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Goodluck Jonathan investi à la présidence du Nigeria

May 06, 2010

Le président nigérian par intérim, Goodluck Jonathan, a prêté serment jeudi pour succéder à la tête de l'Etat à Umaru Yar'Adua, mort la veille, et mener le pays le plus peuplé d'Afrique vers l'élection présidentielle de 2011.

Goodluck Jonathan a pris ses fonctions devant des ministres du gouvernement, des gouverneurs régionaux et des ambassadeurs réunis dans la résidence présidentielle à Abuja, la capitale. Il conduira l'actuel mandat à son terme, en avril prochain.

Vice-président d'Umaru Yar'Adua, Jonathan assurait l'intérim à la tête de l'Etat depuis le 9 février, la maladie ayant éloigné le président du pouvoir depuis des mois. Il doit maintenant désigner un vice-président.

"Le Nigeria a perdu le joyau de sa couronne", a déclaré le nouveau président, âgé de 53 ans, avant la cérémonie.

Il a décrété sept jours de deuil national dans ce pays de 140 millions d'habitants et riche en pétrole.
Agé de 58 ans, Yar'Adua est mort mercredi dans sa résidence officielle. Il devait être inhumé jeudi dans son Etat natal de Katsina. Il n'avait plus été vu en public depuis novembre 2009.
Souffrant de problèmes rénaux depuis des années, il s'était rendu en fin d'année dernière en Arabie saoudite pour y soigner une péricardite, inflammation de la membrane enveloppant le coeur.

TOURNANT

Depuis le début de son intérim, Goodluck Jonathan a renforcé son pouvoir, remaniant le gouvernement et nommant sa propre équipe de conseillers, mais la disparition de Yar'Adua annonce une élection très disputée.

On ignore pour l'heure si Jonathan, originaire de la région du delta du Niger, dans le Sud, sera candidat. Un accord tacite au sein du parti au pouvoir prévoit une rotation du pouvoir entre Nord et Sud, or le prochain mandat devrait revenir à un dirigeant issu comme Yar'Adua du Nord, majoritairement musulman.

"La question primordiale sera de savoir qui est le nouveau vice-président. Le candidat pour la présidentielle de 2011 sera probablement quelqu'un du Nord", dit Kayode Akindele, directeur du cabinet de consultants Greengate Strategic Partners à Lagos.

Malgré les accusations de bourrage des urnes et de pratiques d'intimidation, dénoncés par l'opposition et les observateurs de l'Union européenne, le triomphe de Yar'Adua à l'élection d'avril 2007 avait marqué un tournant pour le Nigeria indépendant.

Pour la première fois dans l'histoire de ce pays, parsemée de coups d'Etat militaires, le pouvoir passait d'un président civil à un autre. Avant sa victoire, ses détracteurs affirmaient qu'il serait une "marionnette" d'Olusegun Obasanjo, son prédécesseur, un ancien militaire n'ayant que peu d'égards pour la justice et la loi.

"Je serai aussi indépendant que le permet la Constitution de 1999", répondait-il, s'engageant à respecter l'Etat de droit.

CALME RELATIF

Né le 16 août 1951, Yar'Adua était issu d'une famille très impliquée dans la vie politique du pays. Son père avait été ministre dans le premier gouvernement formé après l'indépendance, en 1960. Son frère était numéro deux du gouvernement militaire dirigé par Obasanjo entre 1976 et 1979.

A sa prise de fonction, en mai 2007, Yar'Adua s'était engagé à poursuivre la politique de libéralisation économique lancée par son prédécesseur. Il avait dressé une liste de "priorités nationales" couvrant notamment le renforcement des approvisionnements en énergie, la relance de l'agriculture, la réduction de l'insécurité alimentaire, la lutte contre la corruption et l'amélioration du niveau de l'enseignement.
Mais ses séjours fréquents à l'étranger pour raisons de santé avaient progressivement sapé la confiance placée dans sa présidence. La lenteur des réformes lui avait valu le surnom de "Baba Go-Slow", référence aux embouteillages routiers.

La principale réalisation de sa présidence est à chercher dans le delta du Niger, coeur de l'industrie pétrolière et gazière. L'amnistie qu'il a proposée en 2008 aux groupes armés a conduit des milliers de miliciens à déposer les armes et permis à cette région de connaître plus de six mois d'un calme relatif.
Lors de son investiture, Goodluck Jonathan s'est engagé à défendre les mêmes priorités.

"Notre engagement total en faveur de la bonne gouvernance, de la réforme électorale et de la lutte contre la corruption se poursuivra avec la plus grande vigueur", a-t-il dit, citant également parmi ses priorités la paix et le développement du delta du Niger et la sécurité dans le pays. - Reuters
 

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