Les Ghanéens étaient appelés aux urnes dimanche à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle qui désignera un successeur au président sortant John Kufuor.
Le scrutin s'annonce serré entre Nana Akufo-Addo, candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), au pouvoir, et John Atta Mills, représentant du Congrès démocratique national (NDC) d'opposition. Dans la capitale Accra et à travers tout le pays, des files d'attente se sont formées à l'extérieur des écoles et des bâtiments publics transformés en bureaux de vote, sous l'oeil attentif de l'armée et de la police. Akufo-Addo est arrivé en tête du premier tour le 7 décembre, avec 49% des suffrages et un peu plus d'un point de pourcentage sur son rival, mais sous le seuil des 50% nécessaire pour l'emporter. La campagne électorale a été marquée par de rudes échanges verbaux et le NDC a protesté auprès des autorités électorales contre des irrégularités. Mais les observateurs internationaux ont salué un scrutin méthodique, libre et équitable, et un modèle de démocratie sur un continent marqué cette année par plusieurs débâcles électorales. Les commentateurs ne se hasardent pas à livrer un pronostic pour le second tour, soulignant toutefois que le taux de participation, qui a atteint 70% au premier tour, pourrait se révéler décisif. Quelque 12,4 millions de personnes, sur une population de 23 millions d'habitants, étaient appelés aux urnes pour désigner un successeur à John Kufuor, qui met fin à ses fonctions après deux mandats. ENJEU ÉCONOMIQUE Ce scrutin est considéré comme l'occasion de redonner une certaine crédibilité démocratique à l'Afrique après les violences post-électorales qui ont éclaté cette année au Kenya ou au Zimbabwe. À cela se sont ajoutés deux coups d'État, l'un en Mauritanie en août, l'autre en Guinée à la veille de Noël. L'enjeu du scrutin est aussi économique: le pays, deuxième producteur mondial de cacao derrière son voisin ivoirien, deuxième producteur d'or du continent après l'Afrique du Sud, se prépare à extraire du pétrole en quantités industrielles à partir de la fin 2010. Les analystes n'écartent pas certains risques à l'issue de l'élection. Le NPP a perdu sa majorité au parlement à l'issue des élections législatives qui se tenaient en même temps que le premier tour de la présidentielle. Deux des 230 sièges de l'Assemblée nationale restent à attribuer par la commission électorale mais le NCD détient déjà 114 sièges contre 108 au NPP. Le prochain président du Ghana, qu'il vienne des rangs de l'un ou l'autre parti, devra probablement faire face à une chambre difficile à contrôler, prédit Sebastian Spio-Garbrah, de l'institut Eurasia Group. La coopération post-électorale sur des questions de base comme le vote du budget ou la confirmation des ministres pourrait être entravée, ajoute-t-il. Sous la présidence de Kufuor, le pays a connu une période de forte croissance économique, de l'ordre de 5 à 6% par an, et Nana Akufo-Addo promet de maintenir cet élan, malgré les retombées de la crise financière internationale. Le gouvernement sortant a baissé les prix du carburant le 11 décembre dernier, se voyant accusé en retour par l'opposition de tenter d'acheter les voix des électeurs. - Reuters