Au moins 28 personnes ont péri en Syrie dans des raids de l'aviation du régime, notamment sur une localité proche de Damas. Par ailleurs deux femmes ont été décapitées par les djihadistes de l'EI, a indiqué mardi une ONG.
Les deux femmes étaient accusées de "sorcellerie et magie". Elles ont été exécutées, avec leur mari respectif, l'une dimanche et l'autre lundi, dans la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Il s'agit de la première décapitation de femmes en Syrie, affirme cette ONG basée à Londres et proche de l'opposition au régime de Bachar al-Assad. Selon une vidéo que cette ONG a pu se procurer, le bourreau, masqué et habillé d'une large tunique, prononce une prière avant de décapiter d'un coup d'épée le couple agenouillé.
Lors d'une perquisition dans la maison des suppliciées, les dihadistes auraient trouvé des amulettes et un papier écrit cousu dans un tissu. Ce qui est considéré comme de la sorcellerie et est puni de mort dans l'islam, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L'usage de ces fétiches est courant dans les campagnes. Ce genre d'objet est notamment utilisé pour tenter de résoudre des problèmes de couple ou pour lutter contre le mauvais oeil.
Dans un autre secteur de Deir Ezzor, à Mayadeen, l'EI a suspendu cinq personnes, les bras en croix, à un grillage à l'extérieur du poste de la police religieuse. A côté d'elles figurait l'inscription "non-respect du jeûne (du ramadan) sans justification religieuse", a indiqué l'OSDH. Durant le mois sacré du ramadan, les musulmans doivent s'abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.
Accusé de crimes contre l'Humanité, le groupe ultraradical de l'EI s'est acquis une sinistre réputation avec ses décapitations et exécutions massives. Depuis la proclamation de son "califat" il y a un an sur les territoires conquis en Irak et en Syrie, l'EI a exécuté plus de 3000 personnes, dont 1800 civils, selon l'ONG.
Par ailleurs, l'OSDH a également signalé qu'au moins 18 personnes ont perdu la vie dans des raids à Ehsim, un village de la province d'Idleb (nord-ouest). La majorité de la province d'Idleb est contrôlée par les rebelles.
A Douma, dans la province de Damas, au moins dix personnes ont été tuées et 50 autres blessées dans des raids similaires, a précisé l'ONG. Cette localité rebelle est souvent la cible des raids du régime.
Mardi également, les djihadistes de l'EI ont pénétré dans la ville syrienne de Tall Abyad, à la frontière avec la Turquie. Ils ont pris position dans quartier, deux semaines après en avoir été chassés par les combattants kurdes, a annoncé l'OSDH.
Un porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG) a confirmé l'infiltration des djihadistes et les combats dans la ville. "Plusieurs dizaines" de combattants de l'EI se sont "infiltrés" dans un secteur sous contrôle kurde. Il n'a pas pu donner un bilan de ces hostilités.
Les YPG, épaulées par des rebelles syriens, ont pris Tall Abyad le 16 juin, avec le soutien de raids de la coalition internationale anti-djihadiste conduite par les Etats-Unis. Les combats avaient poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir vers la Turquie. Après la victoire kurde, beaucoup sont revenues chez elles.
Depuis que les milices kurdes ont pris le contrôle de Tall Abyad, Ankara s'inquiète de la création d'une zone autonome kurde dans le nord de la Syrie. Les médias turcs affirment que le gouvernement envisage une opération militaire sur sol syrien pour repousser les djihadistes loin de ses frontières et empêcher la progression des forces kurdes.
Les autorités ont réagi mardi. La Turquie ne prendra des mesures militaires que pour renforcer sa sécurité à sa frontière avec la Syrie et n'agira pas de façon "unilatérale", a assuré le porte-parole de la présidence.
Selon l'OSDH, plus de 230000 personnes sont mortes en Syrie depuis le début du conflit. Celui-ci a éclaté il y a plus de quatre ans. – AfricaLog avec agence