Le populaire chef du parti au pouvoir en Afrique du Sud, Jacob Zuma, a prouvé sa pugnacité lors de son long combat contre la justice, qu'il a finalement remporté, mais il reste un personnage très controversé à moins de trois semaines des élections générales.
Le Parquet ayant abandonné les poursuites lancées contre lui pour corruption, le tribun zoulou, qui fêtera dimanche ses 67 ans, va pouvoir entièrement se consacrer à la campagne électorale pour devenir le prochain président sud-africain. Le chef du Congrès national africain (ANC), qui arbore un large sourire sous ses lunettes et son crâne chauve, s'exprime quasi-quotidiennement dans tout le pays. Mais il est resté étonnamment silencieux sur cette affaire de corruption qui l'avait obligé à démissionner de la vice-présidence de la République en 2005. En décembre 2007, il prenait sa revanche en décrochant la tête de l'ANC face à son grand rival, le président de l'époque Thabo Mbeki, contraint de quitter le pouvoir l'année suivante sur fond de soupçons d'instrumentalisation de la justice. La levée des accusations de corruption à son encontre signe la fin de huit ans d'enquête. Ses opposants ont immédiatement crié au "scandale", estimant que l'abandon du dossier ne levait pas les soupçons contre lui. Le favori à la présidence reste également contesté pour ses déclarations polémiques. En 2006, il avait été acquitté du viol d'une jeune femme séropositive, faute de preuves, mais avait suscité l'indignation en affirmant à la barre qu'il s'était lavé du virus en prenant une douche. Une énorme bourde dans l'un des pays les plus affectés par la pandémie. Aujourd'hui, il prône le recours aux préservatifs et appelle au dépistage. La semaine dernière, il a de nouveau choqué, surtout dans les rangs des Blancs anglophones, en estimant que les Afrikaners (descendant des premiers colons d'origine hollandaise) étaient les seuls blancs à être de "vrais Sud-Africains". Ce populiste charmeur tente pourtant de peaufiner une image d'homme d'Etat rassembleur. "JZ", comme l'appellent ses nombreux partisans, déclare par exemple briguer un seul mandat à la tête de l'Etat, à l'instar de l'icône Nelson Mandela, premier président noir d'Afrique du Sud (1994-1999). Lui qui aime esquisser un pas de danse lors des meetings ou serrer les mains des pauvres, noirs comme blancs, mise surtout sur son passé d'homme du peuple. Enfant, il a connu la misère. Fils d'une domestique et d'un policier décédé quand il était très jeune, cet autodidacte, né le 12 avril 1942 à Nkandla (Kwazulu-Natal, est), a très vite travaillé pour subvenir aux besoins de la famille. "Les circonstances ne m'ont pas permis d'aller à l'école, j'ai décidé de me construire moi-même", raconte Jacob Gedleyihlekisa Zuma, auquel un cousin a appris à lire et écrire. A 15 ans, il découvre l'ANC et s'y engage deux ans plus tard. Peu après l'interdiction du mouvement, il rejoint la branche armée et sera arrêté en 1963. Prisonnier pendant dix ans à Robben Island au large du Cap (sud-ouest), où M. Mandela et d'autres figures de la lutte anti-apartheid ont été détenus, il reprend son engagement dès sa libération. Dans les années 1990, pendant la délicate transition vers la démocratie, ce médiateur hors pair s'illustre dans les pourparlers avec un mouvement radical zoulou. Polygame, il s'apprêterait selon la presse à se marier pour la cinquième fois. - AFP