Jamais avare de déclarations fracassantes, le chef de la junte au pouvoir en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, a affirmé lundi à Conakry que la Guinée n'était «pas une sous-préfecture, pas un arrondissement de la France», en se montrant irrité par les récentes déclarations du chef de la diplomatie française.
Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner s'était indigné de l'extrême violence de la répression d'une manifestation, le 28 septembre à Conakry, qui a fait au moins 150 morts selon l'ONU, 56 morts civils selon le bilan officiel. «Même (l'ex-dictateur ougandais) Amin Dada n'avait pas fait ça (...) Là on égorgeait les femmes sous les yeux de leurs maris, on les violait, on les tuait», avait-t-il affirmé avant de conclure: «Il me semble qu'aujourd'hui, on ne peut plus travailler avec Dadis Camara, il faut qu'il y ait une intervention internationale». Capitaine Fracasse Le capitaine putschiste, qui s'exprimait devant le président burkinabais Blaise Campaoré venu en médiateur, s'est employé à minimiser la position de l'ancien French doctor : «Kouchner n'est que le ministre des Affaires étrangères de la France. Lorsque le président Sarkozy prend une position, ça peut me laisser à réfléchir, mais je n'ai pas besoin de répondre à un ministre des Affaires étrangères». «Lorsqu'un ministre des Affaires étrangères parle comme ça, je crois que c'est une façon de soulever, de révolter, d'atteindre à la dignité des peuples africains», a ajouté Camara, qui n'a plus à montrer avec quelle dignité il réprime le soulèvement et la révolte de son peuple. - Libération