Pour la première fois depuis des décennies, un scrutin présidentiel n'est pas joué d'avance au Gabon. Deux mois après la mort d'Omar Bongo, décédé en juin après 41 ans de pouvoir sans partage, les Gabonais se rendaient aux urnes dimanche pour élire son successeur parmi 18 candidats, dont son propre fils, Ali Bongo Ondimba.
Les bureaux de vote ont ouvert à 8h (7h GMT) et devaient fermer leurs portes à 18h (17h GMT). Les résultats officiels doivent être rendus publics mercredi. Devant le bureau de vote installé dans l'école publique Kingulele de Libreville, la capitale, quelque 200 électeurs attendaient l'ouverture du scrutin tôt dimanche matin alors qu'un convoi militaire acheminait le matériel de vote. Dès 8h, le bureau a ouvert ses portes et les électeurs ont commencé à mettre leur bulletin dans l'urne. Ali Bongo Ondimba, 50 ans, fils aîné du président défunt, a dominé la campagne électorale grâce à d'importants moyens financiers qui lui ont permis de sillonner ce petit pays d'Afrique de l'Ouest à bord d'un jet privé pendant des semaines et de recouvrir la capitale, Libreville, d'affiches à son effigie. Ali Bongo Ondimba, ancien ministre de la Défense et candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pour principaux adversaires trois candidats de l'opposition: André Mba Obame, Pierre Mamboundou et Casimir Oye Mba. Trois jours avant le scrutin, André Mba Obame, ancien ministre de l'Intérieur et ex-membre du PDG passé dans l'opposition, a bénéficié du ralliement de cinq autres candidats indépendants autour de son nom, ce qui pourrait faire de lui un rival sérieux pour Ali Bongo. Figure de proue de l'opposition à Omar Bongo pendant une vingtaine d'années, à tel point qu'il fut un temps contraint à l'exil au Sénégal, Pierre Mamboundou est l'un des rares candidats à n'avoir aucun lien avec le régime Bongo. Il pourrait donc attirer les voix des partisans d'un changement radical par rapport aux 40 dernières années. Enfin, Casimir Oye Mba, ancien Premier ministre et adversaire d'Ali Bongo pour l'investiture du PDG, a quitté le parti après la victoire de son rival. Pour beaucoup, même si Ali Bongo est favori, le scrutin est ouvert. "C'est un moment historique. C'est la première fois depuis les années 1960 que l'on ne sait pas quel sera le résultat de l'élection. C'est également la première fois depuis les années 1960 que le nom 'Omar Bongo' n'apparaît pas sur les bulletins de vote", s'est félicité Anacle Bissielo, ministre du Développement et professeur de sociologie à l'université Omar Bongo de Libreville. Toutefois, les observateurs craignent que le mode de scrutin ne réduise la légitimité du futur président. Le vainqueur de l'élection de dimanche sera en effet élu à la majorité simple au premier tour et n'a donc pas besoin d'obtenir 50% des voix pour l'emporter. Avec 19 candidats en lice, il n'est pas impossible que le successeur d'Omar Bongo ne soit élu qu'avec 20% des voix, a prédit René Aboghe Ella, président de la Commission électorale. - AP