D’une déclaration du nouveau premier Ministre Guinéen, M. Jean-Marie Doré, l’on a cru comprendre que le temps était venu pour créer une atmosphère où le terme “ unité nationale” cessait d’être un mot vulgaire, présent dans le vocable politique pour user et utiliser une catégorie de Guinéens à volonté et par circonstance, puis la rejeter quand le besoin est assouvi. En d’autres termes, quand il y a à attirer l’attention de la communauté internationale sur un fait politique à l’avantage du combat…; quand il y a à mettre les ressources financières ensemble pour une cause politique quelle qu’elle soit..; quand il y a à crier fort pour l’unité contre une exaction du pouvoir..., les Guinéens de l’étranger existent en tant qu’entité nationale égale en droit et en devoir avec les frères et sœurs de l’intérieur.
Apres cette phase, attention…!!!, il y a lieu de mettre en place une nouvelle “constitution” qu’il faut défendre avec la plus grande véhémence: ne sont à présent Guinéens de souche que ceux qui y sont nés, y ont grandi et doivent y mourir... Pour ceux qui sont nés en Guinée, y ont grandi, mais sont sortis par après, Bonnet blanc et blanc Bonnet avec les Guinéens nés dehors. Plus d’importance. La formule sous cette table transparente d’en face est connue et sans équivoque: le droit, et tous les droits appartiennent aux Guinéens de l’intérieur. Les devoirs et tous les devoirs appartiennent aux deux catégories de Guinéens. Point et tiret. De là , il devient encore plus apparent que la question d’unité nationale est viciée, par rapport au traitement de la nouvelle classe dirigeante dont l’approche en la matière semble plus riche en théorie qu’en pratique.
C’est pourquoi, après trois semaines de “consultation”, le PM exhibe son identité qui n’est point différente de la plupart de ses devanciers. Or, une nation, pour réussir doit se fonder sur des notions essentielles comme l’égalité de traitement des nationaux, où qu’ils se trouvent, car la défense de l’intérêt et de l’intégrité territoriale, incombe à tous les nationaux dignes de ce nom.
Il est de ce point de vue surprenant de voir un ancien fonctionnaire international, ayant passé un temps plus que respectable de sa vie à l’étranger, perdre le combat de l’insertion et du traitement équitable de ses “compatriotes”, comparé à un Général paysan qui, malgré ses tares de gestion des hommes et du matériel a pu aligner, à un certain moment, une équipe qui a pu contenir des personnes d’expérience et de volonté comme Jean Claude Diallo (P.A.S.A), Kerfala Yansané, Bana Sidibé, Sidya Touré, Facinet Fofana dont pour l’essentiel le souvenir donne encore l’envie du jugement et de la gestion des hommes et de la chose publique.
A entendre parler des statistiques sur les questions migratoires Guinéennes dont les chiffres exacts n’existent que dans l’imagination, le bon sens au moins situerait le taux de la diaspora au tiers, au quart ou en se distançant de l’exactitude, au cinquième de l’effectif total des Guinéens. Ce dernier chiffre, vraisemblablement, comporterait une large manœuvre d’erreur. Rien que sur cette base, pour le pouvoir public, en tant que représentation de tous les Guinéens, l’on doit être tenté de créer un semblant d’équilibre dans la constitution d’une équipe gouvernementale, pour des soucis d’équilibre national. Ce qui revient à dire que le “chahut” de cinquième région naturelle attribué aux Guinéens de l’étranger est vraisemblablement à accueillir au moins avec un semblant de volonté d’unité nationale.
M. Doré, en composant son équipe qui a pour prérogative de préparer le pays pour son vrai salut républicain, met au trottoir de la gestion des affaires du pays et de la considération nationale, toute cette catégorie de femmes et hommes qui, comme ceux de l’intérieur, ne jurent qu’au drapeau national, à la cohésion et au traitement juste et équitable, en droits et en devoirs, de toutes les filles et de tous les fils du pays. Dans une équipe de trente et quatre membres, pas un seul national de dehors, cela semble vraiment être un signal fort de disproportion et de sentiment dans la continuité des mêmes normes d’exclusion, dans la discontinuité gouvernementale: un constat pas seulement accablant, mais injustifiable et immensément maladroit pour une équipe qui « jure » de ne conférer que la droiture à la transition.
Pour combien de temps doit durer cette tradition d’attroupement et de tapotement qui ne sont forcement pas signe d’efficacité?
Le PM est peut-être porteur d’un message plus tangible de sa non candidature aux épreuves « imminentes » et de toutes celles à venir : pas besoin des Guinéens de l’étranger. Sur cette question et sur tant d’autres, les Guinéens, contrairement à leur passé, doivent au moins pour une fois, connaitre la non division et le traitement juste et équitable pour et par tous.
La génération du leadership pragmatique, égalitaire et progressiste doit prendre note de toutes ces attitudes qui contribuent à basculer un pays, espoir de millions d’âmes à la fois dévouées et innocentes, sur un terrain que personne n’est plus en position d’amorcer le moindre sourire.
Lamine Sununu Kaba
Lskaba@consultant.com
Washington, DC-USA