Le président congolais Joseph Kabila a semblé fermer la porte lundi à toute forme de médiation étrangère dans le dialogue national qu'il a proposé en vue de parvenir à des élections apaisées, alors que c'est une condition posée par une partie de l'opposition pour y participer.
L'écrasante majorité des Congolais qui se sont déjà exprimés sur le sujet souhaite que dans l'éventualité du dialogue, celui-ci soit mené sans ingérence étrangère, à travers un nombre limité de participants, et pour une durée relativement courte, a déclaré M. Kabila dans un message diffusé par la télévision publique.
Le président de la République démocratique du Congo, qui s'exprimait à la veille de la fête nationale, faisait référence aux résultats provisoires des consultations qu'il a lancées en juin avec les forces vives de la Nation, pour déterminer l'opportunité d'un éventuel dialogue national en vue des élections à venir.
Les propositions des participants à ces consultations (dont le nombre n'est pas connu) seront autant que faire se peut prises en compte, a déclaré M. Kabila.
Alors qu'une partie de la presse congolaise attendait du chef de l'État qu'il fixe l'opinion, celui-ci n'a annoncé aucune date pour la tenue de cette table-ronde.
L'opposition réclame de longue date un dialogue politique alors que le pays est sous tension à l'approche d'un cycle d'élections devant s'achever en novembre 2016 avec la présidentielle.
Mais l'opposition, qui soupçonne M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de chercher à s'accrocher à tout prix au pouvoir, apparaît désunie face au dialogue proposé par le chef de l'État, à qui la Constitution interdit de se représenter.
L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de l'opposant historique Étienne Tshisekedi, a dit être disposée à y prendre part, mais à condition que celui-ci soit supervisé par un médiateur de l'ONU.
Une coalition réunissant les deux autres partis principaux de l'opposition a déjà annoncé son intention de boycotter le dialogue, y voyant une manoeuvre du camp présidentiel pour retarder les élections.
Interrogé après le discours de M. Kabila, Bruno Tshibala, porte-parole de l'UDPS, a déclaré : Nous n'accepterons jamais de participer si le médiateur est un Congolais choisi par M. Kabila, sinon ce sera encore une perte de temps.
Ève Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), deuxième parti de l'opposition à l'Assemblée nationale, a répété pour sa part que le dialogue comme prôné par le président Kabila [était] inopportun.
Ce sont des manœuvres dilatoires, a-t-elle ajouté.
La RDC traverse une grave crise politique depuis les élections législatives et présidentielle de 2011, marquées par des irrégularités et des fraudes massives.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a publié en février un calendrier prévoyant à partir d'octobre une série de scrutins devant mener à la présidentielle de 2016.
La tenue des élections locales, qui devaient enclencher le cycle, semble fortement compromise après le refus de l'Assemblée nationale de voter le projet de loi de répartition des sièges.
L'opposition reproche aussi à la Céni d'avoir exclu de ce scrutin et des élections provinciales devant avoir lieu le même jour toutes les personnes devenues majeures depuis 2011.
M. Kabila a déclaré mardi que cette exclusion et les difficultés de leur financement étaient des obstacles sur la voie d'élections générales voulues libres, transparentes et crédibles, mais aussi apaisées. – AfricaLog avec agence