Le président nigérian Umaru Yar'Adua est décédé mercredi des suites d'une longue maladie. Il avait 58 ans. Le porte-parole de la présidence Olusegun Adeniyi a annoncé qu'Umaru Yar'Adua était décédé mercredi à 20h00 GMT à la villa présidentielle d'Aso Rock, avec sa femme Turai à son chevet. La présidence n'a pas indiqué les causes précises de sa mort.
Yar'Adua, qui était musulman et père de neuf enfants, sera enterré jeudi après-midi dans l'état de Katsina. Jeudi sera jour férié tandis que le pays observera sept jours de deuil national, ont annoncé les autorités.
A l'annonce de son décès, le pays est resté calme et aucune scène de violences n'a été déclarée. Depuis le 9 février dernier, Goodluck Jonathan a été officiellement désigné président par interim, après une longue vacance du pouvoir qui a menacé la stabilité de ce pays aux riches ressources pétrolières.
Selon la constitution nigériane, Jonathan devient officiellement président jusqu'à la tenue des prochaines élections, qui doivent se dérouler un an au maximum après la mort d'un président en exercice. Jonathan devra également nommer un vice-président, sujet à l'approbation du sénat.
Le président américain Barack Obama a fait part de sa tristesse, déplorant la mort "d'un dirigeant profondément intègre".
"Le président Yar'Adua a travaillé à la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique à travers son soutien aux efforts de paix et à une forte critique des actions antidémocratiques dans la région", a indiqué le président Obama dans un communiqué.
Yar'Adua, ancien professeur de chimie, est devenu président du Nigéria en 2007, dans un pays rongé par la corruption et les coups d'Etat. Mais ces élections de 2007 étaient également porteuses d'espoir: il s'agissait de la première fois dans l'Histoire du Nigéria qu'un civil succédait démocratiquement à un autre civil à la tête du pays, même si le vote a été entaché d'irrégularités et de fraudes. Cependant, dans un premier temps, Yar'Adua s'est attiré les faveurs de la communauté internationale en devenant le premier dirigeant de ce pays à déclarer publiquement ses biens.
Mais la lune de miel a été de courte durée car le nouveau dirigeant n'a pas pris les mesures nécessaires pour lutter contre la corruption.
Aussi, il a tenté de mettre une fin pacifique à l'insurrection dans la région pétrolière du delta du Niger. Ces violences ont conduit l'Angola à devenir le premier exportateur de brut du continent africain, devançant le Nigéria.
Ses efforts pour contribuer à la fin des violances ont été stoppés par ses problèmes de santé.
Yar'Adua a été transféré à un hôpital en Arabie Saoudite le 24 novembre dernier pour se soumettre à un traitement pour un problème que les autorités ont décrit comme un cas sévère de péricardite (inflammation du péricarde, membrane qui enveloppe le coeur et l'origine des gros vaisseaux).
Le président n'a pas pu transmettre formellement le pouvoir au vice président Goodluck Jonathan, entraînant une crise politique majeure dans ce pays le plus peuplé d'Afrique avec près de 150 millions d'habitants.
Le 9 février, Jonathan avait été désigné officiellement président par intérim après un vote de l'Assemblée nationale, tandis que Yar'Adua était toujours hospitalisé en Arabie Saoudite.
Les députés avaient laissé la possibilité que Yar'Adua revienne au pouvoir si son état de santé le permettait. Mais le président est rentré au Nigeria le 24 février dernier, sans jamais apparaître en public.
Son bilan à la tête du pays reste décevant: il n'est pas parvenu à réformer le système énergétique, le système électoral ou encore à apaiser les tensions entre les musulmans et les catholiques. AP