Des hypothèses s’affrontent sur les traces de l’ancien président camerounais. La présidence du Sénégal et la famille du défunt opposent un démenti formel à l’évocation du retour supposé des restes du corps de l’illustre disparu.
Saisie d’une demande d’informations en complément par voie de fax, la présidence de la République du Sénégal a indiqué à La Nouvelle Expression « qu’aucun officiel sénégalais ne s’est s’impliqué dans une quelconque négociation avec d’émissaire du président camerounais pour discuter des voies et moyens d’un éventuel retour de la dépouille de l’ex-chef de l’Etat Ahmadou Ahidjo au Cameroun en mars 2010. Le chef de l’Etat sénégalais n’a jamais préconisé une échéance, encore moins joué un rôle dans le but de faire une médiation entre les autorités camerounaises et la famille de l’ex chef de l’Etat… » Mentionne un officiel du cabinet d’Abdoulaye Wade ayant requis l’anonymat. Dépositaire de la mémoire de son père, Mohamadou Badjika Ahidjo, fils unique de l’ancien président, semble étranger aux supposées démarches liées au rapatriement des restes du corps de l’ex-chef de l’Etat camerounais. « A mon niveau, je n’ai pas été approché par les autorités camerounaises sur la question dont vous faites allusion. Il n’y a pas eu de négociations entre le pouvoir et la famille Ahidjo. Je crois d’ailleurs qu’à ce sujet, M. Martin Belinga Eboutou (conseiller spécial du président de la république à l’époque) a fait un éclairage avec des détails précis dans une sortie officielle », souligne le député Undp de la Bénoué ouest que le reporter de La Nouvelle Expression a joint au téléphone. La pomme de discorde Toutefois, des informations crédibles glanées auprès de sources diplomatiques excluent totalement l’hypothèse d’une rencontre « même fortuite à Dakar » entre Martin Belinga Eboutou et la veuve de l’ancien chef de l’Etat, Germaine Habiba Ahidjo. Néanmoins, courant juin, Martin Bélinga Eboutou, alors conseiller spécial du chef de l’Etat, actuellement directeur du cabinet civil à la présidence de la République, a effectivement séjourné à Dakar, au Sénégal, pour une mission qui n’a aucun lien avec le sujet sus évoqué, affirment des sources introduites à Etoudi. La question demeure préoccupante dans les milieux proches du régime de Yaoundé : après l’échec des négociations entreprises par Emile Derlin Zinsou, ex-président du Dahomey (actuel Bénin) auprès de Paul Biya, dans le but d’organiser le retour de la dépouille de son prédécesseur au Cameroun.
La dernière sortie de Paul Biya sur la question avait été faite en octobre 2007, sur les antennes de France 24 : le chef de l’Etat avait indiqué que le rapatriement de la dépouille de son prédécesseur est une affaire familiale. En réponse, Germaine Habiba Ahidjo avait soutenu que le rapatriement est une affaire d’Etat. Selon des sources introduites, la médiation de l’ex-chef de l’Etat béninois n’aurait pas prospéré à cause de certains « sous-entendus » réels ou supposés, entre le gouvernement camerounais et la famille de l’ancien président. D’après les mêmes sources, l’exigence de forme évoquée par la famille du défunt président, notamment la veuve, pour assurer le retour des restes du corps de l’ancien chef de l’Etat reposerait sur l’organisation des obsèques nationales, source du désaccord entre les deux parties. Depuis lors, des sources concordantes affirment qu’aucun autre rapprochement ne se serait opéré entre les deux parties. Pourtant, notre confrère Mutations, dans une parution antérieure, a révélé des informations relatives à une réconciliation : affirmant que la dépouille d’Ahidjo sera rapatriée en mars 2010. Période convenue entre la famille du défunt président, le chef de l’Etat sénégalais et Martin Belinga Eboutou. En réponse, le collaborateur de Paul Biya a démenti cette information. « Je n’ai effectué quelque mission de cette nature, au Sénégal, ou ailleurs, en rapport avec le sujet évoqué. Je n’ai à aucun moment, rencontré de membre de la famille de l’ancien président, ni d’officiel sénégalais pour discuter de quelque question que ce soit ayant un rapport, de près ou de loin, avec le rapatriement de la dépouille de l’ancien président ». Pour l’heure, certaines sources de La Nouvelle Expression évoquent une possible relance des contacts entre les deux parties sur le retour au Cameroun du corps de Ahmadou Ahidjo, décédé à Dakar, le 30 novembre 1989. – La Nouvelle Expression