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Guinée: le président burkinabè en mission de médiation une semaine après le massacre

Oct 05, 2009

Le président burkinabè Blaise Compaoré a débuté lundi une médiation en Guinée, au nom de l'Afrique de l'Ouest, pour tenter de "relancer le dialogue" entre la junte et l'opposition, une semaine après le massacre de manifestants par les forces de sécurité.

Le chef de l'Etat burkinabè a été accueilli à sa descente d'avion par le président autoproclamé de la Guinée au pouvoir depuis neuf mois, le capitaine Moussa Dadis Camara, en tenue militaire.

Au bord d'un tapis rouge, se tenaient les membres - militaires et civils - de son gouvernement ainsi que de nombreux diplomates étrangers.

M. Compaoré, nommé "facilitateur" de la crise en Guinée par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a déclaré qu'il venait voir "comment relancer à la fois le dialogue et une conduite sereine du processus politique".

Il devait rencontrer lundi les représentants du groupe international de contact sur la Guinée puis ceux des "forces vives" (partis d'opposition, syndicats, société civile), avant de s'entretenir avec le capitaine putschiste.

"Nous sommes là pour écouter les doléances de toutes les parties mais avant tout pour exprimer aux populations éplorées par les événements tragiques du 28 septembre la compassion et bien sûr la solidarité de la Cédéao et de l'Union africaine (UA)", a affirmé M. Compaoré.

Il a dit espérer obtenir du chef de la junte "des précisions sur la conduite du processus électoral pour qu'il soit pacifique, apaisé, exempt de violences, démocratique, transparent".

L'opposition souhaite que le chef de la junte "ne se présente pas" à la présidentielle prévue en janvier, a expliqué un de ses leaders Jean-Marie Doré. "C'est le fondement des revendications des forces vives", a-t-il ajouté.

La médiation débutait une semaine après le massacre de manifestants par les forces de sécurité dans un stade de Conakry.

L'opposition y tenait un rassemblement pacifique pour s'opposer à une probable candidature à la présidentielle du capitaine Dadis Camara, qui a pris le pouvoir le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort de Lansana Conté, dictateur du pays depuis 24 ans.

L'ONU évoque "plus de 150 morts" et l'Organisation guinéenne pour la défense des droits de l'Homme avance le bilan d'au moins 157 manifestants tués et 1.200 blessés, dont un grand nombre de femmes violées par les "bérets rouges" (garde présidentielle).

Mais la junte soutient que "56 civils" ont été tués ce 28 septembre.

Lundi, le capitaine Dadis Camara s'est montré très irrité par les déclarations du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui avait déclaré dimanche: "Il me semble qu'aujourd'hui, on ne peut plus travailler avec Dadis Camara, et qu'il faut qu'il y ait une intervention internationale".

La Guinée n'est "pas une sous-préfecture, pas un arrondissement de la France ni d'aucune puissance", a réagi le chef de la junte.

M. Kouchner avait notamment déclaré au sujet du "déferlement de violences" que "même (l'ex-dictateur ougandais Idi) Amin Dada n'avait pas fait ça".

Lundi, Paris a répété soutenir l'idée d'un "déploiement d'une force de paix africaine" en Guinée.

Conakry semblait calme lundi mais des opposants ont lancé une opération "ville morte" à Kissidougou (600 km au sud-est de la capitale), pour "commémorer le massacre du 28 septembre".

"Le marché est fermé, ladministration paralysée, la circulation inexistante, les rues sont désertes", a affirmé à l'AFP le fonctionnaire Nfansoumane Kaba, ajoutant: "Nous exigeons le départ de la junte".

Il s'agit de la première manifestation anti-junte organisée depuis la tuerie du 28 septembre. - AFP  

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