Les forces de sécurité ont été renforcées lundi dans les rues de Libreville où les trois favoris à la présidentielle pour succéder à feu Omar Bongo ont revendiqué la victoire, sans attendre les chiffres officiels du scrutin. Des militaires et policiers en tenue anti-émeutes étaient déployés aux points névralgiques de la capitale, s'ajoutant à la garde républicaine et aux militaires présents en permanence autour du Palais présidentiel, sur le Bord de mer et d'autres carrefours depuis la mort de Bongo.
La circulation à Libreville semblait bien moins importante que lors d'un lundi habituel, beaucoup d'habitants et commerçants ayant choisi de ne pas travailler en raison de la tension autour des élections. La veille, les Gabonais avaient voté en masse sans incident majeur malgré une certaine tension dans des quartiers populaires de la cité. Lundi en début d'après-midi, aucun chiffre n'avait encore été communiqué, ni par la Commission électorale autonome et permanente (Cénap), ni par le ministère de l'Intérieur, qui co-organisent les élections dans ce pays de 1,5 million d'habitants. La publication des résultats de la Cénap, qui centralise les données, est envisagée "entre mardi soir et mercredi, mais plus probablement mercredi", a-t-on indiqué à l'AFP dans cette commission. Sans attendre la proclamation des résultats et les conclusions des quelque 300 observateurs nationaux et internationaux accrédités, la France s'est félicitée lundi "du bon déroulement du scrutin, de la bonne participation, en dépit de certaines difficultés techniques". Quelques heures après la clôture du scrutin, l'opposant historique Pierre Mamboundou s'était présenté comme le vainqueur, parlant de "victoire finale". Peu après, le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) déclarait son candidat Ali Bongo, fils du défunt président, "gagnant" de l'élection, sans avancer de chiffres. Devant la presse lundi, il s'est dit lui-même "largement gagnant", en refusant de fournir des précisions. "Je veux attendre l'annonce officielle des résultats", a précisé Ali Bongo, ministre de la Défense de 1999 à la veille de la campagne. Ces fonctions sont, depuis, assumées par le ministre de l'Intérieur Jean-François Ndongou, qui conservera la Défense jusqu'au prochain gouvernement, selon une source officielle. L'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame, affirmait aussi dimanche soir à l'AFP qu'il serait "proclamé président de la République" sur la foi de résultats recueillis par son équipe. "Sauf +miracle+, nous ne pouvons pas être rattrapé", a-t-il déclaré, se disant en tête dans 4 des 9 provinces (62% du corps électoral). Selon lui, Mamboundou est en tête dans trois provinces (25% des électeurs) et Ali Bongo dans deux (16% du corps électoral). Les opérations de vote, de 07H00 à 18H00 (06H00 à 17H00 GMT) dans plus de 3.000 bureaux au Gabon et à l'étranger, avaient commencé en retard dans de nombreux bureaux où des files d'attente étaient visibles. Pendant la campagne, Ali Bongo, 50 ans, investi par le PDG, a pu profiter de la machine électorale fondée en 1968 par son père. Officiellement, le PDG a remporté toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990. Il s'est retrouvé en final confronté à 17 candidats, avec un désistement en plein scrutin de l'ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba. De nombreux observateurs et candidats avaient affirmé craindre des troubles post-électoraux, comme 21 intellectuels qui avaient appelé samedi à l'apaisement. - AFP