Le président sénégalais Abdoulaye Wade a appelé mercredi les Européens à renforcer leur aide à l'Afrique, faute de quoi le continent africain se tournera plutôt vers la Chine, l'Inde ou le Brésil pour se développer.
"L'Afrique veut bien coopérer avec l'Europe, mais si l'Europe se ferme de l'Afrique au moment où nous avons l'Inde, la Chine, le Brésil qui viennent nous offrir la même chose que l'Europe à des prix inférieurs et à des conditions extraordinaires de crédit sur 15 ou 20 ans, ça aussi ça fait partie des réalités économiques", a averti M. Wade. Il s'exprimait lors d'une conférence de presse sur le développement des transports en Afrique au siège de la Commission européenne. "L'Europe devient de moins en moins concurrentielle en ce qui concerne l'Afrique: je vous le dis franchement, je vous le dis sincèrement, je vous le dis amicalement, en espérant que vous réfléchirez à tout ca et que nous trouverons ensemble les moyens de renforcer la coopération entre l'Europe et l'Afrique", a-t-il ajouté. "Nous disons: trois ou quatre siècles de coopération ne doivent pas s'effacer comme cela, et nous restons attachés à la coopération entre l'Europe et l'Afrique. Il faut qu'on en discute et qu'on tienne compte des réalités économiques", a ajouté le président sénégalais. M. Wade, coordonnateur des questions d'infrastructures pour le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), a notamment reproché aux Européens de privilégier l'Afrique méditerranéenne, via l'Union pour la Méditerranée lancée en juillet 2008, par rapport à l'Afrique noire. "Notre grande inquiétude", a-t-il insisté, est que la création de l'Union pour la Méditerranée ait pour conséquence "d'isoler l'Afrique". "Nous ne resterons pas sans réagir à cette espèce d'enfermement" de l'Afrique noire, a-t-il averti, et cette dernière va "s'ouvrir à l'Amérique latine" et "à l'Inde" pour favoriser "une coopération Sud-Sud qui va nous permettre de nous développer". – AFP