Le processus électoral ivoirien suit son cours avec son lot de rebondissements constitués de polémiques et de bras de fer.
Après le renouvellement de la Commission électorale indépendante (CEI) et la révision ou non de la liste électorale qui ont fait l'objet de divergences entre les acteurs politiques ivoiriens, la question du désarmement se présente comme la nouvelle pomme de discorde.
La position du camp présidentiel est sans ambages, selon elle, l'ex-rébellion doit déposer les armes qu'elle détient depuis le 19 septembre 2002, avant le déroulement de l'élection présidentielle.
"Le désarmement est une nécessité, avant le scrutin. Les candidats doivent pouvoir faire campagne partout dans le pays. Il ne faudrait pas que certains soient menacés par des armes dans certaines zones", avait affirmé début mars à Abidjan le secrétaire général adjoint du Front populaire ivoirien (FPI, parti au pouvoir), Sokouri Bohui.
Samedi à Katiola (centre), le porte-parole du chef de l'Etat ivoirien Gervais Coulibaly avait rejeté toute idée d'aller aux élections sans désarmement.
"Il se pose un problème de sécurité dans la zone centre-nord- ouest (zone CNO, contrôlée par l'ex-rébellion). Il y faut restaurer l'autorité de l'Etat et pour cela il faut le désarmement ", a renchéri pour sa part le conseiller diplomatique du Président ivoirien, Alcide Djédjé.
La réaction des Forces nouvelles ne c'est pas fait attendre. Lors d'une conférence de presse lundi à Abidjan, la porte-parole des Forces nouvelles, Affoussy Bamba, a indiqué sans faux fuyant que le désarmement n'est pas un préalable à l'élection.
"C'est tout un processus. Le désarmement concerne les démobilisés. Les autres forces sont concernes par l'encasernement. Les encasernés vont fusionner pour constituer par la suite la nouvelle armée", a expliqué Mme Bamba, soutenant qu'il y a des pays où le désarmement s'est poursuivi après l'élection.
Face à l'attitude de l'ex-rébellion, le leader des "jeunes patriotes" ivoiriens Charles Blé Goudé a confié à des journalistes que les Forces nouvelles faisaient de la provocation, et que le processus électoral était en danger.
Des observateurs de la vie politique ivoirienne de plus en plus inquiets font observer que chaque camp politique fait une interprétation "subjective" de l'accord politique de paix de Ouagadougou.
Ils disent s'en remettre au médiateur de la crise ivoirienne, le chef de l'Etat burkinabé Blaise Compaoré, pour aplanir cette nouvelle discorde "qui menace de retarder le processus électoral".
Comme eux, le président du Conseil constitutionnel ivoirien Paul Yao N'dré s'en est remis au facilitateur Blaise Compaoré. Il vient d'achever une visite à Ouagadougou au cours de laquelle il a demandé à Blaise Compaoré d'intervenir encore une fois et de s'impliquer davantage dans le processus de sortie de crise.
La médiation du chef de l'Etat burkinabé avait déjà permis dans le mois de février d'obtenir l'apaisement après les violences liées au contentieux électoral et à la dissolution du gouvernement et de la CEI.
Cette médiation avait contribué à lever les blocages qui entravaient la formation du nouveau gouvernement et la mise en place de la nouvelle CEI.
L'accord politique de Ouagadougou prévoit le désarmement des ex- combattants au plus tard deux mois avant la tenue de l'élection présidentielle. - Xinhua