Le Premier ministre français Manuel Valls a souhaité mardi un nouveau décompte des voix du scrutin présidentiel au Gabon, où des violences ont suivi l'annonce de la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba.
Il y a contestations et doutes. Les observateurs européens sur place ont émis des critiques sur la base de faits objectifs. La sagesse commanderait de faire un nouveau décompte des résultats, a-t-il déclaré sur la radio RTL.
Comme l'opposition, l'Union européenne et les Etats-Unis, la France, ancienne puissance coloniale, avait déjà demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon (environ 2.500) sans aller jusqu'à évoquer un recomptage des voix.
Ce nouveau décompte est en revanche réclamé par le candidat d'opposition Jean Ping, qui se déclare président élu et a lancé lundi un appel à une grève générale pour bloquer l'économie du pays.
De son côté, le pouvoir refuse tout recomptage en arguant que la loi électorale ne le prévoit pas et invite l'opposition à se tourner vers la Cour constitutionnelle.
Manuel Valls a par ailleurs demandé aux autorités gabonaises que tout soit fait pour retrouver une quinzaine de ressortissants français, souvent bi-nationaux, dont Paris est sans nouvelles depuis le début de la crise.
Anomalie dans les résultats
L'analyse des résultats définitifs révèle une évidente anomalie, a annoncé mardi la mission d'observation électorale de l'Union européenne dans une déclaration.
Une analyse portant sur le nombre de non-votants et des bulletins blancs et nuls révèle une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué, qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93% et a permis au président sortant Ali Bongo d'être réélu d'une courte tête, a indiqué l'observatrice en chef de l'UE, Mariya Gabriel.
Les observateurs ont été autorisés à assister aux annonces publiques des résultats provinciaux dans sept des neuf provinces, explique la mission européenne.
Les résultats n'ont pas été annoncés publiquement dans celle du Haut-Ogooué, fief ethnique du président Bongo où il a obtenu plus de 95% des suffrages, privant ainsi les parties prenantes de la transparence requise par la loi, ajoute Mme Gabriel.
L'intégrité des résultats provisoires dans cette province est (...) remise en cause alors que le taux de participation de 99,93% dans le Haut-Ogooué est nettement supérieur à ceux enregistrés dans les autres provinces, estimés en moyenne à 48%.
En outre, l'abstention observée dans une des quinze commissions électorales locales (du Haut-Ogooué) est à elle seule supérieure à l'abstention déclarée par la Commission électorale nationale (Cénap) pour l'ensemble de cette province, affirme la responsable.
Mariya Gabriel réitère son appel aux autorités gabonaises à publier les résultats bureau de vote par bureau de vote dans l'ensemble du pays, afin de faciliter un possible recours (devant la Cour constitutionnelle, ndlr) qui reste la voie pour résoudre, dans le respect de la loi, la crise de confiance dans les résultats.
Le score obtenu dans le Haut-Ogooué a permis au président Ali Bongo de remporter la victoire avec 49,80% sur l'ensemble des neuf provinces, contre 48,23% pour son rival Jean Ping, selon les résultats provisoires annoncés le 31 août par le ministre de l'Intérieur gabonais. Cela représente 5.594 voix d'avance sur quelque 628.000 inscrits. – AfricaLog avec agence