Le dimanche dernier, la liste complète des membres statutaires a été rendue publique. Aucun membre de l’ANR (Alliance nationale pour le renouveau) n’a été cité. Le 10 mars le directoire de l’ANR a rendu publique une déclaration au cours d’une conférence de presse tenue au siège national de l’UPR (Union pour le progrès et le renouveau) de Bah Ousmane, également président de l’ANR. Pour se justifier et se défendre. Dans sa déclaration, l’ANR dit avoir appris avec “ indignation et surprise ”, la déclaration de la Présidente du CNT (Conseil national de la transition), Hadja Rabiatou Sérah Diallo qui a précédé de quelques minutes la publication du décret nommant les membres statutaires du CNT le dimanche 7 mars dernier. L’ANR proteste contre ce qu’elle a qualifié de “ déclaration subversive, tendancieuse et gravissime ” de la présidente du CNT et en appelle “ à l’opinion nationale et internationale, à la prise de responsabilité plus historique face à toute tentative de déviation et d’exclusion ”.
En effet, dans sa déclaration du dimanche 7 mars, Hadja Rabiatou a dit : “ malgré nos efforts, notre patience, notre volonté affichée de parvenir à un accord avec toutes les parties de n’oublier et de n’exclure personne, nous n’avons pas à trouver un compromis avec l’ANR contre toute attente et en dépit de tous les efforts consentis. Cette politique, en lieu et place de cinq sièges qui lui ont été proposés contre trois pour la première fois, a exigé dix places pour accepter jusqu’à la dernière minute, nous avons espéré un accord avec l’aide de bonnes volontés mobilisées pour l’occasion et à travers de nombreuses missions de bons offices dépêchés auprès de l’ANR présidée par M. Bah Ousmane. ” Et de poursuivre “ Face à l’impatience exprimée par l’opinion guinéenne et nos partenaires en tenant compte des délais courts de la transition, à notre corps défendant, nous avons transmis au Président de la transition la liste des membres du CNT sans les représentants de l’ANR ”. Hadja Rabiatou avait dit avoir déploré et regretté l’acte de l’ANR et précisé qu’à “ tout moment s’ils le désirent et décident, les délégués de l’ANR peuvent intégrer le CNT et avec les autres membres ” pour s’acquitter de la mission historique qui leur est dévolue.
Mais pour l’ANR, cette déclaration de la présidente du CNT présente l’ANR et son président comme “ un facteur de blocage du processus de la transition. Et d’ajouter que cette manœuvre de discrédit et de falsification des faits intentés contre Bah Ousmane, président de l’ANR, par Hadja Rabiatou Serah relève d’un plan de disqualification pour des raisons connues de tous, du processus de transition en cours. ” L’ANR devient plus amère en soutenant que c’est aussi une manière de monter les populations guinéennes au profit de “ certains prédateurs en quête de légitimité populaire et autres partisans de la démocratie au rabais en faisant croire que l’ANR était contre l’échéance présidentielle du 27 juin. ”
Dans la même déclaration, l’ANR affirme que tout allait bien comme sur des roulettes dans les tractations du 5 mars avec le Premier minstre Jean-Marie Doré visant à rallonger la liste de 101 à 163 membres. Mais qu’à la date du 6 mars, alors qu’elle s’attendait à la “ satisfaction de sa légitime demande de 15 sièges, Ahmed Tidiane Cissé, membre des Forces vives (au sein des quelles les membres de l’ANR se sont désolidarisés le 2 décembre 2009), lui a dit : “ le droit pour le quorum des Forces vives de s’arroger la taille importante dans les institutions est le fruit du sang obtenu le 28 septembre 2009.”
La déclaration rapporte ces mots comme étant la réponse de Bah Ousmane : “ Je veux que vous me regardiez dans les yeux en affirmant pareille infamie. Vous êtes mal placé pour nous donner des leçons dans l’instauration de la démocratie en Guinée pour avoir, en qualité de transfuge de l’opposition de l’époque en faveur du parti au pouvoir, perpétué la dictature. Si cela est le prix à payer pour droit de cité dans la transition, ne comptez pas sur ma modeste personne. Et si cela est à refaire, je ne me rendrai pas au stade. ”
Pourtant, les Forces vives de la nation au sein desquelles est issu le Premier ministre de la transition se sont montrées peu catho aux partis « pro Dadis » accusés par bien des Guinéens d’être réunis au sein de l’ANR. L’ANR qui regroupe 33 partis politiques s’est dit quand même ouvert au dialogue “ visant à instaurer un climat de paix en Guinée en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.”
Comme on le voit, les empoignades, entre anciens dissidents des Forces vives de la nation, aujourd’hui victimes de leurs illusions et les membres des Forces vives ayant fait le déplacement du stade de Conakry au mois de septembre, ayant permis tout ce que l’on sait depuis, n’ont fait que commencer, déclare un confrère. Qui pense que Hadja Rabiatou ne restera pas de marbre devant de tels propos contre elle de la part de l’ANR. Même chose pour Jean-Marie Doré, actuel Premier ministre de Guinée. Deux personnalités de la transition chancelante guinéenne, tous deux issus des Forces vives de Guinée. – AfricaLog