’année, et peut être la fin du 1er semestre de l’année prochaine. Mais, mais, les risques liés à l’utilisation de la Constitution, du code électoral tels qu’ils sont aujourd’hui, c’est un risque de conflit, c’est un risque d’instabilité politique post-électorale.
AfricaLog: C’est pourquoi dans beaucoup de vos déclarations d’avant promulgation, vous étiez opposée à la tenue des élections pendant la période indiquée. Vous écorchiez même ceux-là qui travaillaient sur la Constitution ainsi que la première mouture de celle-ci qui a été présentée. Alors qu’est-ce qui s’est passé dans votre tête pour que vous acceptiez aujourd’hui cet état de fait au point de vous porter candidate pour le fauteuil présidentiel ?
HSDK: Non, je ne me suis pas prononcé officiellement et publiquement pour le report des élections.
AfricaLog: Pourtant, on a vu et lu sur différents supports.
HSDK : Vous l’avez vu sur différents supports parce que j’ai parlé avec le Groupe International de Contact [ndlr : sur la Guinée] pour dire et je répète cela : se précipiter pour aller aux élections peut faire plus de mal que de bien.
M. Sylla, depuis 10 ans que travaille sur les conflits en Afrique de l’ouest, je sais ce que les élections mal faites peuvent amener comme conséquences. Et c’est ça qui était ma force et qui constitue encore ma conviction. Je suis sûre que si les élections ne sont pas faites dans les conditions normales, il y a risques d’instabilité. Mais, d’un autre côté, j’ai foi au peuple de Guinée. Je sais la capacité du peuple de Guinée à se ressaisir, à mesurer les enjeux, à relever les défis auxquels il est confronté. Je pense que dans ce cas d’espèce, nous avons un outil imparfait, nous avons un cadre imparfait, mais nous avons un peuple fort qui est capable de transcender ses imperfections, qui est capable de se dire : "ok, ce qui s’est passé n’est peut-être pas la meilleure façon, ce n’est même pas du tout la bonne façon. Mais je suis assez fort pour me soigner moi-même". Et c’est sur ça que je compte pour que le peuple de Guinée revienne vraiment à l’orthodoxie juridique en matière de fondement de la République. Parce que c’est ça qui va garantir la justice, c’est ça qui va garantir la solidarité, c’est ça qui va garantir la paix.
AfricaLog : Hadja, les audits réalisés sont toujours sans suite. Auront-ils un avenir avec vous?
HSDK : Sûrement. Je peux vous dire que la lutte contre la corruption sera un axe fondamental du travail que j'imposerai à mon équipe. Je crois que la Guinée doit rompre avec la culture de l'impunité.
AfricaLog: Vous étiez de l'UFR, Union des Forces Républicaines de Sidya Touré. Pourquoi le divorce?
HSDK: Ecoutez, moi j'ai quitté les rangs de l'UFR, il y a plus de 9 ans. Pas parce que j'avais un différend particulier avec le premier ministre Sidya Touré, mais parce que mon travail au sein de la Mano [ndlr : Mano River Union], ne me permettait pas d'avoir une vie militante active. Et je m'en suis expliquée avec lui très clairement pour dire qu'étant à la tête d'une organisation non gouvernementale, je ne me sens pas à l'aise d'être membre du bureau exécutif d'un parti politique. Les deux pour moi, ne peuvent pas être menés de paire. Donc, le président Sidya Touré a reconnu que je suis plus utile au pays en étant à la tête de la Mano, qu'en étant membre du bureau exécutif de l'UFR.
AfricaLog: Alors, peut-on dire que le REFMAP [Réseau des Femmes de la Mano pour la Paix] est sacrifié au profit de la CDP [Convention Démocratique Panafricaine]?
HSDK: Non, pas du tout. Le REFMAP travaille depuis 10 ans et vous êtes dans nos locaux. Nous avons créé une institution qui est animée par des jeunes, par des personnes aujourd'hui expérimentées et compétentes. Pas plus tard qu'avant hier [ndlr : le 31 mai 2010] le REFMAP a terminé un atelier au profit des communicateurs traditionnels à N'zérékoré et le REFMAP commence une activité de sensibilisation au niveau de la Guinée forestière pour permettre la tenue d'élections paisibles.
AfricaLog: Qu'est-ce qui différencie la candidate Hadja Saran Daraba Kaba des autres candidats?
HSDK : Beuh, d'abord, elle est femme. Ça c'est une différence fondamentale avec tout ce que cela implique en matière d'humanisme, en matière d'exemplarité... Également, ce qui me distingue, c'est mon parcours. Mon parcours me distingue par rapport aux autres candidats. Je pense que je suis la seule qui, de manière discontinue, ces 30-35 dernières années, est restée exclusivement au service des populations guinéennes.
AfricaLog: Aucun signe distinctif, aucune ambiance particulière n'accueillent le visiteur qui vient au siège du REFMAP, comme étant le Q.G. d'une candidate à une présidentielle. Pourquoi cela?
HSDK: Non, le Q.G. n'est pas là. Nous sommes au siège du REFMAP. Le Q.G. se trouve chez moi au quartier Taouya. Là, quand vous irez, vous verrez qu'il y a un Q.G. de campagne, vous verrez les équipes de campagne, les équipes de mobilisation, vous verrez les personnes qui travaillent sur les différents supports et sur les différents textes.
AfricaLog: Il y a une rumeur qui court aujourd'hui comme quoi, parmi les 24 prétendants au fauteuil présidentiel, un aurait les faveurs du Président de la transition, général Sékouba Konaté et qu'il serait même le choix de la France. Quel accueil avez-vous réservé à cette rumeur?
HSDK: Je me méfie des rumeurs. J'ai travaillé sur les conflits pendant de longues années, je sais que les rumeurs participent à créer un climat conflictuel. Mais, pour ma part, je n'ai aucune peur qu'un candidat quelconque soit soutenu par qui que ce soit. Par contre, j'ai beaucoup de respect pour le général Sékouba Konaté. J'ai beaucoup de respect pour lui et je ne le crédite pas d'une volonté de vouloir s'impliquer. S'il voulait s'impliquer, il y a des signes que l'on aurait déjà vus. Il y a des choses que l'on aurait sues. Au moment où je vous parle, je n'ai pas eu l'information et je peux vous dire qu'en matière d'information, j'ai une expérience qui me permet de dire que je peux être bien informée s'il y a une quelconque volonté de cette nature-là. Maintenant, la France, c'est un État qui a des intérêts importants en Guinée. Elle peut vouloir influencer le processus, elle peut avoir son propre candidat, on ne va pas le lui refuser. Les Etats n'ont pas d'amis, ils ont des intérêts. La France, je pense, travaillera avec la personne que le peuple de Guinée choisira.
AfricaLog : Comment vous avez pu réunir votre caution de 400 000 000 GNF?
HSDK: Ecoutez, j'ai trouvé la caution des 400 000 000 par mes militants, par des amis, par ma famille qui a réuni donc les 400 000 000 pour que je puisse payer la caution.
AfricaLog : Ne l'avez-vous pas trouvée de trop par rapport à la vie du guinéen lambda?
HSDK: Elle est énorme. Elle est énorme et j'ai été membre de la délégation qui est allée à la Présidence de la République pour demande qu'on revoit à la baisse cette caution. Malheureusement, ni le Président Konaté, ni d'autres personnes au niveau du gouvernement n'étaient en mesure de nous rassurer par rapport à une quelconque possibilité de revoir à la baisse. Et nous n'avons même pas senti une volonté d'intervenir du tout dans le processus. A partir de ce moment, nous avons décidé de nous acquitter de la caution.
AfricaLog: Alors si vous êtes élue, quel sera l'avenir du CNT ? Allez-vous le dissoudre aussitôt entrée en fonction ou bien vous allez respecter les textes, quoique critiqués aujourd'hui?
HSDK: Ecoutez, je pense qu'il y a des équipes qui travaillent sur différentes questions. Le CNT [Conseil National de la Transition] a été mis en place avec des termes de référence très clairs. Nous suivront à la lettre ces termes de référence.
AfricaLog: Hadja, pour conclure cet entretien, en tant que mère, en tant que candidate, en tant que citoyenne, vous avez certainement un message à passer aux électeurs, aux gens qui participent aux différentes campagnes, aux militants...
HSDK : Je voudrais m'adresser d'abord aux différents candidats. Mon message aux différents candidats est qu'il ne sert à rien de que ses militants sont plus engagés que les militants d'autres partis; qu'ils sont plus aptes à faire une campagne tapageuse plus que d'autres. Je pense qu'il est important que les leaders comprennent que le vrai vote, ça sera le 27 juin 2010 et que c'est dans les urnes que ça va se passer. Ni sur un ring, ni dans nos rues. Le second message que je voudrais passer à l'ensemble du peuple de Guinée, résidant ou pas sur le territoire national, ces élections nous donnent l'opportunité historique unique de choisir la personne qui doit diriger la Guinée pour sortir la Guinée de l'État dans lequel il se trouve. Si nous ratons cette occasion, nous aurons raté notre rendez-vous avec l'histoire.
AfricaLog: Merci Hadja et bonne chance.
HSDK : Merci.
Entretien réalisé par Ibrahima Sylla.
Site web de Hadja Saran Daraba Kaba: http://www.dsk2010.com