Par Almamy Ibrahima Barry
Chers amis de la presse nationale,
Chers amis de la presse internationale,
Chers invités,
L’heure du réveil a sonné. 52 ans de souffrance et de misère, c’en est
assez pour le peuple de Guinée !
Les Guinéens veulent le changement, et le vrai changement. Mais il
faudrait aller plus loin, la Guinée a besoin d’une rupture avec le
passé : une rupture dans la manière de penser, et une rupture dans la
manière de gouverner.
La prochaine élection présidentielle sera l’occasion donnée à tous les
guinéens, de porter à la magistrature suprême celui, qui à leurs yeux,
pourra instaurer cette rupture. Cette élection sera inédite et
s’inscrira dans notre histoire comme la première élection démocratique
depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance. Elle doit tourner
une nouvelle page de l’histoire de notre pays et consacrer la
souveraineté du peuple et de ses aspirations les plus profondes.
Mais, pourtant, à dix semaines seulement du premier tour de l’élection
présidentielle, nous constatons, avec amertume, que le processus de
révision du fichier électoral est loin de répondre aux attentes des
populations.
Le recensement des guinéens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur
présente, en effet, des insuffisances alarmantes.
Les guinéens recensés à l’extérieur ne comptent pas plus de 5% de leur
potentiel électoral, pendant qu’un grand nombre de guinéens de
l’intérieur réclament encore leur enrôlement. On constate, par
ailleurs, de graves irrégularités en tout genre depuis la publication
des listes électorales provisoires.
Aujourd’hui, il apparait très clairement que la composition et le mode
de fonctionnement de la CENI présentent des limites qui menacent
dangereusement la réussite du processus électoral.
Pour cette raison, il est important de procéder, sans délai, à une
restructuration de l’institution qui permettra d’en assurer un
meilleur contrôle et de garantir son efficacité.
Ce n’est qu’ainsi, que nous pourrons aller vers des élections libres,
crédibles, transparentes et donc accepté de tous. Cette
restructuration saura l’occasion, par ailleurs, de donner à la CENI
une meilleure représentativité de la classe politique dans un contexte
pluraliste et démocratique.
Ce bilan ne contribue pas à instaurer un climat de confiance et à
garantir plus de transparence autour d’une élection qui se veut
historique. Nous voulons écrire une nouvelle page de l’histoire de
notre pays ; nous devons donc, pour cela, éviter d’entrer, dans cette
nouvelle ère, avec les mauvaises habitudes du passé qui risquent de
menacer la paix sociale.
Je partage profondément la volonté affichée du Président de la
transition d’aller rapidement vers des élections.
Je partage profondément la volonté de tout un peuple de vouloir
installer un Président de la république démocratiquement élu et dans
les meilleurs délais.
Je salue le soutien sans faille de la communauté internationale dans
la conduite de ce processus électoral.
Mais, nous devons tous, prendre conscience, que les conditions
nécessaires à la tenue d’une élection libre, crédible, et transparente
ne sont pas aujourd’hui réunis.
La priorité doit être mise sur l’établissement d’un fichier électoral
sécurisé et sans exclusive.
Le prochain Président de la République doit être choisi par tous les
guinéens pour être le Président de tous les guinéens.
Oui, j’émets de sérieuses réserves sur la tenue de l’élection
présidentielle le 27 juin 2010,
Oui, je considère que nous nous acheminons à grand pas vers un report
de cette l’élection,
Oui, je me prononce en faveur du report de l’élection présidentielle,
Seule une annonce officielle de ce report, dans les meilleurs délais,
permettra de dégager rapidement des mesures radicales et un
chronogramme réaliste pour répondre aux revendications des populations
et garantir la tenue d’une élection avant la fin de l’année 2010.
C’est pourquoi, j’en appelle solennellement au Président de la
transition, au Chef du gouvernement et à la Présidente du Conseil
National de la Transition, pour prendre les dispositions qui
s’imposent afin de garantir une meilleure participation des guinéens.
Chers compatriotes, en marge de cette prise de position sur le
processus électoral, je voudrais vous annoncer le soutien spontané et
officiel à ma candidature de deux formations politiques, présentes ici
à mes côtés : le Parti Guinéen du Travail représenté par Monsieur
Camara et l’Union des Forces Nouvelles de Guinée représentée par
Monsieur Bangoura.
Le ralliement de ces deux structures politiques jette les jalons d’une
coalition en formation autour de ma candidature.
Cette coalition fera appelle à toutes les forces du pays qui aspirent
à la rupture dans la manière de gouverner notre beau et cher pays.
Une Nouvelle Guinée va bientôt voir le jour. Cette Guinée doit se
construire avec l’apport de tous les fils et de toutes les filles de
ce pays, de l’intérieur comme de l’extérieur, quelque soit leurs
croyances religieuses, leur appartenance ethnique ou politique.
Chers compatriotes, l’heure du réveil de la Guinée a sonné.
Levons nous, l’implication de tous et de chacun est vitale.
Que Dieu bénisse notre cher pays.
Almamy Ibrahima Barry (Discours sur l'évolution du processus électoral.)