Plus de 3.000 Kényans et touristes étrangers réunis à Kogelo, le modeste village natal du père défunt de Barack Obama, célébraient mardi en chansons et en dansant l'investiture du premier président noir des Etats-Unis, "notre enfant, notre espoir".
"A présent nous sommes sûrs qu'il a vraiment gagné: il est le président des Etats-Unis! Avant ce moment, c'était difficile à imaginer", se félicite Julius Omondi, un habitant de 21 ans, quelques minutes après la prestation de serment de Barack Obama, 44e président des Etats-Unis. Les yeux rivés sur un des deux écrans géants flanqués de banderoles dédiées à l'enfant du pays - "Félicitations, notre fils, notre espoir" - Josephine Awuor, 30 ans, affirme que l'accession de M. Obama à la tête de la première puissance mondiale a changé sa vie. "Nous, les habitants de Kogelo, nos esprits et nos yeux sont à présent ouverts car maintenant, nous ne nous sentons plus petits, nous n'avons plus ce sentiment d'être des gens de peu d'importance", assure-t-elle. De nombreux Kényans présents avaient pris une journée de repos pour l'occasion et afflué de l'ensemble de la région du lac Victoria (ouest), revêtus de leurs plus beaux habits. "Je suis de Kogelo et c'est un jour de fête. Cela représente une chance énorme pour nous car de nombreux investissements vont venir. C'est déjà grâce à lui que nous avons l'électricité et l'eau", explique Faith Achieng, 20 ans. Le village habituellement tranquille de Kogelo, rebaptisé par ses habitants "la capitale locale du monde", connaît depuis quatre jours des festivités qui devaient s'achèver tard dans la nuit. Plusieurs touristes présents ont modifié le programme de leur périple kényan pour venir se joindre aux danses Luo, l'ethnie dont est issue la branche kényane de la famille de M. Obama, ou agiter des drapeaux américains. "C'est un jour très très spécial pour moi, peut-être le plus beau après mon mariage", raconte Clyde Partin, un retraité de l'Ohio en vacances au Kenya. "Obama va réunir le Kenya et les Etats-Unis et casser ces murs de séparation entre les noirs et les blancs, entre les Nations", affirme M. Partin, 64 ans: "J'assiste à l'Histoire, ici même à Kogelo. Dieu m'a béni d'être ici". La grand-mère paternelle de M. Obama, Sarah, et la plupart des proches kényans du nouveau président américain, qui habitent toujours à Kogelo et ses environs, sont pour leur part à Washington à la cérémonie d'investiture. L'événement, diffusé en direct par les principales chaînes de télévision kényanes, a donné lieu à des initiatives multiples à travers le pays et notamment Nairobi où est programmée mardi soir une comédie musicale sur la vie d'Obama. Les discothèques ne sont pas en reste, certaines d'entre elles organisant leur "nuit de l'investiture". Plusieurs heures avant le début de la cérémonie, des centaines de badauds s'étaient réunis dans un hall du centre de conférence de Nairobi devant des écrans géants, grâce à un coupon d'invitation imprimé dans l'un des principaux quotidiens du pays. "Il y a évidemment un sentiment de fierté car il est à moitié kényan. Mais aussi, l'Amérique a une mauvaise image à l'étranger et je pense qu'il peut faire beaucoup pour aider l'Amérique", a expliqué Jessy, jeune diplômée de 25 ans à la recherche d'un emploi. Quelque 2.000 personnes, réunies devant un écran géant à l'université de Nairobi, ont crié leur joie lors de la prestation de serment de M. Obama. Nombre d'entre eux, à l'apparition de George W. Bush sur l'écran, ont mimé le jet de chaussure d'un journaliste irakien le mois dernier lors d'une conférence de presse à l'endroit du président sortant des Etats-Unis. - AFP