Les militants de l'extrême droite blanche d'Afrique du Sud ont afflué vendredi matin vers la bourgade de Ventersdorp, placée sous haute sécurité pour les funérailles du leader radical assassiné, Eugène Terre'Blanche.
Des centaines de partisans du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), en tenue paramilitaire, et des fermiers blancs formaient une longue file d'attente devant l'église protestante afrikaner de la petite ville, où le service funéraire devait avoir lieu à 6H00 HNE.
«Ce seront des funérailles normales, pas des funérailles politiques. C'est ce qu'a demandé la famille», a affirmé un porte-parole de l'AWB, Pieter Steyn. «Nous avons demandé à nos membres de respecter cette requête (...) il n'y aura pas de salut, de coups de feu, de marches ou quoi que ce soit d'autre», a-t-il ajouté.
Eugène Terre'Blanche, 69 ans, a été battu à mort samedi. Deux de ses ouvriers agricoles, avec lesquels il se serait disputé au sujet de salaires impayés, ont été inculpés de meurtre.
À l'issue du service religieux, il devait être enterré sur sa ferme, à une dizaine de kilomètres du centre de Ventersdorp.
Compte tenu du passé violent de l'AWB, qui a organisé de nombreux attentats meurtriers dans les années 1990 pour empêcher la chute de l'apartheid, les funérailles se déroulaient sous haute surveillance policière.
Patrouilles renforcées, hélicoptères, maîtres-chiens, démineurs, unités spécialisées dans le contrôle des foules étaient visibles dans l'ensemble de la bourgade, dont les magasins étaient toutefois ouverts normalement.
«Nous nous sommes préparés à réagir à n'importe quel type de situation», a expliqué une porte-parole de la police, Adele Myburgh.
Le chef de la police nationale, Bheki Cele, est arrivé en fin de matinée à Ventersdorp, où il a engagé des discussions avec le secrétaire général de l'AWB, Andre Visagie.
La formation milite toujours pour la création d'un Volkstaat (état autonome pour les Afrikaners, les descendants des premiers colons européens) et demande que le gouvernement renforce la sécurité des fermiers blancs, a expliqué Visagie.
Il a promis de privilégier les négociations avec le gouvernement, qui doivent selon lui débuter la semaine prochaine, et de ne recourir à la violence qu'«en dernier ressort».
Malgré ce mot d'ordre, une bannière devant l'église affichait vendredi, en afrikaans: «Pour la paix, mais prêts pour la guerre».
Accusant les Noirs de vouloir «jeter les Blancs hors du pays», Jan Pewet, un militant en treillis décoré d'un aigle nazi, ajoutait: «s'ils veulent la guerre, ils auront la guerre».
Pour éviter les affrontements, la confédération syndicale Cosatu a appelé les Noirs des alentours à se réunir dans le township voisin de Tshing à l'heure des funérailles.
«Notre but est de faire en sorte que les ouvriers agricoles et les communautés de Ventersdorp restent disciplinés et en sécurité», a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Malgré les appels au calme des autorités, et notamment du président Jacob Zuma, le meurtre d'Eugène Terre'Blanche a ravivé les tensions raciales dans un pays où la couleur de la peau reste déterminante seize ans après la chute de l'apartheid.
Lors de la comparution des suspects, mardi devant le tribunal de Ventersdorp, une bagarre avait explosé entre des militants de l'AWB et des Noirs et la police avait dû ériger une clôture entre les deux camps. - AFP