Sur fond de déclin économique et d'interrogations sur la santé de Fidel Castro, Cuba célèbre jeudi le 50e anniversaire de la révolution qui a fait de l'île communiste un des principaux points de tension de la Guerre froide, aux portes des Etats-Unis.
Le président Raul Castro s'exprimera dans la ville de Santiago de Cuba, du balcon où son frère aîné, Fidel, avait proclamé sa victoire après la fuite du dictateur Fulgencio Batista aux premières heures du 1er janvier 1959. Aujourd'hui âgé de 82 ans, Fidel Castro, qui n'a plus été vu en public depuis une lourde opération chirurgicale aux intestins en juillet 2006, n'assistera pas à la cérémonie, ont fait savoir les autorités. En raison de son absence et des difficultés économiques que connaît l'île, les célébrations en grande pompe vont laisser place à un événement sans fioritures sur une place ne pouvant accueillir que 3.000 personnes. Des concerts sont toutefois prévus à travers le pays. Le plus grand aura lieu à La Havane, où le très populaire groupe Los Van Van se produira au tribunal anti-impérialiste, en face de l'ancienne ambassade des Etats-Unis. Les autorités ont indiqué qu'il serait malvenu d'organiser l'anniversaire de la révolution avec faste alors que le pays, outre la crise économique, a dû faire face cette année au passage de trois ouragans qui ont causé environ 10 milliards de dollars de dégâts. INFLUENCE INTACTE DE FIDEL Le gouvernement a dressé la semaine dernière devant l'Assemblée nationale un sombre tableau de la situation économique : les déficits budgétaire et commercial se sont creusés en raison de la baisse des prix à l'exportation et de la hausse des coûts à l'importation. Raul Castro a appelé la population à se serrer la ceinture et a exigé la fin des aides qui selon lui dissuadent les gens de travailler. "La victoire du 1er janvier n'a pas signifié la fin de la lutte mais le début d'une nouvelle ère. Il n'y a pas eu une minute de répit durant le demi-siècle passé", a-t-il dit. L'absence de Fidel Castro en ce jour si particulier alimentera de nouveau les spéculations sur son état de santé. Même s'il n'a pas été vu en public depuis deux ans et demi, il conserve toujours du pouvoir en coulisses et une autorité morale considérable sur la population via ses chroniques régulières dans la presse. De nombreux Cubains pensent que tant qu'il sera en vie, Raul, jugé moins idéologique et plus pragmatique, n'engagera pas de réformes drastiques des systèmes politique et économique. Certains espéraient pourtant de grands changements à son arrivée au pouvoir. Ses premières réformes avaient autorisé l'achat d'ordinateurs, de téléphones portables et de lecteurs DVD, produits que leur prix rendait toutefois inabordables pour une majorité de Cubains. Mais, depuis, la plupart des réformes ont été interrompues, pour des raisons ignorées de tous en dehors du gouvernement. La population - en particulier les jeunes - réclame à grands cris la fin de l'embargo américain et place ses espoirs dans l'amélioration des relations avec les Etats-Unis grâce à l'arrivée au pouvoir de Barack Obama. Comme le disait récemment Raul Castro devant l'Assemblée nationale, "nous vivons une période radicalement différente de l'histoire". - Reuters