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Sidya Touré : « Trois de mes anciens ministres seront candidats à la présidentielle. La formation qu’on leur a donnée a servi à quelque chose.»

May 12, 2010

A la veille du dépôt des candidatures à la Cour suprême en vue de la présidentielle du 27 juin 2010, votre site AfricaLog.com a rencontré le leader de l’Union des Forces Démocratiques (UFR), Sidya Touré pour un entretien à bâtons rompus.

AfricaLog.com: Monsieur le Président de l’UFR, le Président de la transition vient de promulguer la nouvelle Constitution guinéenne par décret. Quel accueil en avez-vous fait?

Sidya Touré: Je crois que la promulgation de la Constitution par décret ou par ordonnance ne nous a pas, en soi, posé problème. Ce qui nous a posé problème c’est le fait que le CNT a remanié (!) : nous avions, 101 membres du CNT ; on en a 159 ou 160, on ne sait plus d’où sont venus tous ces gens. Ce document transmis au Président de la République aurait dû faire l’objet d’examen au niveau du gouvernement et des forces vives. Et je crois que ça aurait été utile d’avoir 48 heures de débat dessus, ça nous aurait permis peut-être d’éviter un certain nombre d’écueils qu’on voit aujourd’hui, notamment en ce qui concerne la fixation de la date de la campagne électorale, en ce qui concerne un certain nombre de choses. Donc, ok, le texte est adopté. C’est regrettable que l’on n’ait pas pu discuter plus longtemps là-dessus. Ce texte, à mon sens, risque de permettre au prochain président de se retrouver avec trois (3) mandats présidentiels ; alors que ce n’est pas l’objectif que nous cherchons pour démocratiser notre pays.

AfricaLog.com: Comment cela pourrait-il se passer, alors que dans le texte constitutionnel, il est dit : deux mandats non renouvelables?

Sidya Touré: Oui, si vous faites un mandat aujourd’hui et que dans quelques mois, une fois que les élections législatives seront passées et que vous décidiez de consulter le peuple, ce qu’on ne peut pas vous nier, vous allez adopter une nouvelle constitution. Cette nouvelle constitution vous donnera forcément deux (2) mandats. Et comme la rétroactivité n’existe pas en droit, le mandat actuel ne sera pas concerné et légalement, vous vous retrouverez avec trois (3) mandats sans que vous ne tripatouilliez rien du tout.

AfricaLog.com: Cela veut dire, si Monsieur Sidya Touré est élu aujourd’hui, on peut s’attendre à un referendum autrement dit, une consultation du peuple!

Sidya Touré: Tout président fera une consultation populaire dans la mesure où cette adoption a été faite dans ce sens-là.

AfricaLog.com: Alors, si vous êtes élu au soir du 27 juin 2010, Monsieur Touré, quelles sont vos priorités pour la Guinée?

Sidya Touré: Ça, je crois que, ce sont des choses quelque peu, je dirais, connues dans la mesure où notre parti s’est situé en directe ligne de ce que c’était un parti de programme économique. Nous avons fait en sorte que d’abord, soient connus par nos compatriotes, les objectifs et la détermination que nous avons à aller de l’avant pour améliorer leurs conditions de vie. L’UFR c’est d’abord : quelqu’un qui se dit « je vais à l’UFR parce que je sais que si Sidya est élu, voilà ce qu’il peut faire pour nous ». Ceci, on en a beaucoup parlé.

Mais je reviens sommairement dessus. A savoir que, dans un premier temps, nous allons chercher à restaurer l’autorité de l’Etat, notamment au niveau de l’administration de ce pays. C’est une administration corrompue, gangrénée par des détournements de deniers publics, la non récupération au niveau des impôts, les exonérations à tout-va. Ce qui fait que tout ceci a entraîné une paupérisation généralisée au niveau de nos populations. Les raisons essentielles qui font aujourd’hui que nous n’avons pas d’électricité, on n’a pas d’eau, on n’a pas d’infrastructures, on n’a pas d’hôpitaux, on n’a pas de campus universitaires, c’est le fait que chaque année, 200 millions à 300 millions de dollars disparaissent, ils ne viennent pas dans les caisses de l’Etat ; ou quand ils y sont, ils ressortent .
Donc, c’est tout cela qu’il faut combattre. Pour le faire, cette administration doit être restructurée, responsabilisée avec des sanctions positives et négatives. Je crois que cela correspond également à une stabilisation financière ; c’est-à-dire moins de dépense, plus de recettes, l’élargissement de l’assiette de l’impôt dans le pays. Tout ça nous permettra d’avoir un assainissement financier et administratif qui crédibilisera le système et permettra de recevoir l’aide nécessaire pour démarrer une politique sectorielle de développement.

Au niveau des politiques sectorielles de développement, nous avons des choses essentielles : l’eau et l’électricité ; mais nous avons également la colonne vertébrale de ce programme au niveau de l’UFR, c’est l’agriculture. Tout le monde le sait, nous estimons que 75% de nos parents vivent dans ce secteur-là. Si vous faites quelque chose pour ce secteur, vous aurez fait quelque chose pour la majorité des guinéens. En plus, je ne crois pas à un développement au niveau de notre sous-région qui ne passe pas par l’agriculture. On a des secteurs comme les mines, auxquels il faut prêter une attention particulière dans la mesure où on a de gros projets en cours. Mais là, c’est une question de négociation, de suivi ; et qui ne sont pas forcément immédiatement créateurs de tant d’emplois que dans le secteur agricole.

Je prends toujours un exemple très simple. 400 000 tonnes de coton au Mali [ndlr : République], c’est 1 million et demi d’emplois. Alors, imaginez ce qu’on peut faire en Guinée avec l’agriculture ; non seulement dans le coton que nous pouvons faire comme au Mali, mais nous pouvons faire du café, du cacao, de l’hévéa, du palmier à huile que moi je fais déjà d’ailleurs. Puisque j’ai mes hectares de plantation au village. Donc voilà grosso modo, vraiment tracé très rapidement, comment nous voyons le déroulement de ce programme économique et social, une fois arrivé à la magistrature suprême.

AfricaLog.com: Autrement dit, le slogan de l’UFR "la Solution ", ce n’est pas que de la propagande?

Sidya Touré: Non, ça n’a rien à voir avec la propagande. Mais ça deux volets : il y a ce volet économique que tout le monde connaît. L’expérience que j’ai acquise à travers un certain nombre d’années de travail ici et à l’extérieur me permet de dire que, économiquement, je suis sûrement le meilleur candidat qui peut appliquer un programme ici aujourd’hui. Mais la deuxième chose, d’où vient surtout l’idée de “ la Solution ", c’est que nous devons faire en sorte que ce pays reste uni, soudé pour qu’on puisse espérer un développement économique et social. Nous ne pouvons pas le faire si le communautarisme et le régionalisme l’emportent sur le consensus global. L’UFR représente le consensus global.

AfricaLog.com: Il y a eu récemment des défections dans les rangs de votre parti. Ce qui n’est pas une nouvelle en soi ; car c’est une des caractéristiques des formations politiques. Cependant, il y a des départs qui semblent marquer les esprits. C’est celui, particulièrement de Dr Ousmane Kaba. Vous avez peut-être aujourd’hui un commentaire public à faire.

Sidya Touré: D’abord, je voudrais corriger. Il n’y a pas eu des défections. Il y a eu le départ de Dr Ousmane Kaba qui est resté quand même avec nous pendant plus de 9 ans. Nous avons repris le parti ensemble. Nous avons fait tous ces mouvements ensemble. Je crois qu’il a décidé d’être candidat aux présidentielles. J’estime que c’est son droit le plus absolu. Il ne pouvait pas l’être au sein de l’UFR. S’il l’est au sein d’un autre parti, c’est un garçon que j’apprécie beaucoup. Donc, je ne peux que lui souhaiter bon vent !

AfricaLog.com: D’autre part, des rumeurs font état d’une certaine alliance avec le PUP – Parti de l’Unité et du Progrès – de votre frère "ennemi", aujourd’hui on peut le dire, El Hadj Aboubacar Somparé. Qu’en est-il en réalité?

Sidya Touré: Première correction, Somparé n’est pas un frère ennemi. Somparé est un ami d’enfance. Même s’il a quelques années de plus que moi. Et je crois que ceci n’a rien à voir avec le débat qui a lieu en ce moment. Le débat qui a lieu en ce moment est un débat pour la présidentielle en Guinée. Et, en ma connaissance, nous n’avons pas encore d’union avec le PUP.

AfricaLog.com: Et s’il arrivait qu’il y ait un second tour, et que l’un d’entre vous soit à ce second tour, est-ce qu’une certaine alliance pourrait être envisagée entre vous?

Sidya Touré: Nous n’avons pas discuté de cette question encore au bureau politique de l’UFR.

AfricaLog.com: Toujours dans le cas de la vie des leaders politiques, deux de vos anciens ministres, lorsque vous étiez Premier ministre, des ministres et non des moindres, sont aujourd’hui dans le starting block, au même titre que vous pour la course au fauteuil présidentiel. Je veux parler de Ibrahima Kassory Fofana et de Cellou Dalein Diallo. Quel regard portez-vous sur eux ?

Sidya Touré: Beuh, je me dirais que, si j’y ajoute Ousmane Kaba, ça fait trois de mes anciens ministres qui seront candidats à la présidentielle. Ça me donne l’impression que, au fond, la formation qu’on leur a donnée en son temps, a servi à quelque chose. Parce qu’ils se considèrent aujourd’hui comme des leaders dans leur génération. Donc, je suis quelque part un peu fier.

AfricaLog.com: Justement, en jetant un regard sur votre passé de Premier ministre, certains de vos adversaires politiques ont ouvertement demandé des audits des anciens Premiers ministres avant la tenue de l’élection présidentielle. Alors, quelle est votre position?

Sidya Touré: Je crois que tout le monde connaît ma position. La première fois que ce problème a été évoqué au camp Samory [ndlr : camp Alpha Yaya Diallo], le 27 décembre 2008, quand un journaliste m’a posé la question, je lui ai dit : « je souhaiterais que vous commenciez par moi-même ». Je ne suis pas contre les audits. Au contraire. J’estime que la paupérisation de ce pays, je vous l’ai dit tantôt, est due au fait que des responsables de ce pays se sont rendus vraiment coupables, je dirais, de véritables crimes économiques.

Quand vous prenez ce pays et que vous disiez que nous avons perdu près de 300 millions US dollars chaque année, par les détournements, par les marchés qui n’aboutissent pas, des travaux qui ne se font pas correctement ; je peux même dire que c’est plus que ça. Par la douane qui n’est pas payée, par les exonérations bidon, par toute une série de malversations orchestrées, entretenues depuis plus de 25 ans en Guinée, vous comprenez pourquoi on est pauvre. Quand je mets tout ça bout à bout, ce sont pratiquement 7milliards à 8 milliards US dollars qui ont disparu et qui auraient pu servir à faire toutes les infrastructures dont on a besoin. Donc, il s’agit d’un véritable crime. Si vous prétendez représenter le pays aujourd’hui, j’estime que ça ne doit pas être un problème que de savoir qu’est-ce que vous avez fait, si vous avez eu à gérer le pays. Cela va de soi. Donc, je ne suis pas contre les audits.

AfricaLog.com: Alors M. Touré, si un guinéen ou un groupe de guinéens se réclamaient de vous aujourd’hui et s’accordaient un certain slogan bien connu comme "Sidya Touré, ton pied, mon pied" ; quelle première réaction auriez-vous?

Sidya Touré: Chacun est libre d’utiliser le slogan qu’il veut !

AfricaLog.com: Ça ne vous rappelle rien ?

Sidya Touré: Ça me rappelle une histoire de Côte d’Ivoire à l’époque. Beuh, c’est tout.

AfricaLog.com: Même pas l’époque où vous étiez à la primature?

Sidya Touré: Pas du tout.

AfricaLog.com: On se souvient que vous l’avez pourtant lâché à un moment donné ici en Guinée, quand vous étiez le premier ministre du Président, Général Lansana Conté.

Sidya Touré : Non, je crois qu’on m’a prêté cette intention. Je ne l’ai pas fait. C’est un ministre de mon cabinet qui a utilisé ce terme.

AfricaLog.com: Peut-on connaître le nom de ce ministre, pour rappel?

Sidya Touré: Non, ce n’est pas important, vraiment.

AfricaLog.com: Alors, avant les tristes événements du 28 septembre 2009, votre représentant aux Etats-Unis, M. Lamine Sununu Kaba aurait tenu ouvertement des propos du genre « le capitaine Moussa Dadis Camara devrait rester au pouvoir pour au moins 2 ans afin de remettre le pays en marche. » Est-ce que c’était la position officielle de l’UFR?

Sidya Touré: Tout le monde connaît la position officielle de l’UFR. Nous étions là, nous avons travaillé ensemble avec l’opposition, avec les forces vives. Nous nous sommes retrouvés au stade du 28 septembre pour protester contre la candidature de Dadis. Donc, cette position que moi je n’ai pas connue, … bon, je n’ai pas entendu de cela au sein du parti. Et si le parti avait pris connaissance d’une telle déclaration, et qu’elle avait été confirmée, on aurait suspendu M. Sununu Kaba.

AfricaLog.com: Vous avez été dans l’estime du Président Dadis à un moment donné, au point qu’il était prêt à vous confier certaines charges que vous avez, de façon "diplomatique", esquivées. Est-ce que l’on peut en connaitre les raisons aujourd’hui?

Sidya Touré: Il n’y a rien de particulier. J’ai remis des rapports au Président Dadis et à son cabinet. Je me suis aperçu qu’il n’y avait personne pour ramener une réponse à ces documents que j’ai déposés. Il n’y avait pas de bureau pour travailler. Donc, je me suis dit que, dans la mesure où un travail effectif ne pouvait pas être fait, ça ne servait à rien de continuer à discuter des sujets qui n’avaient pas de résultat.

AfricaLog.com: Autrement dit, vous étiez prêt à travailler avec lui?

Sidya Touré: Autrement dit, j’étais prêt à répondre à tout ce qu’on peut me demander sur un dossier sur la Guinée; notamment, sur l’électricité, les mines. Si j’étais prêt à travailler avec lui, cependant, je n’étais pas à la recherche d’un boulot, et je crois que, ça au moins, tout le monde le sait ici, hein.

AfricaLog.com: Est-ce que vous reprochez à Dr Ousmane Kaba d’avoir accepté de collaborer avec lui, notamment en matière d’audits?

Sidya Touré: Posez la question à Ousmane Kaba.

AfricaLog.com : Alors, que pensez-vous de la gestion de la transition par le CNDD : de la prise du pouvoir le 23 décembre 2008 à ce jour ?
Sidya Touré : Ecoutez, elle été un peu erratique. Il y a eu des périodes difficiles et aujourd’hui, nous sommes dans une période peut-être beaucoup plus en rapport avec ce qu’on souhaitait ; à savoir arriver à des élections. Je pense qu’il y a eu un véritable rattrapage dans le cadre de l’accord de Ouagadougou. Et nous espérons que cela aboutira à quelque chose de précieux, de définitivement acquis pour notre pays.

AfricaLog.com: Monsieur le Président de l’UFR, certains observateurs pensent que le vote par rapport à l’appartenance ethnique pèsera beaucoup dans la présidentielle qui s’annonce. Pensez-vous que les Guinéens ont aujourd’hui, la maturité politique pour faire le choix par rapport aux compétences du candidat, autrement dit par rapport à son programme?

Sidya Touré: Ah, j’espère ! Parce que si je me trouve aujourd’hui à la tête d’un parti qui est considéré comme l’un des majeurs, et que je ne joue pas sur ce crédo de l’appartenance ethnique, régionale ou communautaire, c’est qu’il y a des guinéens qui réfléchissent et qui se disent au fond, peut-être que le problème, il est ailleurs. Le problème n’est pas de savoir si j’ai un cousin, un frère qui va être élu. Mais, est-ce que j’aurai un Président de la République qui tiendra compte de mes ambitions pour notre pays ; qui aura les moyens de faire aboutir ces ambitions-là ; qui pourra mettre autour de lui les hommes qu’il faut pour réaliser cette ambition. Je crois qu’aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes ont franchi cette étape et considère que l’élection présidentielle est quelque chose qui engage l’avenir d’eux-mêmes, mais surtout, de leurs enfants.

Et personne ne doit se tromper. Si nous allons vers quelque chose qui pourrait entraîner le pays dans des perturbations permanentes, si un groupe peut penser qu’il va gagner contre un autre groupe, nous n’avons pas fini avec les problèmes. Ce que je souhaite pour mon pays, c’est que le consensus l’emporte. Et qu’un parti comme le mien, qui est un parti transversal, qui n’a pas ces considérations-là, puisse aller de l’avant et représenter le pays dans un consensus national qui nous permettra dès le lendemain de l’élection, de commencer à travailler sérieusement. On a besoin de travailler sérieusement enfin en Guinée, 52 ans après.

AfricaLog.com: Votre domicile a été saccagé par des militaires lors des événements du 28 septembre 2009. Vous auriez fait un état des lieux et vous auriez tendu la facture à l’Etat. Qu’en est-il aujourd’hui?

Sidya Touré: Je n’ai pas tendu de facture à l’Etat. Quand vous avez des problèmes comme ça, dans le monde civilisé, vous appelez un huissier pour faire le point. Pour savoir exactement, qu’est-ce qu’on a détruit, qu’est-ce qu’on a volé, qu’est-ce qu’on a pillé. C’est ce qu’on a fait. Nous ne l’avons tendu à personne. Nous l’avons mis dans nos documents ici. Quand le Premier ministre de transition [ndlr : Jean Marie Doré] a été mis en place, il a demandé, est-ce qu’on avait fait ce qu’il fallait faire. Si on ne l’avait pas fait en son temps, on n’aurait pas pu savoir ce qui serait passé. Nous lui avons communiqué le document, et c’est resté là. Entre temps, bien sûr que j’ai mis de l’argent pour réparer ma maison ; pour racheter ce que j’avais à racheter, pour remplacer mes quatre véhicules 4x4 qui ont été volés, ainsi de suite et voilà. C’est tout ce qu’on a fait.

AfricaLog.com: Oui, mais en remettant ces documents, vous vous attendiez à quelque chose quand même de la part de l’Etat en guise de dédommagements ou de compensations des dépenses que vous avez dû effectuer?

Sidya Touré: On m’a demandé de remettre un document. Je l’ai remis. Si l’Etat me rembourse, vous pensez que réellement je vais dire que je n’accepterais pas d’être rembourser ? Et pourquoi ?

AfricaLog.com: Alors, s’il vous était demandé aujourd’hui d’accorder un point de chute au général Sékouba Konaté au lendemain de la présidentielle, quel serait-il?

Sidya Touré: Je crois que tout le monde aujourd’hui, au niveau des Nations unies, au niveau de l’union africaine, de la CEDEAO, s’accorde à dire que la direction que le général Sékouba Konaté a prise en voulant organiser ces élections et en les réussissant pour que la stabilité de la Guinée soit préservée, je crois que nous devons lui accorder toutes considérations et lui permettre notamment d’évoluer dans ces institutions-là, pendant les 5-10 années à venir afin que vraiment, il soit récompensé des efforts qu’il aura fournis pour permettre à notre Guinée, à notre pays de se sortir d’affaire.

AfricaLog.com : Alors, au soir du 27 juin, le laurier devrait être pour qui : le général Sékouba Konaté, le Conseil National de Transition (CNT) ou le gouvernement d’union nationale de transition?

Sidya Touré: Sûrement le général Konaté. Sûrement.

AfricaLog.com: Pourquoi ?

Sidya Touré: Parce que c’est lui qui a décidé de ne pas être candidat.

AfricaLog.com: Et s’il était candidat à la présidentielle ?

Sidya Touré: On ne lui donnerait plus de laurier du tout, voilà. C’est simple.

AfricaLog.com: Comment avez-vous observé le début de cacophonie qui commençait à s’installer au sommet de l’Etat, notamment entre le secrétariat général de la présidence de la République, le CNT et même le gouvernement ? Vous avez dû suivre le compte-rendu de la session extraordinaire du Conseil des ministres fait dans ce sens par le porte-parole du gouvernement.

Sidya Touré: C’est propre à la Guinée, ça. C’est que, bon, ces désordres font partie un peu de notre mentalité. Chacun travaille en vase clos. Quand on a des institutions de la transition, ces institutions se concertent tout le temps. C’est comme ça qu’on gère un pays. Un gouvernement a toujours un contact avec soin assemblée, avec la présidence, avec les forces politiques. Sinon, comment obtenir un consensus si chacun travaille dans son coin et fait des déclarations tous les jours ; bien sûr qu’on n’aboutira pas.

AfricaLog.com: Monsieur le Président de l’UFR, en arrivant au terme de cet entretien, quel message avez-vous à l’endroit de vos militants et des autres citoyens guinéens en cette veille de campagne électorale devant déboucher sur le scrutin du 27 juin?

Sidya Touré: Je crois qu’on a dit l’essentiel. Mon souhait, c’est que ces élections débouchent sur une période de prospérité pour notre pays. Mais, pour avoir la prospérité, il faut avoir la paix. Pour avoir la paix, il faut que les invectives cessent. Il faut que les discours incendiaires cessent. Il faut que la manipulation communautaire et régionaliste cesse. Nous sommes sur 245 860 km avec, je ne sais combien d’ethnies ? 50, 60 ethnies, cela dépend… Toujours est-il que personne ne gagnera ces élections contre les autres. Nous gagnerons des élections qui seront guinéennes et elles ne seront gagnées que si la Guinée gagne. Donc, pour que la Guinée gagne, faisons en sorte que ces élections aboutissent à un consensus national. J’insiste beaucoup sur cela, parce que c’est la seule voie pour que le pays puisse repartir. Et je crois que tout le monde comprend de plus en plus à quoi nous faisons référence par rapport à cela.

AfricaLog.com: Merci Monsieur le Président de l’UFR.

Sidya Touré: C’est moi qui vous remercie.

Entretien réalisé par Ibrahima Sylla

Sur le Net
Le site de l’UFR : http://www.ufrguinee.com
Le site de Sidya Touré : http://www.sidyatoure.com

 

 

 

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