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Guinée: un très proche collaborateur du chef de la junte et du ministre de la défense démissionne

Nov 12, 2009

Le ministre guinéen de la communication auprès de la présidence et du ministère de la défense, Tibou Kamara, a présenté lundi sa démission.

Nommé le 18 Août dernier, M. Kamara est le quatrième ministre du gouvernement de transition conduit par Kabinet Komara à jeter l’éponge, depuis les douloureux événements du 28 septembre dernier qui ont couté la vie à plus de 150 morts, des dizaines de femmes violées et quelques 1 200 blessés, selon des chiffres onusiens.

Ce journaliste de profession qui a débuté sa carrière au journal l’Indépendant, est également le fondateur de l’hebdomadaire L’Observateur.

Par la suite, il s’est retrouvé à la tête de l’Association des Editeurs de la Presse Indépendante). En 2007, il est nommé président du Conseil National de la Communication, l’institution de régulation des médias guinéens.

Une fonction qu’il occupera pour peu de temps, car il sera propulsé ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies de l’Information et également porte parole du gouvernement de large ouverture que dirigeait le Dr Ahmed Tidiane Souaré.

A l’avènement de la junte militaire au pouvoir, qui avait dissout le gouvernement auquel il appartenait, l’opinion l’a découvert au cours d’une audition télévisée devant le chef de la junte où il s’est défendu farouchement contre les soupçons de détournements de deniers publics allégués contre lui dans le cadre du dossier de l’organisation du cinquantenaire de l’indépendance de la Guinée.

Alors qu’on le croyait définitivement en disgrâce, Tibou Kamara a été récupéré par la junte pour des missions d’explication auprès de la communauté internationale.

Le 18 Aout dernier, il est nommé ministre de la communication auprès de la présidence et du ministère de la défense, avec pour mission faciliter l’accès des médias aux informations liées aux activités de ces deux postes clés de l’Etat guinéen.

Ce qui devrait avoir une incidence positive sur la transition en cours en Guinée du fait que les populations qui ont les yeux tournés vers le camp Alpha Yaya Diallo, siège de la junte, devraient désormais être mieux informées de la conduite des affaires publiques.

Mais trois mois après, Tibou Camara a jugé utile de rendre le tablier à l’instar de ses prédecesseurs, notamment Abdourahmane Sanoh de l’agriculture et de l’élevage, Dr Alpha Amadou Diallo de la réforme administrative et de la fonction publique, Justin Morel Junior de l’information et de la culture, ainsi que trois conseillers personnels du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara.

Dans la lettre de démission adressée au chef de la junte le Capitaine Moussa Dadis Camara il déclare :

« Mon vœu auprès de vous et de votre frère d’armes, le général Sékouba Konaté, a été de vous aider avec dévouement et loyauté absolus à réussir la mission historique voire messianique que vous avez énoncée, annoncée le 23 Décembre 2008 pour laquelle vous avez bénéficié d’une bienveillance totale et d’un soutien unanime au-delà des frontières guinéennes : donner l’occasion et la chance enfin aux guinéens à la faveur de consultations électorales ouvertes, transparentes et paisibles de choisir librement leurs dirigeants et de se doter d’institutions fortes et crédibles. Ce faisant, ils pourraient changer le cours de leur histoire tumultueuse et se réconcilier avec eux-mêmes et surprendre pour une fois et agréablement un monde dont ils sont devenus la risée, dont ils semblent bannis.

Mon espoir, jusqu’au moment où je me suis décidé- après réflexion et analyse- de quitter les fonctions à moi confiées, a été de voir s’opérer un sursaut salvateur même tardif après la tragédie du 28 septembre 2009 afin de permettre à la Guinée de se relever de ses déchirures et blessures profondes et indélébiles. J’ai espéré d’où mon hésitation et ma réserve jusqu’à ce jour au fond de moi-même et de toutes mes forces que l’épisode traumatisant du 28 septembre ouvrirait les yeux à tous, ramènerait tous sur terre pour aider la Guinée à oublier et si possible à pardonner ses rancoeurs, surmonter toutes ses pesanteurs et lenteurs habituelles et chroniques.

Mon regret est de constater aujourd’hui malgré le cri de cœur et de détresse qui s’élève en Guinée et à travers le monde, beaucoup dans votre entourage dans un instinct de suicide ou baignant dans l’insouciance totale, se refusent d’entendre raison et de faire amende honorable comme d’autres heureusement : ils n’ont pas tiré les leçons ‘’ d’erreurs tragiques et fatales’’, se montrent indifférents et sourds à toutes les condamnations nombreuses et fermes en se refugiant derrière un chauvinisme douteux et ombrageux, ils voudraient ignorer les plaintes et complaintes de nos compatriotes , tous solidaires dans le grand malheur qui vient de frapper et endeuiller notre pays et déterminés aussi comme jamais à se rendre maîtres de leurs destins. Cette unité et solidarité retrouvées dans le malheur et sans doute après un effort d’exorcisme personnel et collectif est un espoir certain pour demain car beaucoup des guinéens et trop longtemps ont dépensé de l’énergie, de l’argent et du temps à se détester, à s’opposer , à se détruire sur la base de préjugés faux et clivages artificiels qui constituent la véritable menace pour l’avenir et une hypothèque sérieuse pour la communauté de destin ravivée et portée plus haut depuis les derniers tragiques événements . Eh oui, la Guinée a changé, les guinéens ne sont plus mêmes ces dernières années ‘’ fatigués’’ de leur histoire balbutiante et portés par la force de convictions inébranlables et de lendemains meilleurs possibles. »

Dans la lettre adressée au ministre de la Défense , le Général Sékouba Konaté il dit :

« Mon général, je vous prie de croire le moment de surprise et d’émoi passé après avoir appris ma décision que je garde pour vous pour le chemin que nous avons eu à faire ensemble dans la sincérité et la loyauté une profonde amitié. C’est pourquoi il m’est insupportable de vous embarrasser davantage en entretenant l’équivoque à propos de ma position vis-à-vis du CNDD au risque d’ailleurs de vous fragiliser pour le soutien constant que vous m’apportez : je ne peux continuer à me retrancher dans un silence confortable et une résignation facile encore moins à garder des fonctions que j’ai abandonnées, en réalité, depuis un moment.

A vous mon général et au capitaine Moussa Dadis Camara , je voudrais réitérer une nouvelle fois ma reconnaissance pour la confiance placée en ma modeste personne , réaffirmer ma disponibilité dans l’amitié et la fraternité , vous dire aussi combien de fois j’ai beaucoup appris de notre expérience commune et de notre brève collaboration. »

Au lendemain du carnage du 28 Septembre, Tibou Kamara avait pris ses distances, une source proche de la junte contactée par AfricaLog l’avait traité de « traître » - AfricaLog 

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