Le Gabon était samedi dans la crainte de nouvelles émeutes après la défaite de son équipe de football (2-0) contre le Cameroun sous les yeux d'Ali Bongo, dont l'élection à la présidence contestée par ses rivaux a été saluée par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Président en exercice de l'Union africaine, Mouammar Kadhafi, a été un des premiers à féliciter Ali Bongo, déclaré élu avec 41,73% des voix à la présidentielle à tour unique du 30 août au Gabon. Il lui a apporté "son soutien" lors d'un entretien téléphonique, selon l'agence officielle Jana. A Paris, le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a affirmé que la France "travaillerait avec le président élu" au Gabon où l'annonce de la victoire d'Ali Bongo a été suivie de violences, dont certaines ont visé des intérêts français. "La France a toujours dit qu'elle travaillerait avec le président élu, elle l'a dit avant le scrutin, c'est ce qu'elle fera après le scrutin", a-t-il indiqué à l'AFP. Trois jours après l'annonce de sa victoire à la présidentielle, Ali Bongo, réputé fan de football, s'est rendu samedi après-midi à Libreville au stade Omar Bongo, du nom de son père décédé en juin après 41 ans au pouvoir. Il a quitté les lieux à la 80e minute, alors que la tension montait après les buts camerounais (65e et 68e minutes). "Ali, la poisse!" hurlaient certains spectateurs. "Déçu ou (pris de) peur? En tout cas, c'était plus prudent de partir", jugeait l'un d'eux tandis que des passants criaient: "On gaspille, on gaspille (on casse)", ou encore "Ca va être dangereux!". Des slogans xénophobes ont visé des Camerounais, où nombre d'entre-eux à Libreville sont chauffeurs de taxis: "Les Camerounais, on se retrouve au quartier" ou "Attention aux taxis". Avant la rencontre, Ali Bongo, portant le maillot de l'équipe nationale, une casquette des Panthères, n'a pas salué les équipes sur la pelouse, comme l'a fait le Premier ministre Paul Biyoghe Mba, légèrement sifflé. Les résultats de la présidentielle au Gabon "sont faux", ont réaffirmé samedi à Libreville plusieurs candidats malheureux au scrutin, dont l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame, classé deuxième. "Nous savons que les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur sont faux", a déclaré l'ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong, qui s'était désisté en faveur de M. Mba Obame. Depuis l'annonce des résultats, jeudi, des violences ont éclaté à Libreville et à Port-Gentil (ouest) - capitale pétrolière du pays - placée sous couvre-feu de 19H00 à 05H00 GMT), et où au moins deux personnes sont mortes. Joint par l'AFP, le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'il ne démentait pas ces deux morts, mais attendait des rapports officiels. La nuit de vendredi avait déjà été marquée par des violences. Un centre social de Total au sud de Port-Gentil, a été incendié et la compagnie a organisé un "repli temporaire" de ses salariés vers Libreville. Les compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Port-Gentil, inaccessible par voie terrestre. Le président en exercice de la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC, 10 pays), le Congolais Joseph Kabila a appelé les opposants contestant la victoire d'Ali Bongo à rester dans un cadre légal. En France, l'opposition socialiste a reproché au gouvernement français d'avoir pris parti. "Nous avons été le seul pays qui a considéré qu'Ali Bongo était élu, nous aurions mieux fait d'attendre les recours", a déclaré la dirigeante du Parti Socialiste (PS) Martine Aubry. - AFP