On dit quoi? Promis, juré: cette fois, on y va aux élections en Côte d'Ivoire. Et dans "les trois mois" qui plus est! C'est le message que le porte-parole de Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly, est venu délivrer à Paris ces jours-ci.
Après le coup de théâtre du 12 février dernier, lorsque le chef de l'Etat avait dissous la Commission électorale, accusée de fraude, et le gouvernement, une tournée d'explications s'imposait. Notamment à Paris: il y a quelques jours, en déplacement au Rwanda, Nicolas Sarkozy avait publiquement stigmatisé l'absence d'élection en Côte d'Ivoire depuis la fin du mandat de Laurent Gbagbo, il y a près de cinq ans...
Selon Gervais Coulibaly, donc, l'annonce de la tenue du scrutin tant attendu par la nouvelle Commission électorale, récemment installée, serait imminente. Déjouant les pronostics les plus sombres, qui tablent sur une élection à l'automne, il soutient que l'examen des contentieux sur la liste électorale n'est affaire que de quelques semaines. De même que la "réunification" du pays, posée comme préalable par le camp présidentiel. Autrement dit: le désarmement des combattants, au Nord (les ex-rebelles) comme au Sud (les milices pro-Gbagbo). De quoi, toutefois, nourrir légitimement quelques doutes: cela ne fait guère que six ans que ce fameux désarmement doit être mis en œuvre en Côte d'Ivoire...
Sans surprise, Gervais Coulibaly n'a, en revanche, aucun doute sur l'identité du futur vainqueur: "On se trompe quand on fait une lecture ethnique de la carte électorale en Côte d'Ivoire, les lignes ont bougé, dit-il à Libération. Les jeunes, qui n'ont pas connu Félix Houphouët-Boigny, représentent 60% de l'électorat." Et il ajoute: "Prenons mon cas personnel: je suis originaire du Nord, de parents Senoufo. Pour mon fils de 18 ans, né à Abidjan, cela ne veut rien dire. Abidjan est son village."
Selon son porte-parole, Laurent Gbagbo va faire campagne sur le thème de la paix et de la stabilité. Cinq ans sans élection, cela peut effectivement passer pour une forme de stabilité. Peu orthodoxe, disons. – Libération