Le chef de la junte en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, a appelé à un "dialogue direct, franc et sincère" pour sortir le pays de la crise, annonçant la mise en place d'une nouvelle commission d'enquête nationale sur le massacre du 28 septembre.
"Seul et seulement le dialogue direct, franc et sincère, constitue la voie royale pour sortir de cette situation", a-t-il indiqué dans la nuit de lundi à mardi dans une adresse à la Nation diffusée par la télévision et la radio nationales. "L'apport extérieur de pays amis et gens de bonne volonté à ce dialogue guinéo-guinéen est certes important, mais la volonté et la détermination patriotiques restent et demeurent la clé du succès auquel aspirent tous les Guinéens", a-t-il ajouté. Le président autoproclamé de la Guinée s'exprimait juste avant une rencontre, mardi à Ouagadougou, entre les partis d'opposition guinéens et le médiateur burkinabè, le président Blaise Compaoré. Les opposants demandent le départ de la junte, qui avait pris le pouvoir le 23 décembre 2008 après la mort du dictateur Lansana Conté. "Cicatrisons nos plaies en nous réconciliant avec nous-mêmes et dans la paix, la (nouvelle) commission d'enquête (nationale, sur le massacre du 28 septembre) doit être et sera le pacte fondateur de notre union", a affirmé le chef de la junte. "J'ai décidé de créer une nouvelle commission", a-t-il annoncé, précisant avoir "nullement l'intention de contrevenir au travail" de la commission internationale d'enquête créée par l'ONU et dont les membres sont attendus à Conakry courant novembre. "Cette nouvelle commission sera ouverte aux gens de justice et représentants de la société guinéenne. La présence de personnalités étrangères, à la compétence reconnue, garantira la transparence des travaux et l'objectivité des conclusions", a-t-il affirmé. "Nous n'avons rien à cacher, les audiences seront publiques et retransmises à la télévision nationale et sur les ondes", a assuré le capitaine Dadis Camara. Début octobre, les autorités avaient annoncé la création d'une commission d'enquête nationale mais les partis d'opposition et la société civile avaient refusé d'y participer. "Je ne cèderai aucune parcelle de notre souveraineté nationale et personne ne pourra m'empêcher de permettre aux citoyens guinéens de savoir ce qui s'est réellement passé le 28 septembre 2009, d'autres veulent me priver de ce droit et bien je ne l'accepte pas", a-t-il insisté. La chef de la junte a par ailleurs une nouvelle fois rejeté la responsabilité des morts du 28 septembre sur ses opposants. La répression par les forces de sécurité d'une manifestation pacifique de l'opposition dans le plus grand stade de Conakry a fait, selon l'ONU, plus de 150 morts. La junte s'en tient quant à elle à un bilan de 56 civils tués. - AFP