Les autorités guinéennes interdisent désormais aux radios d'organiser des débats politiques avec la participation d'auditeurs, au moment où l'éventuelle candidature du chef de la junte à la présidentielle du 31 janvier est l'objet de vifs débats et de manifestations.
Le conseil national de la communication (CNC), haute autorité du secteur audiovisuel, a annoncé mardi l'"interdiction d'évoquer jusqu'à nouvel ordre des sujets politiques dans tout type d'émission interactive et ce dans toutes les langues". Une vingtaine de radios privées sont concernées par cette interdiction du CNC, huit mois après la prise du pouvoir par l'armée. Ces derniers jours, de nombreux auditeurs s'étaient exprimés librement sur les ondes, usant parfois d'un ton véhément pour critiquer l'action de la junte et rejeter l'éventuelle candidature de son chef, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle. A l'issue d'une assemblée extraordinaire, l'Union des radios et télévisions libres de Guinée (URTELGUI) a exprimé mardi sa "vive préoccupation". Elle a "attiré l'attention de l'opinion sur les véléités manifestes du CNC de museler les radios privées et d'empêcher la libre expression des citoyens guinéens tant souhaitée". Lundi, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait par ailleurs demandé à la junte de "cesser les actes d'intimidation et les menaces contre les personnes qui expriment leurs désaccords". "Des opposants politiques et au moins un activiste des droits humains qui ont critiqué la candidature présumée du capitaine Moussa Dadis Camara ont reçu des menaces ces derniers jours", avait relevé HRW dans un communiqué publié à Dakar. - AFP