Au moins 34 personnes ont trouvé la mort depuis lundi à Antananarivo à la suite des pillages et émeutes qui ont secoué la ville en marge d'un grand rassemblement organisé par le maire de la capitale et dirigé contre le président malgache qui a lancé un appel au dialogue.
Mardi, alors que le président Marc Ravalomanana appelait au dialogue son principal opposant, Andry Rajoelina, le maire d'Antananarivo qui avait suspendu dans la matinée les manifestations, les secours malgaches ont découvert progressivement les victimes, essentiellement accidentelles, des pillages de la veille et de la nuit. Vingt-cinq corps calcinés et méconnaissables gisaient ainsi mardi après-midi dans les décombres d'une galerie commerciale incendiée la nuit précédente dans le centre de la capitale. "Il y a eu 25 morts calcinés. Ils ont été surpris par le feu et ont eu l'idée de prendre la fuite par l'autre côté de la rue. Mais il n'y avait pas d'issue", a déclaré à l'AFP le chef des sapeurs pompiers d'Antananarivo, Jaona Andrianaivo. Six autres cadavres ont été découverts dans une centrale d'achat du groupe agro-alimentaire Tiko du président malgache, dans le quartier de Tanjambato, dans le sud de la ville. Selon le porte-parole de la gendarmerie, ces victimes ont succombé "à des piétinements entre pillards et à cause de piles de sacs de riz qui se sont effondrées" sur elles. Par ailleurs, un prisonnier a été tué mardi et dix autres blessés lorsque les forces de l'ordre ont réprimé par balles un début de mutinerie dans la prison Antanimora, toujours dans la capitale. Trois agents de la prison ont aussi été blessés, selon une source pénitentiaire. Ces victimes, auxquelles s'ajoutent deux civils tués lors des émeutes lundi, dont un jeune homme par balle, portent à 34 le nombre de morts en deux jours à Antananarivo. "J'appelle à l'unité nationale et au dialogue", a lancé mardi après-midi Marc Ravalomanana sur les ondes de la radio privée Antsiva. "J'appelle la communauté internationale ainsi que les églises à tout faire pour que les deux parties se rapprochent", a-t-il déclaré, avant d'ajouter: "Si on y arrive, je promets que les troubles s'arrêteront rapidement". Mardi matin, le maire de la ville, qui dénonce depuis vendredi "une dictature" sur la Grande Ile de l'océan Indien, avait appelé à l'arrêt des manifestations après avoir rassemblé lundi plusieurs dizaines de milliers de partisans dans le centre de la capitale. "On suspend le mouvement aujourd'hui (mardi). Tout le monde reste à la maison", avait déclaré le maire, sur les ondes de la même radio. La situation est restée toutefois très tendue dans la capitale: des échauffourées ont opposé à plusieurs reprises des groupes de dizaines de personnes aux forces de l'ordre qui ont eu recours à des tirs de sommation en l'air. Un responsable de la gendarmerie a également fait état de pillages d'autres centrales d'achat du groupe Tiko dans plusieurs villes de province, dont Mahajanga (côte ouest) et Toamasina (ex-Tamatave - côte est). Lundi, des émeutiers avaient pillé et saccagé deux centrales d'achat ainsi que les locaux de sa télévision privée MBS. Les manifestants s'en étaient d'abord pris aux locaux de la radio nationale malgache, dans le centre-ville, qu'ils avaient saccagés et partiellement incendiés. Jeune entrepreneur, le maire entretient des rapports tendus avec le régime depuis son élection en indépendant en décembre 2007. Le bras de fer s'est envenimé depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de la télévision privée Viva, propriété du maire, qui avait diffusé une interview de l'ex-président Didier Ratsiraka. - AFP