Une dizaine de soldats de la garde présidentielle du Burkina Faso ont été mis aux arrêts mardi pour avoir tiré lundi soir des coups de feu en l'air dans l'enceinte de leur caserne, ont indiqué deux officiers de ce corps d'élite et une source diplomatique.
Ces tirs, brefs, se sont produits après que le chef et deux gradés du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont été brièvement interrogés par la gendarmerie dans la journée de lundi.
Les trois officiers avaient été questionnés au sujet d'une rumeur selon laquelle le corps d'élite aurait préparé une action contre le Premier ministre Isaac Zida dimanche à l'aéroport de Ouagadougou, alors qu'il rentrait d'un voyage officiel à Taïwan.
Le lieutenant-colonel Zida, qui entretient des relations houleuses avec le RSP, dont il est pourtant le n°2, avait finalement atterri sans encombres dans la capitale, mais sur une base militaire et non à l'aéroport international.
Le président Michel Kafando a entamé mardi des concertations afin de résoudre la crise. Il a reçu ce matin les chefs militaires du RSP, a déclaré l'un de ses proches collaborateurs, ce qu'a confirmé un haut gradé de la garde présidentielle.
L'ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo (novembre 1982-août 1983), médiateur en février lors d'une première crise entre les deux parties, a aussi été reçu par Michel Kafando, qui devait ensuite s'entretenir avec des responsables politiques et de la société civile, a ajouté le député David Moyenga.
Le Burkina est dirigé depuis la chute fin octobre de Blaise Compaoré - chassé par la rue après 27 ans de règne - par un exécutif intérimaire conduit par le président Michel Kafando, un diplomate en retraite, et son Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida.
Les relations sont tendues entre M. Zida et le RSP, qui était considéré comme le bras armé de l'ancien régime. Un cadre de la garde présidentielle a accusé le Premier ministre de semer la division en son sein afin de créer des troubles et se maintenir au pouvoir.
Des membres en armes du RSP sont entrés mardi dans quatre radios de Ouagadougou pour clamer l'innocence de leur régiment concernant une éventuelle action contre Isaac Zida dimanche, ont rapporté des journalistes présents.
Plusieurs analystes ont également émis des doutes quant à la véracité du scénario officiel.
Même si ce n'est pas Zida, ses proches peuvent susciter des troubles qui serviront comme prétexte à la prolongation de la transition, a jugé Newton Ahmed Barry, rédacteur en chef du journal l'Evènement.
On pourrait avoir inventé ce complot pour rendre le climat sociopolitique délétère et trouble, ce qui justifierait leur maintien au pouvoir, a estimé Siaka Coulibaly, un cadre de la société civile.
Les autorités de transition devront rendre les rênes du pays à un exécutif élu lors de la présidentielle dont le premier tour est prévu le 11 octobre.
La ficelle est un peu grosse, a aussi estimé un diplomate en poste à Ouagadougou, qui a dénoncé un truquage.
Il y a un certain nombre de personnes qui voient avec effroi la date du 11 octobre arriver, car elle marquera la fin de leurs fonctions, a-t-il affirmé.
En décembre, M. Zida avait publiquement réclamé la dissolution pure et simple du RSP.
Mais début février, ce corps d'élite, dont les 1.300 hommes sont considérés comme les mieux formés de l'armée burkinabè, avait provoqué une brève crise politique en exigeant sa démission, le contraignant à changer d'avis.
Des milliers de manifestants ont réclamé début févier la dissolution du RSP, accusé d'être impliqué dans des assassinats politiques comme celui du journaliste Norbert Zongo à la fin des années 1990. - AfricaLog avec agence