Après le coup d'Etat de la semaine dernière, la Guinée a été suspendue de l'Union africaine (UA) lundi, et ce "jusqu'à la restauration de l'ordre constitutionnel dans ce pays".
Cette décision a été annoncée à l'issue d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. L'Union africaine a expliqué qu'elle donnait six mois aux putschistes pour restorer "l'ordre constitutionnel", faute de quoi la Guinée s'exposera à des sanctions. "Nous n'accepterons pas que le coup d'Etat perdure en Guinée", a déclaré Patrick Sinyinza, président de l'UA. Après le décès de Lansana Conté, le 22 décembre, une junte a pris le pouvoir en Guinée-Conakry. Son chef, le capitaine Moussa Camara a promis d'organiser des élections dans deux ans, un projet que les putschistes veulent présenter aux délégations internationales invitées à venir les rencontrer mardi à Conakry. Les putschistes ont annoncé dimanche sur la radio publique que tous les généraux de l'ancien régime étaient dégradés. Selon la déclaration lue par le porte-parole des militaires au pouvoir, Nouhou Thiam, une vingtaine de chefs de l'armée, y compris ceux qui dirigeaient les forces terrestres, aériennes et maritimes, ainsi que les responsables de la force de sécurité, sont concernés. Aucun des généraux concernés n'a commenté cette annonce. La junte qui a revendiqué le coup d'Etat mardi dernier, après la mort du dictateur Lansana Conté, semble être en mesure de contrôler le pays, diffusant ses messages via la radio et la télévision publique, tenant des conférences de presse et organisant mardi prochain une rencontre avec des diplomates étrangers. Reste à savoir si le capitaine Moussa Camara, qui s'est auto-proclamé mercredi chef du gouvernement par intérim, est capable de contrôler la pléthore d'unités militaires créées durant les 24 ans de dictature de l'ancien président. Le statut de la garde présidentielle de Lansana Conté n'était pas clair lundi. Farouchement acquise à la cause de l'ancien président, elle est accusée par des membres de l'opposition et des organisations humanitaires internationales d'être responsable de l'exécution de dizaines de personnes durant une manifestation massive contre le régime, il y a deux ans. Dimanche, des soldats aux ordres des putschistes guinéens ont aussi encerclé la résidence d'un militaire de haut rang fidèle au pouvoir déchu, et fouillé sa maison à la recherche d'armes. AP