Fleurs ou peluches déposées par les anonymes, drapeaux en berne sur les bâtiments officiels et recueillement à la télévision: les Russes rendaient hommage dimanche, journée de deuil national, aux victimes de l'écrasement du Sinaï, le pire ayant frappé leur pays.
«Je ne connaissais aucune victime, mais c'est une tragédie incommensurable... Je ne peux même pas imaginer ce que ressentent les proches», confie Sergueï Afanassiev, 26 ans, venu avec un ami se recueillir à l'aéroport Poulkovo de Saint-Pétersbourg, destination du vol de la compagnie charter Metrojet qui s'est écrasé 23 minutes après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh (Égypte).
Devant le terminal, roses et oeillets s'amoncellent sur un mémorial improvisé, apportés par des habitants de la région souvent les larmes aux yeux. Des bougies ont été allumées dans de petits pots de verre rouge.
La deuxième ville de Russie, ancienne capitale impériale, a été durement touchée par l'écrasement en Égypte, qui avec 224 morts constitue la pire catastrophe aérienne ayant frappé le pays. L'Airbus 321, affrété par un voyagiste, transportait surtout des touristes de la région qui revenaient de vacances au soleil.
«Quand j'ai appris ce qui s'est passé, je me suis mis à pleurer», raconte Galina Grigoriévna, 34 ans, venue avec sa fille de cinq ans avec fleurs et une peluche. «Vous vous rendez compte, les gens sont venus chercher leurs enfants, leurs petits-enfants, et ont appris qu'ils ne sont plus en vie».
Vladimir Poutine, qui n'est pas apparu publiquement depuis la catastrophe, a rapidement décrété un deuil national dimanche. Les drapeaux ont été mis en berne sur le Kremlin ou la Douma, à l'image de tous les bâtiments officiels.
La chaîne publique d'informations en continu, Rossiïa 24, interrompait régulièrement sa couverture avec des instants de silence, faisant défiler la liste des noms des victimes et des photos des victimes, tout sourire, visiblement prises pendant leurs vacances et affichées sur des réseaux sociaux.
Pour certains, il s'agissait des premières vacances de toute une vie ou d'un premier voyage à l'étranger et un couple était en lune de miel, précisait l'antenne.
Plusieurs enfants, dont un bébé de dix mois, ont perdu la vie dans l'écrasement dont les causes restent mystérieuses.
À l'annonce de l'écrasement, des questions se sont immédiatement posées concernant la compagnie Metrojet, qui appartient au transporteur Kogalymavia, la Russie ayant déjà connu ces dernières années plusieurs écrasements impliquant des appareils en fin de vie. Des perquisitions ont été menées dans ses locaux.
Le député Vladimir Goutenev a ainsi réclamé l'interdiction de tous les avions en exploitation depuis plus de 15 ans, contre 18 pour l'A321 qui s'est écrasé. Alexeï Pouchkov, qui préside la Commission des Affaires étrangères à la Douma, s'est interrogé sur la taille de la compagnie qui n'exploite que neuf appareils, relevant que la plupart des accidents avaient impliqué des transporteurs de taille modeste exploitant des vols nolisés.
Des représentants de Metrojet ont affirmé samedi soir que le pilote aux commandes de l'Airbus 321 était très expérimenté et qu'aucun dysfonctionnement n'avait été signalé lorsque l'avion a fait le plein de carburant avant le décollage.
«L'avion n'a pas subi de vérifications techniques, mais l'équipage a passé un test de santé et a été déclaré apte au vol», a déclaré Maïa Ivanova de la section du parquet régional chargée des transports.
Quatre Ukrainiens ont péri à bord de l'avion, a indiqué le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine. Malgré les tensions sans précédent entre Moscou et Kiev depuis l'annexion de la Crimée et l'insurrection prorusse dans l'est de l'Ukraine, plusieurs familles venaient dimanche déposaient des fleurs, bougies et peluches devant l'ambassade russe à Kiev. Un Bélarusse figure également parmi les victimes, selon les autorités russes. – AfricaLog avec agence