Une augmentation de salaire de 50% ! C’est du jamais-vu ou presque sous nos Tropiques. En termes simples, le travailleur qui touchait 100 000 F se retrouve désormais avec 150 000 F après un mois de labeur.
La marmite bouillira certainement plus que d’habitude, et la qualité du menu s’en trouvera améliorée ; les tout-petits s’amuseront dans la gaieté comme ils le font toujours lorsqu’ils ont le ventre plein, sous le regard bienheureux des parents. Dans ces conditions, le mieux-être se ressentira dans toutes les sphères de la société, y compris celle politique.
C’est sans doute au regard de ces énormes enjeux que le pouvoir de transition à Conakry a pris cette décision d’importance lundi dernier en faveur du personnel civil de l’Etat par « souci d’atténuer la souffrance des fonctionnaires ». C’est vrai que cette mesure vient en compensation de la hausse de 30% du prix du carburant à la pompe mais son incidence dans la vie des bénéficiaires ne sera pas négligeable.
Surtout que biens d’autres décisions l’accompagnent, notamment l’augmentation des indemnités de transport et de logement de 35 000 F chacune, sans oublier la pension de la retraite qui a été révisée à la hausse de 30%. Au regard de ses ressources, le pays de Sékou Touré est assurément l’un des plus riches de la planète avec, paradoxalement, 40% de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté. Cette faillite économique est le résultat du pillage systématique des biens publics, du clientélisme, et de la corruption, dont les régimes qui se sont succédé ont fait montre.
A l’évidence, une telle mesure tient du courage politique d’autant plus que les mouvements syndicaux, à travers l’Afrique au Sud du Sahara ont usé leurs semelles en battant le pavé pour exiger de leurs gouvernements respectifs la hausse des salaires, au regard du renchérissement excessif de la vie, sans être entendus. C’est le cas de notre pays où le monde du travail, qui réclame à cor et à cri une augmentation de 25% des salaires et des pensions, n’a obtenu en 2009 qu’un petit 4%. Conséquence, les travailleurs peinent toujours à joindre les deux bouts et doivent, en plus, faire face à une nouvelle taxe dite de développement communal.
Si malgré ce contexte de crise Sékouba Konaté et son équipe ont accepté de délier les cordons de la bourse, c’est qu’ils ont fait des études préalables pour s’assurer qu’ils avaient les moyens de leur politique qui passeront nécessairement par la lutte contre les mots précités. Seulement, on se demande si cet engagement d’un gouvernent qui passera le témoin, dans les mois à venir, à ceux qui remporteront la présidentielle en juin, sera pérenne.
En tout état de cause, le gouvernement actuel condamne les futurs dirigeants à se serrer la ceinture pour gagner le pari de verser des salaires révisés considérablement à la hausse avant de faire face aux défis du développement. Gare à eux s’ils reviennent sur ces décisions, saluées en chœur par les travailleurs. “On ne revient pas sur des acquis”, diront les syndicats, qui n’hésiteront pas à engager des mouvements sociaux. 50%, c’est bien, pourvu que ça dure et que d’autres pays, suivez mon regard, s’en inspirent. – L’observateur Paalga