Les médecins du Cameroun se sont déclarés "profondément choqués" par la révélation du dossier médical du journaliste Bibi Ngota, que le gouvernement affirme mort en prison "des suites d'infections" liées au virus du sida, dans un communiqué.
Dans ce communiqué daté de mardi, l'Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) affirme avoir "pris connaissance par le biais des médias du dossier médical d'un patient, en l'occurrence le défunt Ngota Ngota Germain Cyrille" surnommé Bibi Ngota.
M. Ngota est mort le 22 avril à la prison de Kondengui, à Yaoundé, où il était en détention préventive depuis près d'un mois et demi.
Le 29 avril, le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary (sur la photo) a affirmé qu'il "est décédé des suites d'infections opportunistes dans un contexte où (son) système immunitaire était complètement effondré", précisant que le journaliste avait tardivement appris son statut sérologique.
"Le dépistage volontaire du VIH-sida proposé à l'intéressé (M. Ngota) s'est révélé positif", avait notamment dit M. Tchiroma, citant "un rapport administratif du médecin de la prison".
"Cette façon de procéder a profondément choqué les médecins que nous sommes, car le secret médical est un droit absolu pour tout patient", déclare l'ONMC, soulignant qu'un décret présidentiel relatif au code de déontologie des médecins stipule ce droit.
Il invite tous les médecins camerounais à observer "le strict respect" du code de déontologie pour lequel ils ont "prêté segment".
Mardi, l'association camerounaise Positive-Generation, qui lutte contre le sida, avait déjà fustigé les révélations du gouvernement sur la sérologie de Bibi Ngota.
Par ces révélations, le ministre "contribue à accentuer la stigmatisation et la discrimination envers les personnes séropositives (...) dans un pays où au moins 5% de la population est infectée" par ce virus, déclarait-elle.
Selon la famille de Bibi Ngota, il souffrait d'hypertension et de problèmes de hernie nécessitant une opération. - AFP