Accusé de passivité face aux tueries interreligieuses, le président centrafricain Michel Djotodia a démissionné vendredi, tout comme son Premier ministre. Des habitants de Bangui ont aussitôt laissé éclater leur joie. Des élections sont prévues à fin 2014.
Michel Djotodia a cédé. L'ancien chef de la coalition rebelle Séléka a été mis sous pression par les dirigeants d'Afrique centrale qui l'avaient convoqué jeudi pour un sommet extraordinaire à N'Djamena, au Tchad.
Son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, a aussi quitté ses fonctions. Tous deux entretenaient des relations notoirement mauvaises, contribuant à paralyser toute action publique face aux tueries à grande échelle en Centrafrique.
Michel Djotodia était président par intérim depuis avril dernier. Il était notamment accusé par les habitants chrétiens de Bangui d'avoir laissé les ex-rebelles, majoritairement musulmans, se livrer à des pillages et à des exactions après leur conquête du pays l'an dernier.
Les violences ont fait plusieurs centaines de morts et provoqué le déplacement de plus de 900'000 personnes. Elles ont incité la France à intervenir avec l'envoi de la force Sangaris à partir du 5 décembre.
La démission des deux politiciens a été annoncée par la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEA) à l'issue du sommet de N'Djamena. Des discussions pour mettre en place une nouvelle direction auront lieu à Bangui à une date ultérieure, ajoute son communiqué.
L'annonce de la démission du président a suscité la liesse à Bangui. Des milliers d'habitants sont descendus dans les rues pour laisser éclater leur joie, scandant ou chantant: "C'est fini, c'est fini !".
La France a très vite réagi. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a demandé que le Conseil national de transition (CNT) établisse l'alternative provisoire afin d'organiser des élections avant la fin de l'année.
Au camp de déplacés de l'aéroport de Mpoko, où sont rassemblées 100.000 personnes, majoritairement chrétiennes, certains retrouvaient espoir. D'autres demeuraient méfiants. "Il n'y a pas encore la paix. On n'est pas rassuré. Il faut que les Séléka soient tous désarmés", demandait l'un d'eux. – AfricaLog avec agence