Le «José Bové» camerounais et l’affaire des tracteurs détournés | Alog News | www.africalog.com
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Le «José Bové» camerounais et l’affaire des tracteurs détournés

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Motif : «Manifestation non dĂ©clarĂ©e sur la voie publique.» Il plaide coupable. «Oui, nous avons pris la rue.» Oui, il a protestĂ© le 10 dĂ©cembre aux cĂ´tĂ©s de militants de l’Association citoyenne pour la dĂ©fense des intĂ©rĂŞts collectifs. Oui, il a appelĂ© «à dĂ©noncer le dĂ©tournement de l’argent public». Bilan : une dizaine d’arrestations. Un passage Ă  tabac. Deux blessĂ©s graves.</p>\n<p>«Du beau monde». C’est que Bernard Njonga, 55 ans, corps sec comme un coup de trique et regard fier, est un rien zĂ©lĂ© dans son combat. Il n’aurait pas dĂ» prouver que plus de 60 % d’une aide de 1,8 million d’euros, promise en 2008 Ă  des paysans pour cultiver le maĂŻs, a fini dans les poches de caciques du ministère de l’Agriculture. Il n’aurait pas dĂ», aux yeux du pouvoir, enquĂŞter pendant quinze mois pour raconter que 49 des 60 tracteurs offerts par la coopĂ©ration indienne en 2007 trĂ´naient dans des arrière-cours d’élus de haut rang. «Hallucinant, rappelle le leader paysan. Que du beau monde, des ministres, d’anciens ministres, des dĂ©putĂ©s…» Son association a fait le compte : 32 tracteurs ont Ă©tĂ© «offerts» Ă  des ministres, 17 Ă  des dĂ©putĂ©s ou des responsables de l’administration et de l’armĂ©e. Les roues n’ont jamais foulĂ© la terre ocre camerounaise.</p>\n<p>Dommage. Dans un bel exemple, symbole du renouveau de la solidaritĂ© Sud-Sud, «New Delhi nous avait promis d’installer une chaĂ®ne de montage de tracteurs pour accĂ©lĂ©rer la mĂ©canisation de notre agriculture», rappelle Njonga. Mais la promesse est restĂ©e lettre morte. On peut comprendre l’Inde. Pas envie de retrouver l’usine en pièces dĂ©tachĂ©es sur les marchĂ©s de YaoundĂ©. «Un gâchis dĂ©sespĂ©rant. On marche sur la tĂŞte», en rirait presque ValĂ©ry Nodem, du RĂ©seau de lutte contre la faim. Surtout dans un pays qui vit Ă  70 % de son agriculture vivrière, mais qui, faute d’infrastructures, importe 450 millions d’euros de produits alimentaires. Et quand les prix flambent comme en 2008, le «gâchis» tue. Les Ă©meutes de la faim ont fait 40 morts.</p>\n<p>Le prix du maĂŻs s’est envolĂ©. La production a chutĂ©. «De 60 000 tonnes en 2008, le dĂ©ficit pour la consommation est estimĂ© Ă  120 000 tonnes pour 2009», rappelle Njonga. Et le pays, sorte de paradis de la biodiversitĂ© (malgrĂ© l’impact de la dĂ©forestation ou de l’extraction minière) aux nombreuses potentialitĂ©s agricoles (20 % des terres arables sont cultivĂ©es) se morfond dans le mal-dĂ©veloppement. «Un homme vous apporte sur un plateau un cas hallucinant de corruption, et le mec se fait tabasser, reprend un militant associatif. Du changement ? Des beaux discours, quelques ministres emprisonnĂ©s pour la photo, mais la volontĂ© politique n’existe pas. Il n’y a aucune rĂ©action du gouvernement Ă  ce pillage.» C’est Ă  peine si Paul Biya, despote au pouvoir depuis 1982, a demandĂ© Ă  la Commission nationale anticorruption de jeter un coup d’œil sur ce cas.</p>\n<p>Il y a du taf dans ce pays qui trĂ´ne en bonne place dans le palmarès de la corruption de Transparency International. Le Cameroun n’a rien d’un cas isolĂ©. L’Union africaine Ă©value le coĂ»t annuel de la corruption Ă  148 milliards de dollars (114 milliards d’euros) sur le continent, soit les produits intĂ©rieurs bruts cumulĂ©s du Cameroun, du Kenya et de la Tanzanie. «Au Cameroun, la corruption est un sport national pratiquĂ© Ă  haut niveau par les Ă©lites», note un expert. «Une prĂ©dation Ă  tous les niveaux», ajoute ValĂ©ry Nodem. Moins d’un quart des entreprises publiques ont rendu leurs comptes en 2007.</p>\n<p>«C’est dur, mais on avance Ă  pas de loup», dit Njonga. Il a dĂ©jĂ  dĂ©jouĂ© des pièges de l’impact de la libĂ©ralisation du commerce agricole. Adepte de la course Ă  pied, il avait lancĂ© une campagne en 2004 avec le relais d’ONG europĂ©ennes. Et jetĂ© les bases du succès du «poulet bicyclette» local contre le poulet congelĂ© importĂ© d’Europe, qui laminait les filières avicoles. «On avait perdu 110 000 emplois», rappelle-t-il. La mobilisation a contraint les autoritĂ©s Ă  taxer les importations. Puis Ă  leur suspension. Et Ă  l’abandon de firmes chinoises qui voulaient monter des usines clĂ©s en main au Cameroun. «On a mĂŞme rĂ©ussi Ă  pousser le gouvernement Ă  subventionner pour la première fois l’agriculture : 120 millions de francs CFA», soit 183 000 euros.</p>\n<p> Chatouille. Mais le pouvoir n’aime pas que la sociĂ©tĂ© civile s’émancipe trop et le chatouille sur ses turpitudes. D’oĂą le procès du «BovĂ© camerounais», comme le surnomme la presse. Lequel a reçu le soutien du BovĂ© made in France. Le leader de Via Campesina a atterri Ă  YaoundĂ© jeudi pour secourir son homologue. Faute de visa, il a fait demi-tour après trois heures, flinguant une «dĂ©cision politique».Njonga est plus philosophe : «Il n’y a pas de rĂ©volution Ă©conomique qui ne commence par une rĂ©volution des esprits.» - Liberation</p></span></p>\n', created = 1738450707, expire = 1738537107, headers = '', serialized = 0 WHERE cid = '2:7234573abb930a1c2cc8edf3e78117cd' in /home/africalo/public_html/includes/cache.inc on line 109.
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Jan 26, 2009

Un syndicaliste paysan est poursuivi pour avoir dénoncé la corruption. C'est une histoire qui fait peu de vagues en marge du flot d’actualités sur la crise. Une sorte de petit bréviaire de la mondialisation à l’échelle d’un continent - l’Afrique. Dans un pays - le Cameroun -, où entre chape de plomb politique et élite largement corrompue, une société civile émerge et tente de se frayer un chemin. «Pour faire valoir le droit de se développer, faire entendre l’idée de la souveraineté alimentaire, faire avancer la démocratie.» Ce sont les mots, et c’est l’histoire d’un agronome : Bernard Njonga, devenu syndicaliste paysan.

Njonga et cinq autres «prévenus» devaient comparaître vendredi devant le tribunal de première instance de Yaoundé avant que le procès ne soit repoussé au 13 février. Motif : «Manifestation non déclarée sur la voie publique.» Il plaide coupable. «Oui, nous avons pris la rue.» Oui, il a protesté le 10 décembre aux côtés de militants de l’Association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs. Oui, il a appelé «à dénoncer le détournement de l’argent public». Bilan : une dizaine d’arrestations. Un passage à tabac. Deux blessés graves.

«Du beau monde». C’est que Bernard Njonga, 55 ans, corps sec comme un coup de trique et regard fier, est un rien zélé dans son combat. Il n’aurait pas dû prouver que plus de 60 % d’une aide de 1,8 million d’euros, promise en 2008 à des paysans pour cultiver le maïs, a fini dans les poches de caciques du ministère de l’Agriculture. Il n’aurait pas dû, aux yeux du pouvoir, enquêter pendant quinze mois pour raconter que 49 des 60 tracteurs offerts par la coopération indienne en 2007 trônaient dans des arrière-cours d’élus de haut rang. «Hallucinant, rappelle le leader paysan. Que du beau monde, des ministres, d’anciens ministres, des députés…» Son association a fait le compte : 32 tracteurs ont été «offerts» à des ministres, 17 à des députés ou des responsables de l’administration et de l’armée. Les roues n’ont jamais foulé la terre ocre camerounaise.

Dommage. Dans un bel exemple, symbole du renouveau de la solidarité Sud-Sud, «New Delhi nous avait promis d’installer une chaîne de montage de tracteurs pour accélérer la mécanisation de notre agriculture», rappelle Njonga. Mais la promesse est restée lettre morte. On peut comprendre l’Inde. Pas envie de retrouver l’usine en pièces détachées sur les marchés de Yaoundé. «Un gâchis désespérant. On marche sur la tête», en rirait presque Valéry Nodem, du Réseau de lutte contre la faim. Surtout dans un pays qui vit à 70 % de son agriculture vivrière, mais qui, faute d’infrastructures, importe 450 millions d’euros de produits alimentaires. Et quand les prix flambent comme en 2008, le «gâchis» tue. Les émeutes de la faim ont fait 40 morts.

Le prix du maïs s’est envolé. La production a chuté. «De 60 000 tonnes en 2008, le déficit pour la consommation est estimé à 120 000 tonnes pour 2009», rappelle Njonga. Et le pays, sorte de paradis de la biodiversité (malgré l’impact de la déforestation ou de l’extraction minière) aux nombreuses potentialités agricoles (20 % des terres arables sont cultivées) se morfond dans le mal-développement. «Un homme vous apporte sur un plateau un cas hallucinant de corruption, et le mec se fait tabasser, reprend un militant associatif. Du changement ? Des beaux discours, quelques ministres emprisonnés pour la photo, mais la volonté politique n’existe pas. Il n’y a aucune réaction du gouvernement à ce pillage.» C’est à peine si Paul Biya, despote au pouvoir depuis 1982, a demandé à la Commission nationale anticorruption de jeter un coup d’œil sur ce cas.

Il y a du taf dans ce pays qui trône en bonne place dans le palmarès de la corruption de Transparency International. Le Cameroun n’a rien d’un cas isolé. L’Union africaine évalue le coût annuel de la corruption à 148 milliards de dollars (114 milliards d’euros) sur le continent, soit les produits intérieurs bruts cumulés du Cameroun, du Kenya et de la Tanzanie. «Au Cameroun, la corruption est un sport national pratiqué à haut niveau par les élites», note un expert. «Une prédation à tous les niveaux», ajoute Valéry Nodem. Moins d’un quart des entreprises publiques ont rendu leurs comptes en 2007.

«C’est dur, mais on avance à pas de loup», dit Njonga. Il a déjà déjoué des pièges de l’impact de la libéralisation du commerce agricole. Adepte de la course à pied, il avait lancé une campagne en 2004 avec le relais d’ONG européennes. Et jeté les bases du succès du «poulet bicyclette» local contre le poulet congelé importé d’Europe, qui laminait les filières avicoles. «On avait perdu 110 000 emplois», rappelle-t-il. La mobilisation a contraint les autorités à taxer les importations. Puis à leur suspension. Et à l’abandon de firmes chinoises qui voulaient monter des usines clés en main au Cameroun. «On a même réussi à pousser le gouvernement à subventionner pour la première fois l’agriculture : 120 millions de francs CFA», soit 183 000 euros.

Chatouille. Mais le pouvoir n’aime pas que la société civile s’émancipe trop et le chatouille sur ses turpitudes. D’où le procès du «Bové camerounais», comme le surnomme la presse. Lequel a reçu le soutien du Bové made in France. Le leader de Via Campesina a atterri à Yaoundé jeudi pour secourir son homologue. Faute de visa, il a fait demi-tour après trois heures, flinguant une «décision politique».Njonga est plus philosophe : «Il n’y a pas de révolution économique qui ne commence par une révolution des esprits.» - Liberation

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