L'ex-président burkinabè Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par une insurrection, se trouvait samedi en Côte d'Ivoire. Il s'est réfugié à Yamoussoukro, la capitale, a confirmé la présidence de la République ivoirienne. L'armée a elle désigné samedi le lieutenant-colonel Isaac Zida pour conduire le régime de transition au Burkina Faso.
M. Compaore, qui a quitté Ouagadougou vendredi après avoir démissionné sous la pression de la rue, s'est installé dans la soirée avec sa famille dans une résidence d'Etat pour les hôtes étrangers, selon des témoins et une source sécuritaire.
"Le président Blaise Compaoré, sa famille et ses proches ont été accueillis en Côte d'Ivoire", a déclaré la présidence ivoirienne dans un communiqué, confirmant de premières informations sur la présence de l'ex-chef d'Etat burkinabè dans le pays. "Les services de l'hôtel Président de Yamoussoukro lui ont servi le dîner hier (vendredi) et le petit déjeuner ce matin (samedi)", a témoigné un employé de cet hôtel de luxe, qui a lui-même vu M. Compaoré.
L'épouse de l'ancien président, Chantal Compaoré, interrogée par RFI, a également déclaré: "Le président et moi sommes bien à Yamoussoukro". "Tout va bien", a-t-elle dit, avant d'ajouter que Blaise Compaoré et elle-même ne souhaitaient pas faire de commentaire "pour le moment".
Grande bâtisse surmontée d'un dôme doré, la "villa des hôtes" jouxte le palais de l'ancien président ivoirien Félix Houphouët Boigny. La villa est surnommée aussi "Giscardium" pour avoir accueilli comme premier invité l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, lors de sa première visite officielle dans les années 1970.
Des sources militaires ivoiriennes, qui ont requis l'anonymat, citées affirment que l'ancien président se trouvait à Assinie, une station balnéaire située à l'est d'Abidjan, la capitale économique ivoirienne. "Il n'est pas seul, il y a quelques personnes de sa famille avec lui", a précisé une source.
L'ex-président burkinabè a tissé lorsqu'il était au pouvoir un lien particulier avec la Côte d'Ivoire. Il avait été accusé par l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo de soutien aux rebelles du nord du pays après la tentative de coup d'Etat de septembre 2002, mais M. Compaoré avait réussi ensuite à devenir le principal médiateur dans cette crise.
Au Burkina Faso, l'armée a désigné samedi le lieutenant-colonel Isaac Zida pour conduire le régime de transition, selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion des hauts gradés à l'état-major à Ouagadougou. Le texte est signé par le chef d'état-major, le général Nabéré Honoré Traoré, qui briguait aussi le pouvoir et qui reconnaît donc la victoire de son rival. – AfricaLog avec agence