Les électeurs de Guinée-Bissau votent dimanche pour désigner leur nouveau président lors d'un second tour opposant deux anciens chefs de l'Etat.
Beaucoup craignent que ce scrutin dans l'ancienne colonie portugaise soit l'occasion d'une reprise des violences et qu'il ne ramène pas la stabilité dans le pays après l'assassinat en mars du président Jaoa Bernardo "Nino" Vieira quelques heures après celui de son rival, le chef d'état-major de l'armée. L'ancien président Malam Bacai Sanha, candidat du PAIGC, principale formation du Parlement, est donné favori face à un autre ex-chef de l'Etat, Koumba Yalla, renversé par un coup d'Etat et dont le mandat entre 2000 et 2003 a laissé de tristes souvenirs parmi une partie de la population. On ne signalait, pour le moment, aucun incident majeur dimanche. Des observateurs venant de l'Union européenne, de l'Union africaine, des Etats-Unis, du Japon et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) sont présents. "C'est un jour tout particulier pour notre pays parce que c'est un jour d'espoir pour un peuple fatigué et traumatisé", a commenté une habitante de la capitale, Maria Lurdees Pereira, après avoir glissé son bulletin dans l'urne. Sanha était arrivé en tête au premier tour, le 28 juin, sans toutefois décrocher la majorité absolue. Cette semaine, l'Onu a appelé les deux candidats à la retenue dans cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée par les violences politiques. La communauté internationale s'inquiète du tempérament de Yala, personnage au comportement parfois imprévisible qui s'était auto-proclamé président en 2005 et avait occupé pendant quelques temps le palais présidentiel. Ses liens avec les forces armées constituent également un sujet de préoccupation. "PLUS PERSONNE NE SERA ASSASSINÉ" "Nous appelons en particulier le parti qui sera vaincu à ne pas recourir à une quelconque forme d'actions violentes qui pourraient saper la fragile stabilité du pays", demandent dans un communiqué commun deux ONG internationales spécialisées dans la résolution des situations de crise. L'International Crisis Group (ICG, dont le siège est à Bruxelles) et l'Institut international canadien négociation appliquée (CIIAN) ont adressé une lettre ouverte aux deux candidats cette semaine leur rappelant que toute contestation devait se régler devant la justice et non dans la rue. "De la même manière, nous appelons le parti vainqueur à agir de manière magnanime et par la réconciliation parce que quel que soit le résultat du scrutin, le nouveau président devra faire face à d'immenses défis qui dépassent les clivages politiques." Les anciennes rivalités ainsi que les interventions régulières de l'armée dans la vie politique bissau-guinéenne ont été aggravées par l'influence de puissants cartels de narcotrafiquants latino-américains qui se servent de ce pays, désormais surnommé "la Côte de la coke", comme tête de pont vers l'Europe. Les deux candidats qui ont tenu leurs derniers meetings de campagne vendredi ont promis la paix, la stabilité et la fin de l'impunité pour les narcotrafiquants liés aux autorités. La campagne avant le premier tour avait été marquée par les assassinats d'un candidat et d'une autre personnalité politique. "Plus personne ne sera assassiné en Guinée-Bissau si je remporte l'élection présidentielle", a promis Sanha devant ses partisans. "Je vais remporter ces élections pour changer les mentalités", a déclaré Yala. "En particulier pour mettre fin aux assassinats et aux tendances totalitaires du PAIGC." - Reuters